Le déclin du dollar qui a franchi la barre de 1,50 dollar pour un euro inquiète les gouvernements européens et asiatiques. L'Algérie a de sérieuses raisons de s'inquiéter de la faiblesse du billet vert. Si les Européens et les Asiatiques s'inquiètent pour le préjudice causé par un dollar faible à leurs exportations, les conséquences pour l'Algérie concernent les importations et le pouvoir d'achat de l'Etat. Il est vrai que l'Algérie, qui exporte presque uniquement du pétrole et du gaz, facture ses ventes en dollar. Mais la majorité de ses importations, notamment des produits alimentaires et des services, proviennent d'Europe où elles sont facturées en euro. Selon des économistes interrogés par TSA, cette situation présente au moins trois risques pour l'économie nationale : une fonte rapide des réserves de change, une forte hausse de l'inflation et l'apparition d'une dépression. Avec la chute du dollar, les recettes en devises baissent mécaniquement. L'inflation, même si elle est artificiellement contenue en interne grâce aux subventions gouvernementales, augmente fortement à l'extérieur. Et en l'absence d'un plan de relance de la production nationale conjuguée à une politique de réduction des importations, la consommation pourrait baisser durablement.Notons que l'euro évoluait encore en hausse hier en début d'échanges européens, après avoir atteint un plus haut niveau depuis août 2008, dopé par des commentaires selon lesquels la Chine devrait augmenter ses réserves en monnaie unique européenne, au détriment du dollar. A 10H00 GMT (11H00 à Paris), l'euro valait 1,5035 dollar contre 1,5007 dollar vendredi. Face au yen, la devise européenne reculait à 137,95 yens contre 138,16 yens vendredi. Le dollar baissait aussi face au yen à 91,76 yens contre 92,07 yens vendredi. "L'euro se maintient toujours au-dessus de 1,50 dollar malgré un retournement des chiffres sur la confiance des consommateurs allemands, pour la première fois depuis un an" rapportait David Jones, d'IG Index. Le baromètre de la consommation GfK, établi à partir d'un échantillon représentatif de quelque 2.000 particuliers, a baissé pour la première fois depuis un an, affecté par la remontée des prix du pétrole et la hausse annoncée du chômage et s'est établi à 4,0 points, contre 4,2 points le mois d'avant. "Cela souligne certainement la confiance que les investisseurs mettent dans une hausse prochaine des taux par la Banque centrale européenne (BCE)" jugeait l'analyste. En début d'échanges européens, l'euro, ayant été "propulsé par les commentaires chinois" selon les analystes de Lloyds Banking, évoluait non loin de son plus haut d'un an. Un commentateur a estimé, lundi, dans les colonnes d'un journal soutenu par la Banque centrale chinoise, que tout en gardant le dollar comme devise principale, la Chine devrait accroître le poids de l'euro et du yen dans ses réserves de changes. Ces commentaires ont fait bondir la monnaie unique européenne à 1,5063 dollar, un plus haut niveau depuis août 2008. Les analystes jugeaient en outre que "les chiffres du PIB américain cette semaine ne devraient probablement pas neutraliser la tendance à la hausse de l'euro dans la mesure où la Réserve fédérale reste décidée à garder des taux bas". En effet, le dollar souffre toujours de spéculations sur le fait que les Etats-unis pourraient tarder, contrairement à d'autres pays, à remonter leurs taux d'intérêt quand les investisseurs préfèrent, en général, les monnaies offrant de meilleurs rendements. La Fed maintient ses principaux taux entre 0% et 0,25% depuis décembre pour aider l'économie américaine à sortir de la récession. La livre sterling restait très affaiblie après les chiffres de vendredi, ayant montré que la Grande-Bretagne était toujours en récession et dans l'attente de nouvelles mesures de politique monétaire de la Banque d'Angleterre. Elle a perdu plus de deux pence dans la journée de vendredi et restait au-dessus de 92 pence pour un euro lundi, un niveau de faiblesse plus touché depuis deux semaines. I.B.