XIIIe siècle : première moitié 1202. Les musulmans atteignent Varanasi (Bénarès), sur les rives du Gange. 1203. Assujettissement du nord de l'Inde par le sultân Muhammad Ghûrî (m. 1206). 1206-1211. Règne du sultân Qutubuddîn Aybak (m. 1210) à Delhi. 1211-1222. La Chine et la Perse sont conquises par les Mongols, sous le commandement de Gengis Khân. 1211-1236. Règne du sultân Shamsuddîn Altamash (m. 1236) à Delhi, reconnu par le calife de Baghdâd. 1212. Les Almohades sont battus par l'armée chrétienne à Las Navas de Tolosa. 1214. Début de la conquête de l'Afrique du Nord par les Banû Marîn (dynastie mérinide). 1221. Les Mongols atteignent les frontières du sultanat de Delhi mais leur avance est contrôlée par le sultân Shamsuddîn Altamash. 1227. Mort de Gengis Khân. Son empire s'étend de la Chine à la mer Caspienne. 1228-1446. Règne de la dynastie éclairée rasulide au Yémen. La plupart de ses dirigeants étaient des érudits et d'éminents savants. 1236. L'armée chrétienne commandée par Ferdinand III (m. 1252) s'empare de Cordoue, capitale culturelle et scientifique des musulmans d'Occident. 1236-1240. Règne de Raziya Sultâna (m. 1240), fille du Sultân Altamash. C'est le seul exemple d'une femme sultane à Delhi. 1240. Début du règne musulman au Mali, en Afrique Occidentale, où Tombouctou devient un centre culturel réputé. 1248. Prise de Séville par les forces chrétiennes. Les acteurs Théologie et jurisprudence - Le penseur mystique Abû Najîb As-Suhrawardî décédé en 1234, fondateur à Baghdâd de l'ordre soufi Suhrawardiya. Cet ordre a été développé par son neveu Umar As-Suhrawardî. Il ne doit pas être confondu avec Shibâbuddîn Yahyâ Ibn Habash As-Suhrawardî d'Alep, exécuté en 1191. - Khwâja Mu'înuddîn Chishtî (m. 1235) du Sijistân, en Iran, qui en 1191, s'installe à Ajmer en Inde. Egalement connu sous le nom de Khwâja Gharîb Nawâz, il est considéré par les soufis comme l'un des plus grands Awliyâ' (Amis d'Allâh). Il a établi en Inde l'école soufie de l'ordre Chistî et il est le «saint patron» de la ville d'Ajmer. Son khalîfa (successeur), Khwâja Qutubuddîn Bakhtiâr Kakî, à Delhi est mort en 1236. Rappelons que ce sont ces soufis qui ont été les instruments de l'islamisation de cette région. Les quatre principaux ordres soufis grâce auxquels la communauté musulmane se développa dans le sous-continent indien sont le Chishtiya, le Qâdiriya, le Suhrawardiya et le Naqshbandiya. - Le mystique et poète persan Farîduddîn Attâr de Nishapur (m. 1220) dont les œuvres connues dans le monde entier sont Mantiq at-Tayr (Le Langage des oiseaux) et Tadhkirat al-Awliyâ (Le Mémorial des Saints). Ce dernier est un recueil inestimable de belles anecdotes soufies, rédigé avec une simplicité de style et un équilibre parfait entre arabisme et style iranien. Le Langage des oiseaux est un livre métaphysique qui raconte le voyage allégorique de trente oiseaux – des soufis représentant les âmes humaines – à la recherche de l'oiseau mythique, le Simurg (Phénix), dont ils veulent faire leur roi (Dieu). - L'un des plus grands poètes mystiques de l'Islam, l'égyptien Abû Hafs Umar Ibn Al-Farîd (m. 1235). Son chef-d'œuvre est l'ode intitulée Nazm as-Sulûk (Le système de la voie mystique), mieux connue sous le titre At-Tayya. Avec lui prenait son départ la grande école des Ittihâdiya, les partisans de l'union avec Dieu. - Le philosophe ésotérique Muhyîuddîn Ibn Arabî. Né à Murcie, il a fait ses études à Séville. Pendant trente ans, il a transmis un enseignement spirituel de l'Andalousie, puis pendant dix ans à Damas, où il mourut en 1240. On raconte que pendant tous ses voyages, il a été reçu avec de grandes marques d'honneur et de nombreux dons qu'il s'empressait de distribuer aussitôt en aumônes. L'historien Uthmân Yahyâ, dans sa biographie sur Ibn Arabî le crédite de 846 articles et livres dont environ 200 sont parvenus jusqu'à nous. Ses principaux ouvrages sont : Al-Futuhât al-Makkiyya (Les Révélations Mecquoises), Fuçûç al-Ahkâm (Les Gemmes de la sagesse), Shâhid al-Asrâr al-Qudsiyya (Témoin des secrets Divins), Tuhfat as-Safar (Le cadeau du voyage) et Kîmiyâ' as-Sa'âda (Alchimie du bonheur). Il a enseigné la doctrine du Wahdat al-Wujûd (L'unité de l'existence), monisme panthéiste dans lequel Allâh Seul est réel et