Moins d'une semaine après les agressions et les cambriolages d'appartements et de locaux commerciaux, les policiers ont investi la cité Kouba et la place d'Armes. Sous la houlette du commissaire principal Zeghadnia Mohamed Salah, patron de la police judiciaire, les policiers ont effectué une descente dans le milieu des malfrats qui tiennent sous leur emprise ces deux quartiers devenus inaccessibles aux représentants de la loi. A l'interpellation d'une cinquantaine d'entre eux s'ensuivra l'identification des 12 auteurs d'attaques à mains armées, d'agressions et de violences, de vols, de violations de domiciles, de trafics de drogue et d'incitation de mineures à la débauche. Au moment de leur arrestation, plusieurs étaient armés d'épée, de sabre, de couteau de boucher et à cran d'arrêt et de haches. Ils écumaient la vieille ville, le cours de la Révolution et ses alentours, Kouba, Gassiot, Menadia, Beauséjour, baie des Corailleurs, Mont-Plaisant, leurs lieux de prédilection pour accomplir leurs méfaits. Sans foi ni loi, ils étaient encouragés par l'indifférence, voire la lâcheté des passants et des voisins. Les 12 malfrats n'hésitaient pas à s'attaquer en plein jour, au vu et de tout le monde, aux pères et mères de famille et aux jeunes filles qui ont eu le malheur de les rencontrer. Kanone est le surnom dont s'est affublé le chef de la bande de Kouba composée de 4 individus connus des services de sécurité et de la justice. Ils avaient pris possession de la ville et des quartiers huppés où ils avaient tissé leur réseau de renseignements sur les habitudes des habitants dont les appartements ou villas étaient ciblés pour être cambriolés, même occupés. C'est la même stratégie de renseignements que les policiers semblent avoir mis en application pour les appréhender. A la vieille ville notamment, un vaste dédale de rues et ruelles souvent glauques où les «planques» des recherchés par la loi succèdent aux recoins des drogués et des criminels, où les couloirs des bâtisses menaçant ruine sont autant d'itinéraires de fuite. Préalablement à l'opération d'interpellation et d'arrestation, les policiers avaient programmé plusieurs descentes. La guerre contre les repris de justice et les délinquants était ainsi engagée au début de ce mois de juin dans la commune du chef-lieu de wilaya. Chaque jour, à Kouba, à M'Haffeur, à la baie des Corailleurs, à la vieille ville, au Caroubier, le scénario du harcèlement se reproduisait inlassablement. La lâcheté de ceux qui se mettaient à plusieurs armés de couteau et de sabre pour agresser, tabasser jusqu'à laisser pour mort leur victime souvent une mère ou un père de famille, une jeune fille ou un jeune étranger à la ville, avait atteint la démesure. Comme des pleutres, ils sont descendus dans les caves des bâtiments de la cité Kouba où les ruines de la vieille ville sont hantées par les rats. Le harcèlement des policiers a apporté ses fruits jeudi dernier où les deux bandes, chacune de son côté, avaient cru que, comme de tradition, les éléments de la police judiciaire, fatigués de les rechercher, avaient laissé tomber. Et c'est sur les lieux mêmes où ils avaient l'habitude de se réunir pour raconter à d'autres délinquants leurs méfaits que ces malfrats seront pris. Ils avaient bien piètre mine devant le magistrat qui les interrogeait sur les actes qu'ils avaient commis et devant lequel ils n'ont pas hésité à balancer des acolytes activement recherchés. A l'issue de leur audition et leurs aveux, les 12 malfrats ont été placés sous mandat de dépôt. Il reste que sur le cours de la Révolution et dans les rues adjacentes, quelques délinquants spécialisés dans le vol de portables et les agressions de jeunes filles continuent toujours de sévir pour se réfugier dans les bas-fonds de ce vieux quartier d'histoires et à histoires.