Autrement dit, la situation s'est nettement améliorée par rapport à la décennie noire où les groupes terroristes hantaient les maquis de l'Est. Considérés comme étant la première ceinture sécuritaire du pays, les groupements de gardes-frontières ont pris une part importante dans le plan de développement de la Gendarmerie nationale mis en place depuis l'année 2006. Un plan d'urgence a été lancé au départ par la création de 154 postes frontaliers aux frontières ouest où la menace était plus importante, notamment en matière d'activité terroriste et de trafic de drogue. De son côté, la frontière Est a connu, durant de longues années, une activité inquiétante de contrebande via les wilayas de Tébessa, El-Tarf et Souk Ahras. En effet, le commandement de la Gendarmerie nationale a initié la réalisation de dizaines de postes frontaliers, permettant, ainsi, la réduction des distances entre les postes existants et le renforcement de la surveillance contre toutes les menaces sur la sécurité nationale. Intervenant à un point de presse tenu avant-hier au siège du groupement à Souk-Ahras, le lieutenant-colonel Mabrouk Fratsa, commandant du 18e GGF de Souk-Ahras et El-Tarf, a indiqué que la région, prise en charge actuellement par un seul groupement constitué de sept compagnies et 12 postes de contrôle sur une bande frontalière d'environ 190 km, verra en juillet prochain la mise en service, dans un premier lieu, de 15 nouveaux postes pour que le nombre total de ces postes frontaliers atteigne, en 2014, les 32 postes pour les deux wilayas avec la création, également, d'un nouveau groupement de gardes-frontières à El-Tarf. L'objectif, explique-t-on, est de faire face efficacement à l'activité de la contrebande qui saigne l'économie nationale et ce, en plus du renforcement de la sécurité contre d'éventuelles menaces pouvant intervenir via les frontières. Il s'agira, également, d'un renforcement en moyens humains et matériels, et en groupes cynophiles spécialisés dans la détection d'explosifs et de drogue «afin de maîtriser parfaitement la sécurité des frontières contre toutes les formes de criminalité», a affirmé le premier responsable des GGF entre Souk-Ahras et El-Tarf. La création d'un nouveau groupement au niveau de cette dernière wilaya permettra, explique pour sa part le colonel Abderrahmane Ayoub, responsable de la communication au commandement de la Gendarmerie nationale, de mieux maîtriser la situation sécuritaire. Actuellement, la surveillance des frontières est assurée par 12 postes de contrôle, des embuscades, des patrouilles pédestres et des survols périodiques d'hélicoptères. Les reliefs montagneux, l'autre obstacle des contrebandiers Bien que la bande frontalière avec la Tunisie s'étale sur 190 km de la wilaya d'El-Tarf à celle de Souk Ahras, l'activité des contrebandiers demeure insignifiante par rapport à celle enregistrée au niveau de la wilaya de Tébessa. Cette différence est expliquée, outre l'occupation permanente du terrain par les services de sécurité, par la difficulté des reliefs à Souk Ahras où la plupart des chemins empruntés par les contrebandiers sont impraticables pour les véhicules, d'où l'utilisation massive des baudets servant à transporter des quantités moins importantes de marchandises, notamment par la population habitant les deux côtés de la frontière. Rien que pour les quatre premiers mois de l'année en cours, 217 baudets, contre seulement deux véhicules et neuf motos, ont été saisis par les gardes-frontières transportant différentes marchandises destinées à la contrebande, notamment le carburant qui a atteint près de 44 000 litres ainsi que 1 150 cartouches de fusils de chasse, 4 596 kg de laine, 179 têtes de cheptel (22 contrebandiers arrêtés) en plus des 13 kg de corail saisis à El-Tarf en destination de la Tunisie. Il est à noter que les baudets ne servent pas seulement dans la contrebande de marchandise, mais sont aussi victimes de cette activité, à savoir qu'un nombre important est introduit par les contrebandiers vers la Tunisie afin de servir comme nourriture aux animaux des parcs zoologiques. Dans cette situation, la bête de somme devient un produit de luxe et peut coûter plus de 10 000 DA. D'autres marchandises sont concernées par la contrebande selon la demande sur les marchés algérien et tunisien en matière de produits alimentaires mais en quantités minimes par rapport à Tébessa. En termes de valeur, la marchandise saisie cette année est estimée à près d'un milliard de centimes contre trois milliards durant toute l'année 2009 et deux milliards en 2008, s'agissant essentiellement de saisies de carburant et de baudets. A noter, par ailleurs, qu'à l'approche de la saison estivale, les dispositifs de sécurité mis en place sont adaptés au flux de touristes partant et revenant de la Tunisie, notamment via le poste d'Oum-Teboul, à Souk Ahras, et celui de Lahdada, à El-Tarf. Neuf véhicules suspects dont 7 Peugeot 505 saisis en une journée L'autre forme de trafic constatée à Souk-Ahras à l'instar des autres wilayas