Les participants à une journée d'études sur le thème «Le médicament générique : de la conception à la dispensation» organisée hier à l'Université Mouloud-Mammeri de Tizi Ouzou, ont estimé que la promotion médicale de ce produit pharmaceutique de substitution au médicament innovant dit «d'origine» reste insuffisante. Considéré comme une priorité nationale de la politique de santé publique, visant à garantir l'accès aux soins à tous les citoyens, le générique continue de susciter, quant à son utilisation, des réticences, subjectives, que seules des campagnes d'information et de sensibilisation sont à même de vaincre, a indiqué le Dr K Mansouri du Laboratoire national de contrôle des produits pharmaceutiques (LNCPP). Contrairement à certains préjugés tenaces, le générique, au-delà des avantages économiques qu'il procure par rapport à la molécule mère (produit d'origine, ndlr), est, selon notre interlocuteur, défini comme étant un équivalent pharmaceutique du médicament de référence dit innovant, qui a subi des études pour démontrer son équivalence thérapeutiques et, de ce fait, devient interchangeable avec sa référence. Cette promotion, quand elle est effectuée, ne l'est pas souvent dans les normes car, a-t-il dit, quelquepart, celle-ci (promotion, ndlr) cache un achat de prescription de la part des multinationales de l'industrie pharmaceutique qui ne lésinent pas sur les moyens pour une promotion tous azimuts de leurs produits innovants à travers les avantages qu'ils offrent aux utilisateurs dont notamment les prescripteurs (médecins). Parmi les facteurs limitatifs de l'usage des médicaments génériques, le Dr Mansouri a cité les habitudes du patient au médicament de référence, les prescriptions favorisant la consommation du produit innovant et, enfin, le préjugé d'inefficacité thérapeutique (conception) du générique, imputée à la commercialisation à moindre coût par rapport au produit d'origine. Une baisse du coût expliquée, selon notre interlocuteur, par le fait que la fabrication de ce produit pharmaceutique (générique) de substitution, n'intègre pas les frais de la recherche supportés par le laboratoire concepteur dont le brevet de fabrication tombe dans le domaine public à l'expiration du délai de la licence de fabrication soit 10 ans, 20, voire plus. «Qu'importe l'emballage du médicament et le pays d'origine, l'essentiel est que le générique ait la même efficacité thérapeutique pour soigner et soulager le mal pour lequel il est prescrit, a-t-il souligné. Du reste le Dr Mansouri a assuré que la qualité du générique est garantie par la loi qui veille au strict respect des normes de conformité à la production et à la commercialisation aussi bien des produits pharmaceutiques génériques que ceux dits innovants (princeps). Chaque lot de médicament produit ou importé est systématiquement contrôlé et peut-être à tout moment retiré du circuit de distribution car il s'agit de préserver la santé publique et on a pas le droit à l'erreur, a-t-il poursuivi. A cet égard, il a mis en évidence le rôle incombant au réseau national de pharmacovigilance regroupant l'ensemble des intervenants dans le marché du médicament (médecins et pharmaciens, notamment) en matière de collecte d'informations sur tout médicament qui présenterait des effets inattendus. Enfin, le Dr Nouas, directeur général de l'unité Biotic du groupe Saidal, a estimé pour sa part, que le droit de substitution du générique à l'innovant prescrit par le médecin, reste méconnu pour le pharmacien. Pour pallier cette situation, il a suggéré de dispenser une formation de qualité supérieure pour aider le pharmacien à jouer son rôle d'acteur incontournable dans la maîtrise du coût de la santé, de remplir sa tâche de professionnel de la santé et non pas, celle «de vendeur de médicament», qualificatif souvent utilisé par certains. «La pharmacie est un espace-santé et non un magasin», a-t-il conclu.