Après la Russie, l'Ukraine, un des plus gros exportateurs mondiaux de céréales et frappée par la canicule, prévoit de restreindre ses exportations de ces produits à 3,5 millions de tonnes d'ici à la fin de l'année, a annoncé mardi 17 août le ministre de la Politique agraire Mykola Pryssiajniouk. "Nous proposons de permettre d'exporter 2,5 millions de tonnes d'ici à la fin de l'année" ainsi qu'un million de tonnes de céréales se trouvant déjà dans les ports ukrainiens, a précisé le ministre. La question concernant les quotas doit être examinée mercredi au conseil des ministres avec les marchands de céréales, a précisé le ministre. Cette mesure devrait entrer en vigueur le 1er septembre, a-t-il ajouté. L'Ukraine, premier fournisseur mondial d'orge et sixième de blé, avait exporté plus de 21 millions de tonnes de céréales entre juillet 2009 et juin 2010. Soutenu par les mauvaises récoltes qui se préparent en Russie, mais aussi dans certains pays d'Asie et en Amérique du nord, le prix du blé monte en flèche, dopé par la spéculation. La Fao tente de rassurer le marché, mais les pays pauvres risquent bien d'être encore les grands perdants de cette tendance inflationniste. L'embargo sur les exportations de céréales russes qui est entré en vigueur le 15 août n'est pas venu arrangé la donne. Le prix du blé pourrait bien poursuivre son ascension face aux mauvaises récoltes prévues pour 2010, sous l'effet de la canicule, des inondations et autres dérèglements climatiques. En Russie, l'un des plus importants producteurs mondiaux, près d'un quart des cultures de céréales devraient être perdues à cause de la sécheresse et de la forte chaleur, selon le président russe Dmitri Medvedev. L'état d'urgence a été décrété dans 27 régions agricoles. Et le Kazakhstan et l'Ukraine, également gros exportateurs, ne sont pas en meilleures situations. Conséquence : les prix internationaux du blé ont bondi de plus de 50 % en quelques semaines. Face aux pressions inflationnistes, la FAO tente de calmer le secteur. " Le marché mondial du blé reste nettement plus équilibré que lors de la crise alimentaire mondiale en 2007/08, et les craintes d'une nouvelle crise alimentaire mondiale ne sont pas justifiées à ce stade ", explique l'organisation des Nations unies pour l'alimentation et l'agriculture. Selon la FAO, les stocks mondiaux ont été suffisamment reconstitués, après deux années consécutives de récoltes record, pour couvrir le déficit prévu de la production actuelle. " Plus important encore, les stocks détenus par les exportateurs traditionnels de blé - la principale protection contre des événements imprévus - restent élevés ". Mais les chiffres sont plutôt moroses. En quelques semaines, la FAO a dû revoir à la baisse ses prévisions de production mondiale de blé pour 2010, passant de 651 millions de tonnes, contre 676 millions annoncées en juin.