Les perspectives des grandes économies développées des pays du G7 se sont un peu améliorées depuis un mois, selon une enquête Reuters, mais nettement moins que ne pourraient le laisser supposer le rebond des marchés boursiers. De nombreux économistes ont relevé leurs prévisions pour le trimestre en cours et pour le restant de l'année mais les perspectives de croissance en 2010 restent globalement atones et ont peu évolué depuis l'enquête de mai. Les résultats de l'enquête de juin, réalisée auprès de près de 250 économistes aux Etats-Unis, en Europe et au Japon, contrastent avec l'optimisme des marchés d'actions, alimenté par de récents indicateurs économiques, comme l'atténuation de la détérioration du marché de l'emploi aux Etats-Unis en mai et la forte hausse de la confiance des ménages. L'indice boursier américain Standard & Poor's 500 a gagné environ 40% depuis début mars. Pourtant, les économistes ont légèrement abaissé leurs prévisions pour les Etats-Unis : ils anticipent une croissance de 0,4% au troisième trimestre au lieu de 0,5% en mai après une baisse de 2% au deuxième trimestre (-1,8% en mai). Pour le quatrième trimestre 2009, la croissance américaine est attendue à 1,6%. Pour 2010, la croissance est attendue à 2,5%, comme en mai, après une contraction de 1,6% en 2009. "Nous tablons sur une amélioration lente de l'économie et les vents contraires accrus sur les marchés obligataires ainsi que la hausse des taux d'intérêt réels pourraient bien retarder jusqu'à fin 2010 une retour à un rythme de progression plus marquée du produit intérieur brut", estime Kenneth Broux, économiste chez Lloyds TSB Corporate Markets. Les perspectives en matière de taux d'intérêt n'ont elles pas changé par rapport à la précédente enquête, en dépit de craintes plus marquées concernant l'inflation. Les taux devraient rester inchangés d'ici fin 2010 dans la zone euro et au Japon et des hausses modestes de taux sont attendues l'année prochaine aux Etats-Unis et au Japon. Par ailleurs, les économistes interrogés estiment dans leur ensemble que le président de la Réserve fédérale américaine, Ben Bernanke, a plutôt bien géré la crise financière, décrite comme la plus grave depuis la Grande Dépression des années 30. Ils lui donnent une note de 8/10 dans ce dossier en moyenne. Ces résultats interviennent dans la foulée de la réunion en Italie des ministres des Finances du G8, qui ont commencé à prudemment envisager la levée de certaines mesures d'aides économiques, quand les signes d'une reprise apparaîtront plus clairement. Le plus notable changement dans l'enquête de juin concerne l'amélioration des perspectives de croissance en Grande-Bretagne, comparées à celles de la zone euro. Jusqu'à présent, le consensus portait sur une évolution plus favorable dans cette dernière. Les économistes interrogés tablent en moyenne sur une croissance de 0,4% l'année prochaine dans la zone euro, comme le mois dernier, et sur une progression de 0,5% au Royaume-Uni au lieu de 0,3% dans l'enquête de mai. Au Japon, les perspectives de croissance à court terme se sont aussi améliorées (+0,2% anticipé au deuxième trimestre au lieu de +0,1%) mais restent sans éclat. Une forte baisse des stocks, qui a conduit aux deux baisses les plus marquées du PIB dans l'archipel depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, signifie que toute amélioration de la demande des marchés internationaux sera positive pour l'économie nipponne. "Les sociétés se sont débarrassés de leurs stocks au Japon et à l'étranger, ce qui devrait être bon pour les perspectives en matière d'exportations", explique Azusa Kato, économiste chez BNP Paribas.