Dans un entretien accordé à la Chaîne 3 de la Radio nationale dont il était l'invité de la rédaction, Hafidh Aourag, directeur général de la recherche scientifique au ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique (MESRS), a évoqué les problèmes à l'origine du retard de livraison du panneau photovoltaïque et du laser, mis au point dans les laboratoires algériens, qui devaient être prêts fin mai dernier. Il s'agit d'un problème de logistique, dit-il, les équipements sont en dormance au niveau des Douanes. Il faut un couloir vert pour les équipements destinés à la recherche, lance M. Aourag qui fait état de promesses de l'administration des Douanes, «mais on ne voit rien venir», ajoute-t-il. Les pertes financières sont énormes, fait-il constater, le chercheur ne fait rien en attendant son équipement. Il confirme que l'Algérie fabriquera ses lasers et n'en importera plus, idem pour les panneaux photovoltaïques appelés à connaître un grand usage dans le cadre du développement de l'énergie solaire. Un programme de construction de plateformes technologiques (robotique, extraction de produits naturels, lasers,…) a été mis en place, annonce-t-il. Selon M. Aourag qui se réfère à une étude de l'Unesco, l'Algérie devient un pays émergent dans le domaine de la recherche scientifique, bien placé au niveau africain. Pour les publications, le taux de croissance est plus important en Algérie qu'en France ou en Espagne, fait-il remarquer. En 2002, il y avait 9 000 publications, en 2010, il y en a 25 000, fait-il savoir. Concernant les ressources humaines, c'est-à-dire les chercheurs, elles doivent être valorisées, souligne M. Aourag. Il souhaite que la prime de contractualisation – qui est en négociation, précise-t-il – soit opérationnelle avant le lancement des programmes nationaux de recherche. Il demande également que les centres de recherche qui dépendent d'autres ministères que le MESRS relèvent de la direction générale de la recherche scientifique. «Nous avons des entraves pour la gestion des centres de recherche», dit-il. Il n'y a pas de problème de financement, les enveloppes financières données aux laboratoires sont conséquentes, mais il y a un problème de gestion, affirme M. Aourag qui estime qu'il faut donner une autonomie au directeur du laboratoire pour qu'il soit ordonnateur. M. Aourag a souligné le rôle de l'ingénieur de recherche qui sera la passerelle, dit-il, entre le monde industriel et celui de la recherche. Un chercheur doit avoir l'esprit d'innovation ; pour transformer cette innovation en produit utile, c'est le rôle de l'ingénieur, fait-il observer. Il y aura, ajoute-t-il, la liaison entre la recherche scientifique te le développement technologique en fonction des besoins du pays. On met en place des centres d'innovation et de transfert de technologie. Il est prévu, dit-il, 3 000 recrutements en 2012 entre chercheurs et ingénieurs de recherche. Ils auront une formation en fonction de leur emploi de recherche. M. Aourag donne une bonne nouvelle, en conclusion de son entretien : les chercheurs installés à l'étranger reviennent. Il cite le cas d'un professeur en biotechnologie, installé aux Etats-Unis, qui va s'installer à Constantine. L'apport de ces chercheurs résidents à l'étranger est réel. Un millier se sont inscrits à la direction générale de la recherche scientifique et travaillent avec elle, dit-il.