C'est ce qu'écrivent, dans une lettre au président français Nicolas Sarkozy, des associations (Association des anciens appelés en Algérie contre la guerre, Association nationale des cheminots anciens combattants (ANCAC), Association nationale des Pieds-noirs progressistes et de leurs amis, Association nationale pour la protection de la mémoire des victimes de l'OAS…) à la suite de la décision du gouvernement français de mettre à la disposition d'associations d'anciens activistes et sympathisants de l'OAS, de la colonne centrale du mémorial national des morts pour la France en Afrique du Nord, quai Branly à Paris, pour y faire défiler les noms des victimes civiles participant à la manifestation initiée par l'OAS le 26 mars 1962 à Alger, et qui s'était terminée par une fusillade. «Dans le domaine de la mémoire liée à la guerre d'Algérie, la démarche du gouvernement est devenue de plus en plus ostensiblement discriminatoire», écrivent les associations. «De façon brutale, en l'absence de toute concertation préalable avec les associations d'anciens combattants concernées, et sans la moindre considération à l'égard des porteurs d'autres mémoires, le secrétaire d'Etat à la défense et aux anciens combattants a annoncé, en décembre 2009, qu'un hommage serait officiellement rendu aux participants à la manifestation initiée par l'OAS, le 26 mars 1962 à Alger. Les associations rappellent que «pourtant le souvenir de cette manifestation en est déjà rappelé dans la capitale avec le monument dit de la butte du Chapeau-rouge, dans le XIXe arrondissement de Paris, inauguré par Jacques Chirac le 11 novembre 1996 ; leurs noms sont même gravés sur des plaques individuelles auprès de la statue de Notre dame d'Afrique érigée sur un promontoire à Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes). L'inscription sur le Mémorial national, désormais effective, a soulevé l'indignation du monde rapatrié comme du monde combattant : le premier y a vu le risque d'une identification du peuple pied-noir à des partisans de l'OAS ; le second y a vu une tentative d'assimilation des morts de la rue d'Isly aux morts pour la France, tombés sous les coups notamment de l'OAS, de l'officier supérieur de corps d'armée à l'appelé du contingent et au membre des forces de l'ordre. «Bienveillant à l'égard des anciens séditieux, l'Etat s'est, par contre, montré hostile à toute marque, où que ce soit, quai Branly ou ailleurs, du sacrifice des victimes de l'OAS en Algérie et en France, civils, militaires, magistrats, fonctionnaires, défenseurs des institutions et des valeurs de la République», lit-on dans la lettre à Sarkozy. «L'Etat doit se ressaisir, se détourner de la voie du déshonneur, revenir à ses fondamentaux républicains pour redevenir une référence, en particulier à l'égard des collectivités territoriales : il doit mettre un terme au désordre mémorial, à la transgression de la vérité historique et à la division entre Français.» La lettre conclut : «Dans cette perspective, les organisations soussignées exigent que cessent au plus vite toutes les initiatives – nationales et locales – d'inspiration révisionniste, non seulement parce qu'elles interviennent au mépris du droit et affaiblissent le crédit de nos institutions, mais aussi parce que, deux ans avant le grand rendez-vous du cinquantenaire de la fin de la guerre d'Algérie, elles nuisent à la réconciliation des mémoires ainsi qu'à l'apaisement des rapports entre la France et l'Algérie. Dans un premier temps, le Mémorial national du quai Branly doit retrouver sa vocation d'origine et être remis en l'état où il se trouvait antérieurement à mars 2010».