de l'Est, est celui de véhicules volés de différentes régions du pays ou transitant par les frontières qui circulent avec de faux documents et de faux numéros de châssis. Loin des frontières, au cours d'une opération coup-de-poing planifiée les samedi et dimanche derniers, les éléments des brigades territoriales ont procédé à la saisie de neuf véhicules suspects dont une Renault 19, une Renault 21 et sept Peugeot 505 circulant avec des numéros de châssis modifiés. Sept de ces véhicules ont été constatés au carrefour Hammam Tassa reliant Souk-Ahras à la frontière tunisienne. A noter que la plupart des véhicules saisis et qui sont immatriculés dans différentes wilayas de l'Est, étaient des Peugeot 505. Un modèle fortement demandé dans ces régions et utilisé par les contrebandiers vu sa puissance, son grand réservoir de carburant et sa capacité de transport de différentes marchandises. Dans un point de presse tenu à quelques heures de la clôture de l'opération, le commandant de groupement de gendarmerie de Souk-Ahras, le lieutenant-colonel Abdelâaziz Touafek, a donné un bilan provisoire s'agissant essentiellement de l'identification de 882 personnes dont trois insoumis et un déserteur, et de 443 véhicules, dont les neuf déjà cités ainsi que la saisie de 12 armes blanches, et l'interpellation de 12 personnes en état d'ivresse. L'opération pour laquelle ont été mobilisés plus de 700 hommes, s'est, en effet, soldée par l'arrestation de 38 personnes et la saisie, entre autres, d'une quantité de détergents d'une valeur de 15 millions de centimes. Pour ce qui est de la situation sécuritaire à Souk-Ahras, le premier responsable de la gendarmerie dans la wilaya a souligné qu'il n'y a pas une criminalité importante, parce que la population locale est conservatrice et ne permet pas à la délinquance de gagner du terrain contrairement aux grandes villes. Cela n'a pas empêché certaines formes de criminalité d'exister dont quelques cas de consommation de drogue et des affaires de coups et blessures volontaires suite à des querelles, soit 24 cas enregistrés durant l'année en cours. A noter, également, que le port d'armes blanches chez la population juvénile dans cette région relève des coutumes ; plus de 50% des affaires traitées dans le cadre de la sécurité publique concernent ce phénomène. En effet, 56 armes blanches ont été saisies par les gendarmes durant les quatre premiers mois de l'année. 362 personnes ont été interpellées durant la même période dont 127 impliquées dans des atteintes contre les personnes, 39 contre les biens, 39 affaires de vol de cheptel, neuf affaires de faux et usage de faux, 16 affaires de trafic de véhicules et deux affaires de drogue, permettant la saisie sur la route de Sedrata, pour la première fois dans l'histoire de cette ville, de plus de 14 kg de kif traité. Par ailleurs, beaucoup moins qu'au niveau des frontières et qu'au niveau de Tébessa, 37 affaires de contrebande ont été constatées engendrant la saisie de 9 280 litres de carburant, 30 baudets, un camion, trois motos et 245 cartouches de fusils de chasse utilisées dans le cadre des traditions de la région. La valeur de la marchandise saisie est de 1,1 milliard de centimes. Près de 2 000 pièces archéologiques récupérées depuis 2007 Connue par sa richesse archéologique et culturelle, la région de l'Est a vu, depuis août 2007, la création de deux cellules de la gendarmerie spécialisées dans la protection de ce patrimoine. Constituées de gendarmes ayant reçu une formation en la matière, ces cellules assurent une coordination permanente entre les différents services affiliés à la police judiciaire et le ministère de la Culture. Intervenant à ce sujet, le sergent Khaled Rigui, de la cellule spécialisée de Souk-Ahras, a fait état de 29 affaires de contrebande de pièces archéologiques traitées entre Souk-Ahras, El-Tarf, Guelma, Oum El-Bouagui et Annaba depuis août 2007, permettant la récupération de près de 1 000 pièces archéologiques entre patrimoine et œuvres d'art contrefaites sans compter près de 1 000 autres pièces découvertes dans de nouveaux sites et dans des chantiers de construction. Durant l'année en cours, trois affaires de contrebande et commercialisation ont été constatées entre Tébessa, Souk-Ahras et Guelma, menant à l'arrestation de six personnes et la saisie de 33 pièces archéologiques en plus de 78 autres pièces découvertes dans de nouveaux sites et des chantiers de construction. A citer, également, six nouveaux sites découverts et classés dont deux à Tébessa, deux à Souk-Ahras, un à Khenchela et un à Guelma. L'année dernière, 12 affaires ont été traitées permettant l'arrestation de 45 personnes et la saisie de 650 pièces. En 2008, quatre affaires du genre ont été traitées menant à l'arrestation de sept malfaiteurs, la saisie de 253 pièces et la récupération de 570 autres découvertes. Durant les cinq derniers mois de l'année 2007, il s'est agi de deux affaires de saisie et dix autres de consultation de pièces découvertes. De notre envoyée spéciale à Souk-Ahras,