La région des Aurès, réputée être un endroit calme et paisible, semble avoir rompu avec la quiétude. La raison ? Ces derniers mois, il a été noté une recrudescence d'actes criminels de tout genre. Batna. De notre envoyé spécial Une situation qui a incité les forces de l'ordre à multiplier leurs opérations sur le terrain. Samedi, deux corps de sécurité, la Gendarmerie nationale et la sûreté nationale, ont jeté leur dévolu sur quatre régions de cette wilaya (Batna, Barika, Aïn Touta et N'gaous). Pour les besoins de l'opération, d'importants moyens humains et matériels ont été mobilisés : 279 hommes, 6 groupes cynophiles spécialisés dans la détention d'armes et de drogue, 95 véhicules utilisés dont 34 de la police et 20 motards. Vingt et une personnes, dont 11 recherchées, ont été arrêtées le jour même dans cette opération coup-de-poing. Les mis en cause ont été reconnus suite à l'identification de 519 personnes et 45 véhicules, dont 5 ont été saisis pour défaut de papiers. Au cours de ces interventions musclées - 11es du genre dans la wilaya -, les agents enquêteurs ont également interpellé 10 autres personnes pour détention et consommation de drogue, 4 pour le port d'armes blanches et 5 pour vente illicite de boissons alcoolisées. Par ailleurs, sur la base de renseignements, une perquisition dans un domicile à Barika s'est soldée par la saisie de 14 cartes grises, 3 procurations, 1 plaque d'immatriculation et 1 photocopie de permis de conduire. L'auteur de ce trafic n'a pas encore été arrêté et l'enquête suit son cours. Les éléments recueillis constituent de véritables indices quant à l'existence dans la région d'un trafic de véhicules. Surtout que cette saisie n'est pas une première dans la région, limitrophe aux wilayas de Tébessa et M'sila, réputées elles aussi pour abriter ce genre de trafics. A noter qu'au début de ce mois, les unités territoriales de la gendarmerie nationale ont traité une affaire liée au trafic de véhicules impliquant trois personnes. Hausse de la criminalité Les actions menées par les unités de commandement de la gendarmerie nationale ne manqueront pas de révéler une nette hausse de la criminalité sous ses différents aspects ces derniers mois. Le même corps, qui a procédé à ce jour à un total de 70 opérations coup-de-poing, dont 11 planifiées avec la sûreté nationale, a traité au cours du mois de décembre treize affaires où 39 personnes ont été arrêtées pour différents délits : quatre affaires pour association de malfaiteurs, deux pour trafic de monnaies et une pour trafic de véhicules. La gendarmerie nationale a également traité une affaire liée à la vente illicite de boissons alcoolisées et deux pour détention de kif. Lors de sa dernière opération, au mois de novembre, 8 personnes avaient été arrêtées pour différents délits. Le trafic d'armes, dont une affaire a été traitée récemment, ne cesse de susciter l'inquiétude des populations. Agissant sur la base de renseignements, les services de sécurité ont découvert un atelier de fabrication d'armes artisanales et arrêté 3 personnes. Six fusils de chasse et deux PA y ont été saisis. Cette affaire n'est pas la première du genre dans la région. En effet, le 3 novembre dernier, sur renseignements et en vertu d'un mandat de perquisition, les gendarmes de la Compagnie territoriale de Timgad ont interpellé un trafiquant d'armes et saisi à son domicile, sis au village agricole de Ouyoune El-Assafir, cinq PA et trente cartouches de différents calibres, trois fusils de chasse, dont un de fabrication artisanale, vingt-cinq canons de fusil, neuf crosses, quatre mécanismes de percussion, 1,5 kg de poudre et du matériel servant à la confection d'armes. L'activité de commerce illicite d'armes est surtout apparue ces dernières années dans les villes de Barika (Batna), Aïn Fakroun et Aïn M'lila (Oum El Bouaghi). En ce sens, il y a lieu de rappeler que ces wilayas s'étaient illustrées, durant la décennie noire, comme une véritable plaque tournante où les groupes terroristes s'approvisionnaient en armes. Cependant, dans les opérations déjà citées les armes saisies sont davantage destinées aux cérémonies, la région étant réputée pour ses traditions festives agrémentées de ‘'baroud'', selon le colonel Mustapha Lalmas, commandant du groupement de la gendarmerie de Batna. Quid des PA. En tout état de cause, la ville de Batna demeure le fief du trafic d'armes destinées au terrorisme ou à la contrebande. En effet, au vu de sa situation géographique, non loin des frontières est, cette ville a de tout temps été le théâtre d'importantes saisies d'armes. Il reste que les résultats de ces différentes actions sur le terrain démontrent l'efficacité et la rapidité dans leurs opérations des services de sécurité, usant des moyens les plus modernes, dont le système AFIS permettant d'identifier des personnes suspectes ou recherchées, ayant un passé pénal à travers un réseau d'information national. Ces résultats sont également le fruit d'un échange d'informations entre les deux services de sécurité qui travaillent désormais avec un partage de fichiers. « Nous travaillons dans une ambiance bon enfant entre les deux services, ce qui permet de traiter les affaires rapidement », dira le chef de sûreté de la wilaya de Batna.