Ghania Chérif a été inhumée, au cimetière de Aïn Bénian en présence de plusieurs journalistes de la presse écrite et audio-visuelle, de nombreux officiels du gouvernement, des éditeurs, Sidi Saïd de l'UGTA et des militants socialistes du PST. Feu Ghania Rachedi qui a laissé derrière elle, sa fille Narimane, une brillante élève âgée de 12 ans qui a eu l'examen de 6e avec brio, ne sera pas là pour la cérémonie qu'elle avait prévue pour fêter l'évènement après le Ramadhan. Pour l'hommage à cette jeune dame de talent, ravie aux siens à l'âge de la fleur, un portrait de celle-ci est nécessaire pour comprendre sa popularité et rappeler aux autres que désormais l'Algérie de Ghania, de Narimane, Soumia, Daouia et toutes les copines semblables à elle, est une Algérie de tolérance et d'abnégation en ce mois sacré de Ramadhan et un pays qui a souffert des affres du terrorisme. Ghania Mekhoukh, de son nom de jeune fille, nous renvoie donc à l'université des langues étrangères de Bouzaréah où elle a obtenu une licence des lettres françaises en 1990, une année difficile qui va nous ramener à une période où l'Algérie a connu un tournant décisif de son histoire pour un nouveau projet de société économique et social. La libéralisation économique et la démocratie sont à l'ordre du jour de cette époque-là, celle de la décennie noire au moment où un courant conservateur proposait un autre mode de vie basé sur la chari'a. Les démocrates et les socialistes à travers la légalisation du mouvement associatif politique vont essayer de faire le rapport de force au moment où l'Armée nationale et populaire (ANP) algérienne va mener une lutte sans merci et rétablir l'ordre dans le pays. Ghania est donc membre fondatrice du (Syndicat national algérien et démocratique des étudiants (SNEAD) aux côtés du défunt Redouane Osmane, un militant socialiste. Elle va militer pour les droits des étudiants mais aussi pour la mixité au sein de l'université. Dévouée et convaincue que le changement des mentalités pour une société démocrate et émancipée n'intervient que si les femmes en Algérie participent pleinement au développement économique et social, elle va alors à l'instar des militantes du mouvement pluriel féminin algérien rejoindre l'association pour l'émancipation de la femme (AEF) et participer aux nombreuses marches des 8 mars (1988-1989-2000-2001-2002). Ghania était aussi une militante cadre au sein du PST qui avait beaucoup de clairvoyance et le sens de l'analyse. Recrutée à la Chaîne III, elle occupera le poste de rédactrice en chef spécialisée pour y effectuer une carrière professionnelle. C'est aussi à côté de son conjoint, Mahmoud Rachedi, membre fondateur du MJA qu'elle s'inscrit pour une Algérie plurielle, démocratique. Malgré la fermeture du champ médiatique quelques années seulement après 1991, Ghania a réussi à animer les émissions « L'invité de la rédaction », « En direct du Parlement » et « En toute franchise », qui ont permis à nombre d'invités à ces transmissions de confronter leurs idées et de les avancer aux auditeurs algériens. Je garde en mémoire, la visite que je t'ai effectuée à l'hôpital où dans la simplicité et avec beaucoup de pudeur, tu réconfortais une malade qui avait besoin d'un médicament en lui faisant la promesse que ton conjoint Mahmoud allait le lui ramener. Membre de l'association des cancéreux à l'hôpital Mustapha Pacha Alger, ton militantisme n'a jamais cessé, tu t'es battu avec beaucoup de courage contre cette faucheuse qui a eu raison sur ta vie. Repose en paix, très chère cons?ur et amie, ton combat n'est pas peine perdue pour ta fille et toutes les petites filles qui connaîtront une Algérie prospère, comme le disait un officiel lors de la veillée, « une Algérie où de plus en plus les filles sont nombreuses dans tous les secteurs d'activité économique et c'est avec celles-ci et grâce à elle, qu'un nouveau projet de société moderne et démocratique verra le jour ».