Elles exprimaient ainsi leur déception de ne pas avoir attiré d'autres travailleurs dans leur tentative de perturber les activités du complexe sidérurgique. Ce jeudi donc, durant quelques dizaines de minutes, elles ont semé le trouble devant l'accès principal de l'usine. Ces huit personnes, dont le président du Comité de participation, ont disparu à la vue des gendarmes. Ces derniers sont intervenus à la demande du directeur général assurant l'intérim en absence du titulaire, Vincent le Gouïc, appelé à reprendre son poste le 27 août. Par leur démarche, les 8 auteurs des troublent voulaient également, exprimer leur réprobation à la décision de licenciement prononcée par la direction générale à l'encontre de 6 d'entre elles. Celles-ci sont convaincues de participation aux violents incidents du 18 août dernier au cours desquels, munies d'armes blanches, elles avaient failli lyncher Smaïn Kouadria, l'actuel secrétaire général du syndicat de l'entreprise ArcelorMittal. Il s'en est sorti grâce à la rapide intervention des gendarmes mais avec d'importants dégâts sur son véhicule personnel. «C'est parce qu'ils se sont opposés aux pratiques de certains qui, intéressés par les gros enjeux financiers, tirent les ficelles de l'extérieur que les membres du bureau font l'objet de tentatives d'agression et d'intimidation. Nous avons déposé deux plaintes auprès du tribunal d'El-Hadjar. Outre les photos en notre possession, les auteurs dont le président du CP, qui s'étaient opposés à la grève générale du 21 juin 2010, ont été formellement identifiés», explique Kouadria. Il a, par ailleurs, précisé que la violence dans le comportement de ceux qui avaient fermé le portail est due à l'imminence des négociations avec l'employeur sur les rémunérations salariales des travailleurs. «Obnubilés par la sauvegarde des intérêts de ceux qu'ils défendent, nos agresseurs font tout pour faire foirer les négociations sur les problèmes des salaires. Une conclusion favorable aux 5 700 travailleurs consolidera la position du syndicat avec sa base. Nous continuerons à appeler à l'apaisement et à utiliser les voies légales pour nous défendre», a ajouté le secrétaire général du syndicat ArcelorMittal. Il a, par ailleurs, affirmé que des rapports circonstanciés des incidents survenus depuis le début du mois d'août ont été établis par le département de la sécurité interne ArcelorMittal et par la brigade de la Gendarmerie nationale du complexe sidérurgique. Ces incidents interviennent au lendemain de la grève générale illimitée du 21 juin 2010. Elle avait duré 3 jours et cessé sur instruction de Sidi-Saïd, secrétaire général de l'UGTA. Depuis jeudi dernier, une autre grève a été déclenchée. En effet, bien que ce soit le Ramadhan, les 6 agents licenciés ont décidé d'entamer une grève de la faim. Depuis, d'incident en incident la situation s'est dégradée. Les menaces de sabotage des installations de production se sont multipliées. Tant et si bien que, ces dernières semaines, la société mixte algéro-indienne ArcelorMittal Annaba est quotidiennement au centre des discussions sur la voie publique. Elle l'est davantage aujourd'hui avec les menaces de mort et les intimidations dont sont victimes tous les membres du bureau syndical. Pour son intégrité physique, Kouadria a été conseillé de ne pas accéder au complexe. Encore moins au siège du syndicat dont la porte avait été soudée par les auteurs de l'incursion du 18 août. A ce jour, il n'y a pas encore eu de mort d'homme. Ca ne saurait tarder. La menace est perceptible dans la virulence des propos de ceux gênés par les prises de position des membres du bureau syndical dans leur lutte pour la défense des intérêts des travailleurs. Cette lutte est, cependant, mise à mal par certains de leurs homologues et adversaires du Comité de participation dont la principale mission est la gestion des œuvres sociales. Mercredi dernier, les 32 secrétaires généraux sur les 34 conseils syndicaux de la plateforme syndicale El-Hadjar ont été convoqués pour une réunion extraordinaire. Ils avaient à voter l'éviction de leur pair chargé de cette même plateforme dont le sort a été scellé, car impliqué dans l'agression dont a été victime Smaïn Kouadria. Les syndicalistes du complexe El-Hadjar comptent réagir dans les prochains jours pour contrecarrer des actions planifiées de déstabilisation des activités du complexe sidérurgiques. Elles auraient pour auteurs des agents payés pour cette mission par ceux qui tirent les ficelles de l'extérieur. «Le complexe El-Hadjar est sous l'emprise des malfrats. Armés d'armes blanches et de gourdins, ils ont fait une incursion dans les locaux du syndicat dont ils ont soudé la porte. Des informations crédibles font état de la planification d'actions de mises en panne provoquées de certaines installations névralgiques dans la production sidérurgique dés le mois de septembre», a indiqué un des syndicalistes concerné, au même titre que Kouadria par les menaces de mort. C'est dire que nul besoin d'une boule de cristal pour dessiner le profil de cette rentrée sociale au complexe sidérurgique El-Hadjar. Alors que les installations ont été remises en marche et qu'il y a comme une petite bonne reprise de la production pour cette fin de 3e trimestre, le constat dressé par les travailleurs éclaire. D'autant plus que 2010 pourrait être, pour ArcelorMittal, la plus mauvaise année depuis 2001, année de son avènement. Selon S. Kouadria, de par les incidents qu'ils provoquent, les membres du CP tentent de redistribuer des cartes favorables à des intérêts extérieurs dont ceux d'anciens syndicalistes. Actuellement, à ArcelorMittal El-Hadjar, des pouvoirs syndicaux se préparent, gagnants et perdants, avec à la clé le déplacement du centre de gravité vers la direction générale. Quelles que puissent être les nouvelles turbulences qui en résulteront, y compris celles ayant trait à des actes de sabotage des installations de production, la nouvelle donne aura pour conséquence l'affaiblissement de l'actuel syndicat. Au siège du groupe ArcelorMittal au Luxembourg, on suit avec inquiétude les événements. A une année de la fin de la période de grâce depuis la signature en 2001 de l'accord de partenariat entre l'algérienne Sider et son homologue indienne Ispat à l'époque, les économistes estiment qu'en pareille conjoncture parler de renégocier certaines des dispositions de cet accord relève de l'impossible. Hier, intéressé pour étudier d'autres propositions de partenariat y compris celle de l'algérien Cevital pour la réalisation d'un autre complexe sidérurgique à Bellara (Jijel), le même groupe aurait finalement laissé tomber. «Avec quel minerai Cevital pourrait-il faire tourner les machines de production sidérurgique qu'il a affirmé vouloir mettre en place à Bellara. Les mines dans la wilaya de Tébessa, le seul fournisseur, ne suffisent même pas au complexe El-Hadjar. L'importation de cette matière première entraînerait un surcoût sur le produit qui le rendrait inabordable sur la place commerciale», a argumenté un cadre ArcelorMittal en poste au niveau d'une unité de production du complexe sidérurgique.