Constituant à la fois un pôle industriel important à l'Est du pays et une zone touristique attrayante, Skikda tente davantage de retrouver une place parmi les destinations touristiques après de longues années du terrorisme qui ont engendré différentes formes de violence et de délinquance. Une fois la stratégie de lutte antiterroriste a réussi à annihiler la plus grande part du danger, la wilaya vit l'heure de la lutte contre toutes autres formes d'insécurité ayant profité de la décennie noire pour gagner du terrain et semer d'autres maux sociaux notamment parmi la population juvénile. Une tranche importante de la société étant victime à la fois d'un ennuyeux «héritage» des années 1990 et de plusieurs problèmes socioéconomiques notamment la pauvreté et le chômage d'où le recours à la «vengeance» via des comportements délinquants rendant leur vie encore plus difficile. En attendant que les besoins de la population locale soient entièrement pris en charge dans un programme de développement adéquat, les services de sécurité tentent de préserver les habitants de Skikda et ses hôtes de toutes les formes d'insécurité. En effet, gendarmerie et Sûreté nationales sont revenus à leurs missions traditionnelles de police judiciaire et de lutte contre la délinquance via de nouvelles stratégies décidées au niveau central dont le renforcement de l'occupation efficace du terrain et le recours aux opérations coup-de-poing afin de traquer davantage les noyaux durs de la criminalité. L'autre initiative qui semble gagner la confiance des citoyens et donner des résultats sans précédents est celle de combiner les forces et planifier des opérations mixtes sans limitation de secteur de compétence. A Skikda, ces interventions mixtes et simultanées ont permis de résoudre, selon le lieutenant-colonel Mahfoud Bouceka, commandant de groupement de gendarmerie de Skikda, et le commissaire principal Abdelhak Laâouamri, chef de Sûreté de wilaya, les affaires les plus compliquées en un temps record. Pour les deux responsables, les deux corps de sécurité ont toujours travaillé en parfaite coordination au service de la quiétude des Skikdis. Ces derniers, rencontrés au cours de la dernière opération combinée sur le long du splendide littoral prisé de nuit comme de jour, ont exprimé leur soulagement quant à ce genre d'initiative et surtout à la présence permanente des éléments des services de sécurité au centre-ville, sur les axes routiers, sur les plages, dans les forêts et même au niveau des endroits les plus isolés. Ils promettent, par conséquent, de coopérer davantage dans la lutte contre la criminalité afin de préserver leur ville de l'étiquette de région d'insécurité et pouvoir gagner leur vie à travers le tourisme. Les visiteurs de la wilaya ont témoigné, pour leur part, la beauté des lieux et la sécurité qui règne ces dernières années tout en souhaitant que la promotion touristique intéresse un peu plus les acteurs du secteur et des collectivités locales. En effet, malgré les paysages panoramiques et la nature luxuriante qu'offre Skikda, cette dernière reste loin des espérances des vacanciers suite au manque d'infrastructures hôtelières, de lieux de détente et de grands commerces. Un appel est lancé aux concernés pour valoriser les trésors non exploités que recèle Skikda. 42 personnes recherchées arrêtées en 36 heures En attendant que la population juvénile soit mieux prise en charge, les services de sécurité tentent de traquer davantage les délinquants et tout ce qui nuit à la quiétude des Skikdis. Dans une opération combinée Sûreté nationale-gendarmerie effectuée vendredi et samedi derniers dans toute la wilaya, plus de 1 000 hommes, 168 véhicules, 80 motocyclistes, six groupes cynophiles, quatre détecteurs d'explosifs et cinq appareils alcootest ont été déployés sur le terrain. Les groupes de gendarmes et policiers ont procédé à d'importantes descentes mixtes au centre-ville, à la gare routière, dans les cafés et les endroits publics, les parkings, dans des ateliers mécaniques, dans les forêts et sur toute la côte. L'intervention, qui a duré 36 heures, s'est soldée par, entre autres, l'identification de 400 véhicules et de 2 543 personnes dont 42 se sont avérées recherchées en vertu de mandats de justice. Il s'agit, également, de l'arrestation de 74 personnes dont 28 insoumis au service national, dix dans le cadre de l'exécution de mandats de justice, dix pour détention