, Hier dimanche, s'est tenu le procès en appel des 33 personnes initialement condamnées par le tribunal correctionnel d'El Hadjar à des peines de prison ferme variant de 2 à 8 ans. Il a été retenu à leur encontre des atteintes aux symboles de la République, destructions de biens publics et privés, outrage à corps constitués, troubles à l'ordre public qu'ils auraient commis lors des émeutes du 19 au 21 juin dernier. Ils comparaissent dans le cadre d'un jugement en 2e instance devant la Cour d'appel d'Annaba auprès de laquelle ils ont introduit un recours en cassation de leur condamnation. D'où le grand-remue ménage qui a prévalu tout au long de la journée d'hier dans et à l'extérieur du siège de cette institution de justice. Un dispositif de sécurité renforcé a été mis en place pour faire face à toutes les éventualités résultant du regroupement de plusieurs dizaines de parents et proches des accusés. Tôt le matin, ces derniers avaient pris possession des abords de la Cour d'appel. L'inquiétude était visible sur tous les visages et dans les discussions quant au verdict final qui devait sanctionner ce procès qui a démarré en début d'après midi. «Nous prendrons le temps qu'il faudra pour juger en toute sérénité les accusés impliqués dans les émeutes de juin 2010», a été la première décision prise par le président de la Cour d'appel, assisté de 2 assesseurs. Ils avaient été exprimés pour calmer l'impatience de la trentaine d'avocats de la défense informés que les émeutiers seront jugés en fin de matinée. C'est donc en début d'après-midi que les 33 émeutiers seront appelés à s'asseoir dans le box des accusés. Dans le groupe figure un handicapé mental. Ils seront auditionnés l'un après l'autre pour répondre de leur participation réelle ou supposée aux émeutes qui, à partir du 19 juin et durant 3 jours, avaient totalement isolé la cité Sidi-Salem (commune d'El Bouni, banlieue de Annaba) forte d'une population de 50 000 habitants majoritairement démunis. Initialement prévus pour être des regroupements visant à alerter les autorités locales sur la situation d'habitation précaire qu'ils vivaient dans des masures héritées de la sinistre SAS coloniale, la situation a rapidement viré à l'émeute. En effet, à la vue des éléments de la brigade anti-émeute appelés en renfort, les manifestants ont aussitôt érigé des barricades composées d'objets hétéroclites et pneus incendiés. Ils se sont ensuite dirigés vers l'annexe communale et l'agence postale qu'ils ont incendiées avant de tenter de saccager le siège du commissariat. D'autres, mus par on ne sait quel objectif ont déployé un grand drapeau français et crié des slogans contre le pouvoir. Des sources policières avaient même affirmé qu'un autre groupe d'émeutiers avait brûlé l'emblème national. Ce dernier fait a été formellement démenti par les concernés eux-mêmes et par leurs parents qui ont fait état de leur patriotisme et du nombre de chahids de leurs familles, morts pour l'indépendance du pays. A l'issue des trois jours de troubles, il a été dénombré plusieurs dizaines de blessés dont 33 policiers atteints par des projectiles lancés par les émeutiers. Des personnes âgées, des femmes et des enfants seront également évacués vers les hôpitaux car ayant été incommodées par le gaz lacrymogène. Toutes ces données ont été passées en revue au fil des auditions à la barre des accusés et des témoins. Ces auditions se poursuivent toujours dans ce procès qui risque de s'achever tard dans la nuit par une mise en délibéré du verdict. Du côté des avocats, on affirme au vu de récents procès similaires d'émeutiers de Chaïba, Berrahal et Bouhamra, qu'à de rares expressions près, les peines prononcées en première instance devraient être confirmées. Un avis qui justifierait les appréhensions des uns et des autres, parents et proches des condamnés estimant que dans le lot des condamnés, bon nombre n'ont rien à voir avec les émeutes et les émeutiers et que leur condamnation serait une injustice. Alors que les commerçants de cette cité menacent de fermer boutique pour une grève générale illimitée, plusieurs de ces parents et proches ont menacé de recourir à la grève de la faim pour faire entendre leur voix.