Au moment où tous les regards étaient tournés vers les maquis du Centre, le GSPC tentait de renforcer ses positions dans l'est du pays, à Constantine notamment. Pour faire face à la menace terroriste, de plus en plus persistante, de nouvelles mesures sécuritaires sont entrées, depuis le week-end dernier, en vigueur, dans tous les quartiers du centre ville, le Koudiat, notamment, où sont implantés le commissariat central, l'église protestante ou encore le centre culturel français. En effet, des sources concordantes ont révélé qu'un groupe terroriste a réussi à s'infiltrer dans la ville avec pour mission l'organisation d'attentats contre ces institutions. Les services de sécurité ont, de ce fait, mis en place un dispositif afin de contenir d'éventuelles menaces. Ainsi, tout véhicule circulant au-delà de 20 heures, dans le centre-ville, est soumis à un contrôle rigoureux. Les pièces d'identité sont systématiquement vérifiées. Ajouter à cela des descentes nocturnes dans les quartiers dits “sensibles” où la fouille au corps est de mise. Constantine risque-t-elle de renouer avec le cauchemar de la décennie antérieure à 1999 ? Deux hypothèses laissent penser à un retour des groupes islamistes armés dans cette région. La première, considérée par certains comme signe avant coureur, fut l'accrochage qui a opposé le 7 janvier dernier, les services de sécurité à un groupe terroriste à Djebel El-Ouahch, sur les hauteurs de la ville de Constantine. Un groupe qui, au moment où tous les regards étaient tournés vers les maquis de Boumerdès, Tizi Ouzou, Alger, Béjaïa, Tébessa, Batna, Biskra et El-Oued, a eu le temps de renforcer ses positions. Selon les observateurs de la scène sécuritaire, il s'agit d'une stratégie adoptée par l' “émir” Droukdel, de plus en plus acculé, dans le Centre, par les services de sécurité. Lors de l'accrochage qui a duré 6 jours, deux militaires dont un commandant et deux gardes communaux ont été tués. Les terroristes, eux, âgés de moins de 25 ans, probablement issus de la dernière vague de recrutement lancée par le GSPC au lendemain de son ralliement à Al-Qaïda ont, selon des sources locales, réussi à se replier vers les maquis de la wilaya limitrophe de Skikda. Une hypothèse qui, cependant, bute contre une réalité tout autre, puisque la ville de Constantine vit depuis au rythme des actes terroristes et autres attentats déjoués à l'inverse de celle de Skikda qui vit dans la quiétude. Autrement dit, le groupe est toujours à Constantine. La deuxième hypothèse est la recherche du GSPC d'actions spectaculaires qu'il n'a pas pu réaliser depuis les attentats du 11 décembre 2007. L'épisode d'une éventuelle visite présidentielle après les révélations d'un activiste armé arrêté deux une semaine auparavant. Quelques jours plus tard, c'est un autre terroriste qui sera arrêté dans le quartier de Bab El-Kantara apportant, lui aussi, des informations suscitant la mobilisation et la vigilance. Une semaine plus tard, les éléments de l'ANP déclenchent une vaste opération de ratissage, à Beni H'midène, où un groupe terroriste y aurait été localisé. C'est à partir du mois d'avril que la situation a pris une autre tournure, précisément le 21 du mois, lorsqu'un véhicule de police en mission de protection de VIP a été pris pour cible par un groupe terroriste près du siège des douanes. Les trois occupants du véhicule furent grièvement blessés. Moins d'une semaine plus tard, le même groupe, selon des sources concordantes, perpétra une attaque contre les éléments d'un barrage de la police au lieudit 4e km, sur la route reliant Constantine à Batna. Aucune victime n'a été déplorée, mais le message semble être bien reçu. Les services de sécurité viennent de passer à un stade supérieur dans la mobilisation. Constantine semble décidée à ne pas succomber à la psychose ni à revivre le calvaire des années 1990. Lynda Nacer