Les négociations continuent, mais les éléments tangibles manquent encore sur le sort des deux journalistes de France 3, Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier, détenus en otage avec leurs trois accompagnateurs dans la vallée de la Kapisa, en Afghanistan. Le 29 juin, cela fera six mois qu'ils sont détenus par un groupe de talibans. Anticipant cet «anniversaire», le ministre de la défense, Hervé Morin, et Patrick de Carolis, président de France Télévisions, sont venus mardi 22 juin à Kaboul pour tenter d'obtenir des nouvelles. La visite, rapide, par une chaleur de 30 degrés, n'a pas eu de résultats très probants. Hamid Karzaï, le président afghan, a annulé la rencontre qui avait été prévue. «Nous attendons une preuve de vie directe, c'est-à-dire une vidéo», a reconnu Hervé Morin qui, comme Patrick de Carolis, s'est entretenu avec la DGSE et les Renseignements militaires sur place. Ces deux services dépendent en partie des informations recueillies par les services afghans. Mais depuis la dernière vidéo envoyée par les talibans, dans laquelle Hervé Ghesquière et Stéphane Taponier demandaient l'ouverture de négociations en évoquant les menaces pesant sur leur vie, les autorités françaises n'ont eu que des preuves indirectes, selon M. Morin, de la vie des deux journalistes de France 3. «Nous avons des témoignages qui nous permettent de penser qu'ils sont en vie et qu'ils se déplacent dans la vallée», a expliqué le ministre français. De son côté, M. de Carolis a affirmé «que la négociation continue. C'est le même canal. Et, aux yeux de la DGSE, les échanges s'intensifient». «Mais le temps en Afghanistan n'est pas le même qu'en Europe», a-t-il souligné. Les négociations entamées depuis maintenant cinq mois portaient jusqu'alors sur la libération de plus d'une vingtaine de prisonniers afghans en échange des deux journalistes. Lundi, M. Karzaï a justement libéré huit prisonniers et les autorités américaines dix-huit des leurs, pouvant laisser supposer un lien avec le sort des deux otages. Hervé Morin a cependant écarté cette hypothèse, affirmant que «les libérations de prisonniers qui ont eu lieu lundi n'ont rien à voir avec les exigences des ravisseurs».