et consommation de stupéfiants, huit pour port d'armes blanches, dix pour ivresse publique, une personne pour détention de deux cartes d'identité nationale et un ressortissant chinois en situation irrégulière. Au cours de la même opération, les services de sécurité ont découvert dans un dépôt de déchets ferreux et non-ferreux dans la région de Zefzaf plus de six quintaux de cuivre extrait de câbles téléphoniques et électriques volés. A ce sujet, les entreprises nationales Algérie Télécom et la Sonelgaz seront appelées à se constituer partie civile dans cette affaire dans la mesure qu'elles sont victimes de vol de quantités importantes de câbles et que plusieurs plaintes ont été recensées dans ce sens, apprend-on du lieutenant-colonel Bouceka. La descente inopinée à Zefzaf rentre, également, dans la cadre de la lutte contre le vol et le trafic de véhicules, étant donné que cette région est réputée pour ses dizaines d'ateliers de mécanique et de tôlerie et pour être une destination de véhicules volés qui sont généralement démontés pour les vendre en pièces détachées sur place. Notre interlocuteur a indiqué qu'onze locaux commerciaux illicites ont été détruits l'année dernière et que les lieux subissent des contrôles permanents de la part des services de sécurité afin de prévenir toute activité illicite. Une universitaire membre d'un réseau de trafic de drogue Parmi les affaires importantes traitées par le groupement de gendarmerie de Skikda, le démantèlement en avril dernier d'un réseau national de trafic de stupéfiant allant de Maghnia (Tlemcen) vers l'extrême Est. Le réseau opérait principalement, selon les services de sécurité, au niveau de cinq wilayas, en l'occurrence Tlemcen, Oran, Khenchela, Batna et Skikda où le kif traité transitant sur le territoire national via les frontières algéro-marocaine était écoulé dans le marché de consommation dans plusieurs wilayas et tentait même de passer les frontières Est pour gagner la Tunisie. L'opération a été donc éventée dans la wilaya de Skikda d'où le lancement d'une enquête qui a permis la saisie 66 kg de kif traité et le démantèlement d'un réseau de trafic de drogue constitué d'un baron établi à Maghnia et cinq membres dont une femme. Cette dernière, qui s'occupait notamment des «affaires financières» et le transfert des fonds, est une licenciée en droit et a même obtenu le diplôme de Certificat d'aptitude à la profession d'avocat (Capa). Autrement dit, la délinquance et la criminalité ne semblent épargnées aucune tranche de la société, car il a été constaté que de plus en plus des femmes y sont impliquées. Pis encore, souvent des filles universitaires sont citées dans des affaires liées à la criminalité. Le phénomène mérite une étude spécifique en dehors de celle le liant au manque de postes d'emploi. Une jeune fille assassinée et brûlée dans la forêt de Filfila Il y a deux mois, les habitants de Skikda se sont réveillés sur un crime crapuleux dont a été victime une jeune fille de 29 ans dans la forêt de Filfila. La victime a été violée par trois criminels, étranglée et brûlée avant d'être transportée à un autre lieu et jetée dans un ravin en milieu de la forêt. Selon les services de sécurité, le 12 mai dernier un jeune berger s'est approché de la brigade de Filfila indiquant la présence d'un corps de sexe féminin dans la forêt. Ce dernier fut localisé et transféré dans état inidentifiable à la morgue avant de vérifier la liste des personnes déclarées disparues. L'enquête approfondie dans les milieux familiaux de trois jeunes filles disparues et l'autopsie faite sur le corps ainsi que les analyses ADN réalisées par l'Institut de criminologie et de criminalistique de Bouchaoui (Alger) ont permis d'identifier la victime en moins de 48 heures. Quelques heures supplémentaires dans l'enquête ont mené à l'arrestation de l'auteur principal sur un axe routier à bord du véhicule dans lequel le corps a été transporté. Le mis en cause, en possession des bijoux de la victime reconnus par sa famille, ne pouvait que passer aux aveux et dénoncer ses deux complices. Les criminels ont été présentés devant le procureur de la République et écroués alors que les gendarmes ont été félicités pour l'efficacité de leur intervention, l'aboutissement d'une enquête qui, au départ, était très compliquée et surtout pour le temps record consacré à la résolution du crime. De notre envoyée spéciale à Skikda,Radia Zerrouki