Malgré la mise en place, par les délégués syndicaux, d'une cellule de crise, la situation reste la même. La direction générale de la SNTF ne s'est pas rapprochée de cette cellule pour essayer de trouver un terrain d'entente. Contacté par nos soins, un syndicaliste qui est aussi conducteur de train, sous couvert de l'anonymat, nous a affirmé que le secrétaire général chargé des conflits au niveau de l'UGTA, Achour Telli, a adressé, hier, une correspondance écrite au ministre des Transports, Amar Tou, dans laquelle il expose les difficultés rencontrées par les travailleurs de la SNTF pour engager des négociations sur la convention de branche, en mettant l'accent sur les perturbations que connaît cette entreprise stratégique depuis le renvoi aux calendes grecques des revendications socioprofessionnelles des cheminots et la non-application du SNMG à l'instar des autres entreprises nationales. Il a, dans la même lettre, sollicité le ministre des Transports d'intervenir, dans les plus brefs délais, afin de débloquer cette situation. De leur côté, les cheminots sont résolus à poursuivre leur protestation jusqu'à «l'augmentation de leurs salaires à l'instar de tous les travailleurs». Quelques initiateurs de la grève rencontrés à la gare d'Alger s'accordent à dire qu'ils ne comptent pas baisser les bras. Après trois jours de protestation, c'est le statu quo entre les deux parties. «Aucun compromis n'a été trouvé entre les deux syndicats des cheminots et la direction de la SNTF», selon Djamel Bechikhi, secrétaire général chargé de la communication à la Fédération nationale des cheminots (FNC). A la gare d'Alger les quais étaient déserts. Le trafic était quasiment paralysé et les habituels usagers de ce moyen de transport se sont rabattus sur les bus. Au niveau de la salle d'accueil, les guichets étaient fermés, alors que sur des bancs, une dizaine de personnes étaient visiblement irritées. Ceux qui étaient au courant de ce débrayage ont pris leurs précautions, mais d'autres l'ont appris une fois à la gare. La guerre des chiffres a commencé entre les délégués syndicaux et la direction générale de la SNTF. Un représentant des cheminots avance un taux de suivi de 95%, contrairement au chiffre avancé par Noureddine Dekhli, directeur des ressources humaines à la SNTF. «La grève a été suivie à 40% le premier jour. Le taux a atteint 54% au deuxième jour, mais la tendance est à la baisse pour cette troisième journée», a estimé M. Dekhli. Le secrétaire de la section syndicale de la gare d'Agha, Abdelhak Boumansour remet en cause cette estimation, en ajoutant, dans une déclaration rapportée par l'APS, que «les travailleurs ne demandent que l'application de la loi. «L'article 52 de la convention collective stipule que le salaire du cheminot ne peut être inférieur au SNMG, or, a-t-il précisé, il y a des ouvriers qui perçoivent un salaire de base de 12 000 DA.» Pour la direction de la SNTF, le mouvement de grève est «illigal» car il a été «décidé sans préavis et sans même l'aval de la Fédération nationale des cheminots, affiliée à l'Union générale des travailleurs algériens. Au sujet de l'augmentation des salaires, M. Dekhli a expliqué, lors de son dernier point de presse, que «l'entreprise connaît une situation financière difficile et se trouve dans l'incapacité, pour le moment, de satisfaire les revendications de ses 10 000 travailleurs en matière d'augmentation de salaires. Une déclaration rejetée par les cheminots qui affirment que la SNTF est une entreprise d'Etat, et c'est à l'Etat de l'aider financièrement comme il l'a fait avec les autres entreprises publiques.