Alors que seule une poignée de sociétés de l'indice Standard & Poor's 500 n'a pas encore présenté ses comptes, la croissance moyenne des bénéfices de l'indice au deuxième trimestre ressort à 38,4% par rapport à la période correspondante de l'an dernier, selon les données de Thomson Reuters. Une telle performance a peu de chance d'être égalée au troisième trimestre. Les estimations, qui sont actuellement encore au niveau auquel elles se trouvaient début juillet, prédisent une croissance des profits de 24,9% sur un an. «Il pourrait bien s'agir de l'un des derniers trimestres pour lesquels les résultats auront aussi bonne mine. On constate déjà, par exemple, qu'ils ralentissent ou qu'ils sont en train de s'orienter à la baisse pour 2011», explique Pankaj Patel, analyste de Credit Suisse à New York. Si 75% des entreprises du S&P 500 ont dépassé les estimations au deuxième trimestre, un chiffre à comparer à une moyenne historique de 62%, plusieurs observateurs estiment que les marges bénéficiaires pourraient bien avoir atteint un plafond. La productivité a en effet reculé de 0,9% sur cette même période, ce qui laisse penser que les entreprises pourraient bien se trouver incapables de maintenir leur niveau de rentabilité. Des estimations trop optimistes ? La marge moyenne du S&P 500 a été de 8,9% sur avril-juin, contre 6,2% un an plus tôt, selon Howard Silverblatt, analyste chez Standard & Poor's. Les indicateurs économiques décevants publiés ces dernières semaines, notamment sur le front de l'emploi, commencent à être intégrés dans les cours : le S&P 500 affiche un recul de 0,7% depuis le 12 juillet, date du début de la saison des résultats. «Il y a beaucoup de vents contraires (...) et si on commence à les prendre en compte, on constate que certains chiffres pourraient être un peu trop optimistes», note Alan Lancz, président d'Alan B. Lancz & Associates, une société de conseil en investissement. La deuxième partie de la saison des résultats a été moins bonne que la première. Sur plus de 2 000 sociétés américaines ayant dévoilé leurs comptes, plus de 70% ont dépassé les estimations des analystes durant la première moitié de la période de publication mais ce ratio est tombé à 66% en fin de saison, selon les analystes de la société d'études Bespoke Investment Group. Pour le troisième trimestre, les estimations ne devraient plus guère évoluer jusqu'au début du mois d'octobre. Sauf événement économique exceptionnel (...), un changement majeur des chiffres est improbable pendant au moins quelques semaines, juge John Butters, responsable du suivi des résultats américains chez Thomson Reuters. Le redressement des résultats financiers des sociétés cotées a été l'un des principaux moteurs du rebond du S&P 500 par rapport au plus bas de 12 ans touché début mars 2009 : depuis lors, l'indice a progressé de 58%.