Le directeur de la protection légale des biens culturels du ministère de la culture, M. Mourad Betrouni, a animé à cette occasion une conférence axée sur «l'état de santé» de ce patrimoine et la stratégie des pouvoirs publics en matière de protection et de sécurisation de ces biens. L'année 2003, selon M.Mourad Betrouni, est importante en ce sens qu'elle a permis de boucler un arsenal juridique et réglementaire de protection du patrimoine avec la publication du décret d'application de la loi qui consacre une politique nationale de protection du patrimoine inscrite dans la planification territoriale jusqu'à l'horizon 2030. La patrimonialisation des référents identitaires et territoriaux, à travers la mise en place d'un schéma directeur des zones archéologiques, apporte donc une nouvelle vision de cette politique et stratégie qui a marqué la période 2003/2009 avec le lancement de l'opération de recensement et d'inventaire des biens culturels. «Cette opération est incontournable pour la mise en route d'une politique de protection de ces biens», a estimé le même responsable. Une fois le document de planification mis en place, des actions et opérations de protection, de conservation et de mise en valeur et de coopération internationale ont été lancées à l'image des plans permanents de protection des villes de Tipasa, de Cherchell et d'autres villes historiques, de création des secteurs sauvegardés, des réserves et parcs culturels. Le ministère de la Culture, a ajouté l'orateur, s'est également attelé à régler le déséquilibre régional constaté en matière de protection et de valorisation qui favorise la partie nord du pays en négligeant les 2 millions de km2 du Sud renfermant une richesse patrimoniale millénaire à travers les ksour, les Parcs du Tassili et de l'Ahhagar, sans oublier le patrimoine immatériel (traditions, musiques, fêtes locales à) qui constitue une autre richesse à sauvegarder. Une priorité a été accordée à ce patrimoine ancestral altérable étant donné son ancienneté (les ksour et villes historiques du sud du pays) et les parcs et peinture rupestres se trouvant à ciel ouvert et, par conséquent, menacés de disparition ne serait-ce que par l'effet des éléments naturels tels que le vent, le sable et le soleil et de l'homme à travers le vol et le trafic national et international des pièces du patrimoine. «En 2009, toutes les conventions internationales ont été signées par l'Algérie», a fait remarquer M. Betrouni, dont Unidroit, une convention relative aux biens volés ou illicitement exportés qui a mis en place un réseau de surveillance des trafiquants et de récupération des pièces volées. Une fois l'identification des biens culturels mobiliers, immobiliers et immatériels achevée, il restait à mettre en place une stratégie de récupération des biens volés qui touche, surtout, les objets archéologiques (pièces de monnaie, objets en silex, pierres taillées, fibules, bijoux, amphores, objets en céramique, vases funéraires etc.) et les œuvres d'art (peintures rupestres et sculptures et tableaux de maîtres), et ceux volés sur des sites préhistoriques se trouvant à ciel ouvert. Une cartographie des sites et monuments pour faire face aux catastrophes naturelles (séismes, inondations, incendies et autres conflit armés) reste à mettre en place pour compléter l'arsenal de protection à travers un plan d'urgence impliquant toutes les structures, à savoir l'ANP, la Gendarmerie, les Douanes la Protection civile et la Sûreté nationale. Cette coordination des efforts et l'implication de tous s'est manifestée par la création de 8 brigades centrales et régionales de lutte contre les atteintes au patrimoine avec les services de la Gendarmerie et de la Sûreté nationale, et peuvent être considérées comme étant les premières actions menées dans ce sens avec au programme une formation du personnel aux questions du patrimoine. Pour ce qui est de la coopération internationale, en plus du travail de coordination avec Interpol pour la recherche des pièces volées, une liste rouge des objets volés est ouverte au niveau de l'ICOM en Italie avec la collaboration de l'Unesco pour repérer les trafics et les trafiquants, et éventuellement restituer les pièces au pays d'origine. A Tipasa, une brigade de protection du patrimoine a été mise en place en 2008 qui a permis de récupérer 140 pièces volées qui ont été remises aux responsables du musée de la ville. Les services de la Sûreté nationale de Tipasa ont été impliqués dans la célébration de ce mois du patrimoine à travers la présentation du travail de la brigade mise en place à cet effet il y a deux ans. La célébration du mois du patrimoine, qui a débuté le 18 avril (Journée mondiale des monuments) pour se terminer le 18 mai (Journée mondiale des musées) est célébré cette année sous le thème «patrimoine, culture et identité».