Le dramaturge Omar Fetmouche a estimé, dans son appréciation de la production théâtrale nationale, que le quatrième art en Algérie «demeure à l'état embryonnaire, faute d'un marché de spectacles'. ‘Pour instituer un théâtre national et conforter notre expérience, encore à l'état de balbutiement, nous devons úuvrer à l'émergence de critiques dramaturgiques, inexistants actuellement', a soutenu M. Fetmouche, directeur du Théâtre régional de Béjaïa, dans une communication intitulée «les critiques dramatiques» qu'il a présentée au séminaire technique sur l'écriture dramaturgique, abrité les 30 et 31 mai par la maison de la culture de Tizi-Ouzou. Dans une rétrospective sur l'art scénique, ce dramaturge a rappelé que ‘les pays de traditionthéâtrale comme la France ou l'Angleterre, ont mis plus d'un siècle et demi, pour transformer cet art en spectacle'. L'histoire du théâtre, qui a fleuri notamment au XIXe siècle «nous montre, selon lui, le critique dramaturgique jouant un rôle prépondérant dans l'émancipation de l'art de la représentation scénique». Explicitant ce rôle, il a relevé que «le sort d'une pièce présentée en Générale devant un cercle limité de connaisseurs, dépendait grandement de l'appréciation du critique. C'est sur son avis, selon qu'il soit favorable ou non, que le public se décide de voir ou de ne pas voir la pièce. En somme, un avis très déterminant, en ce sens qu'il permet au théâtre, en tant qu'institution, d'engranger des recettes de spectacles ou de déclarer faillite». M. Fetmouche a, à cet effet, déploré l'absence en Algérie de «ce chirurgien d'œuvres théâtrales, pour établir son diagnostic sur ce qui se fait dans le domaine et conseiller les dramaturges sur ce qui ne va pas dans leur travail, pour leur permettre d'aller de l'avant». «Critiquer une œuvre artistique d'une manière générale, et de la pièce théâtrale en particulier, c'est émettre un avis de connaisseur sur l'importance ou non importance de celle-ci, tout en s'abstenant d'une prise de position dictée par des considérations subjectives, car le seul juge habilité en la matière est le public à qui est destiné le produit', a-t-il soutenu. Pour remédier à l'absence de critiques dramaturgiques au niveau national, le directeur du TR Béjaïa suggère, entre autres, de dispenser cette spécialité au niveau de l'université, d'écoles et d'Instituts d'arts dramatiques, en suivant en cela l'exemple de l'université d'Oran où cette spécialité est enseignée au département de littérature, a-t-il relevé, tout en souhaitant l'avènement d'une «presse spécialisée dans la critique dramaturgique, au lieu et place de journalistes généralistes versés, par défaut, dans ce créneau». Il a aussi mis en évidence l'importance de la documentation spécialisée dans la promotion de la culture théâtrale, en invitant les professionnels et/ou amateurs du 4e art à «se rapprocher du Centre de documentation du Théâtre régional de Béjaïa pour la consultation de quelque 600 divers documents, dont des scénarios de pièces, en vue d'en faire des photocopies'.