où le monde se réduit à un ensemble d'apparences sans réalité – manifestation de la substance divine. Le poète italien Dante Alighieri, décédé en 1321, a été très influencé par les travaux d'Ibn ‘Arabî, influence qui transparaît de façon évidente dans son œuvre la Divine comédie. - Le mystique persan Shamsuddîn At-Tabrîzî (m. 1247). Il fut maître de Mawlânâ Jalâluddîn Rûmî. - Le juriste et lexicograhe de Lahore l'Imâm Hasan As-Saghânî (m. 1250). Son livre Mashâriq al-Anwâr (Lumières d'Orient) est un classique sur le Hadith. Science et technologie - Baylak Al-Qibshaqî (m. 1242) donne la première description claire de la boussole et montre son utilité. - Le mathématicien Abû Abdullâh Ibn Badar dont l'œuvre importante, Précis d'Algèbre, a été traduite par S. Perez à Madrid en 1916. - Le mathématicien et médecin Muwaffiquddîn Abû Muhammad Abd Al-Latîf Al-Baghdâdî (m. 1231) ; il est également connu pour son œuvre Description de l'Egypte, fort intéressante. - Le mathématicien et astronome Sharafuddîn Al-Muzaffar Ibn Muhammad At-Tûsî (m. 1209/13) qui a continué le travail de Umar Khayyâm. En astronomie, son fameux Kitâb fî al-Asturlâb (Livre sur l'Astrolabe), donne le détail de son invention, l'astrolabe linéaire. Il a élaboré une méthode pour le calcul des racines positives des équations. Cette méthode, identique à celle proposée par François Viète en France au XVIe siècle, est maintenant appelée méthode de Ruffini-Horner pour le calcul de la racine d'une équation cubique ! - L'astronome andalou Abû Ishâq Al-Biturgî, latinisé en Alpetragius (m. 1200). Il fut élève d'Ibn Tufayl et d'Ibn Rushd. Grâce à ses commentaires sur les épicycles, il devint un précurseur de Copernic. - L'astronome et grand voyageur marocain Abû Alî Al-Hasan Ibn Alî-Marrâkushî (de Marrakech) (m. 1285). Parmi ses travaux, citons son catalogue de 240 étoiles pour l'année 1225. - Muhammad Ibn Abî Bakr, réputé pour la fabrication d'instruments astronomiques. - L'ingénieur égyptien Qaysar Al-Hanafî (m. 1251), qui a conçu et construit les fameuses morias (machine hydraulique formée de godets plongeant renversés et remontant pleins) pour l'émir de Hama. - L'ingénieur Ridwân de Damas, célèbre fabricant d'automates. - Le grand ingénieur de Diyar Bakir (Turquie actuelle), Abd Al-Izz Ibn Ismâ'îl Ar-Razzaz Al-Jazzarî, auteur d'un ouvrage magnifique Kitâb fî Ma'rifat al-Hiyal al-Handasiyya (Les Instruments mécaniques ingénieux) qui a été traduit en plusieurs langues européennes. Ce livre prouve incontestablement le savoir avancé des musulmans orientaux de cette époque. Il y donne des plans sur les flûtes perpétuelles, les horloges hydrauliques et sur différents automates séquentiels utilisant les principes de l'arbre à came et les soupapes à flotteurs. - Abû Muhammad ‘Abdullâh Ibn Ahmad Ibn Baytar (m. 1248), connu sous le nom d'Ibn Baytar, c'est-à-dire «fils du médecin pour chevaux», car son père était un vétérinaire chevalin. Il est né à la Malaga en Andalousie et est décédé à Damas. Il est le plus grand botaniste du monde musulman et un de ses plus grands expérimentateurs. Il a appris la botanique grâce à Abû Al-‘Abbâs An-Nabâtrî, puis a erré pendant 30 ans entre l'Espagne et Damas à la recherche de plantes et d'herbes médicinales. Jusqu'au XIXe siècle, deux de ses livres servaient de base à la botanique : Kitâb al-Jâmi fî al-Adwiya al-Mufarda (Jâmi' : Collection de Remèdes simples) et Kitâb al-Mughnî fî al-Adwiya al-Mufarda (Mughnî : Le Suffisant). Dans le Jâmi', il a nommé et classé par ordre alphabétique 1 400 variétés botaniques dont 300 étaient inconnue jusqu'alors ! Le Mughnî concerne la partie thérapeutique et donne 2500 remèdes utilisant des plantes médicinales. Entre le XVe et le XVIIe siècle les botanistes européens ont plagié ses écrits. C'est en 1758 que la première édition latine complète du Jâmi' fut publiée. - Le minéralogiste Abû Al-Abbâs At-Tifâshî (m. 1253), auteur du Kitâb Azhâr al-Afkâr fî Jawâhir al-Ahjâr (Fleur de la substance des pierres), considéré à l'époque et jusqu'au XVIIe siècle, comme le meilleur livre de minéralogie. - Le géographe Ya'qûb Ibn Abdullâh Ar-Rûmî (m ; 1229). A l'origine, c'était un esclave grec, qui par la suite rédigea une importante encyclopédie géographique de l'Arabie. (A suivre)