Que ce soit à l'hôpital 120 lits d'El Hadjar, à l'Etablissement hospitalier spécialisé d'El Bouni ou à Ibn Rochd en ce qui concerne le Centre anti-cancer, les principales étapes de sa visite, il est très attendu par les praticiens spécialisés. Il n'aura cependant pas le temps de les écouter tout autant que les parents de malades victimes d'erreurs médicales, les représentants d'associations telles celles des cancéreux et des insuffisants rénaux. Il faut dire que la situation du secteur de la santé , satisfaisante les précédentes années bat de l'aile ces derniers mois avec les luttes intestines que se livrent des chefs de service dans les différentes unités hospitalières. Chevauchant entre la santé et l'enseignement supérieur et la recherche scientifique, ces praticiens en chefs, forts de leur décret de nomination, n'ont cure des orientations du ministère de la Santé. Ils bloquent à dessein les maîtres assistants et autres jeunes compétences médicales. Certains n'obéissent qu'à leur propre logique même si elle est contraire à leur éthique et déontologie et qu'elle va dans le sens contraire aux intérêts des malades. D'autres font dans le mercantilisme en utilisant les moyens de l'établissement public (laboratoires, blocs opératoires, personnel paramédical) qui les emploie pour effectuer des interventions chirurgicales à titre privé. Dans quelques jours, une semaine au plus tard, les chirurgiens devraient limiter leurs interventions aux seules urgences pour cause de pénurie chronique du fil de ligature. Il est indisponible dans toutes les structures de santé publique. Cette situation aurait mis en fureur Ould Abbès. Dans le même temps, une rumeur persistante agace ses oreilles de ministre : l'implication de certains représentants de fabricants de matériels et équipements médicaux dans le retard mis dans l'achèvement du Centre anti cancer (C.A.C) d'Annaba. «Sans l'installation des équipements, avaient affirmé les responsables chinois de l'entreprise de réalisation, nous ne pouvons avancer. A maintes reprises, nous avons saisi de cette situation les autorités algériennes, en vain». Bien que les visites de représentants de différentes institutions de l'Etat se multiplient, cette situation de blocage perdure. Le centre était prévu pour être mis en exploitation en 2009. Il ne le sera pas fin 2010 même si du côté de la direction en charge du dossier on affirme que sa réception ne saurait tarder. Dans les coulisses ou lors des réunions officielles, nombreux sont ceux qui manœuvrent pour empêcher les Chinois de poursuivre les travaux d'achèvement. Ainsi, les bonnes dispositions démontrées par les cadres de la direction locale de la santé, de la population et de la réforme hospitalière pour débloquer la situation, ont fondu face aux magouilles et à la corruption. A l'opposé de son prédécesseur, ces délais que l'on ne respecte pas, ces passe-droit que l'on admet et ces promesses de finition du CAC que l'on ne tient pas, Djamel Ould Abbès ne veut pas les admettre. Surtout à Annaba classée en tête de liste des régions appelées à devenir des pôles d'excellence de la santé et de la recherche scientifique. Au lendemain de sa prise de fonctions, le ministre a relevé que la politique qu'il a déjà définie et qui a été acceptée par le gouvernement pourrait être remise en question par les Lilliputiens de la magouille. Ould Abbas qui a eu des succès au ministère de la Solidarité, est connu pour ses «coups de pieds dans la fourmilière». En donnera t-il un à Annaba où l'anarchie s'est installée dans la gestion du corps médical ? Où des chefs de service dans les établissements publics peuvent tout se permettre y compris fermer pour de longues années un pavillon destiné aux malades. Où on utilise les moyens matériels et humains pour pratiquer, à titre privé, des interventions chirurgicales, à l'image de celle pratiquée en 2009 sur une insuffisante rénale qui a failli mal tourner ? «Effectivement, nous avons été informés qu'un bloc opératoire avec son personnel paramédical de l'hôpital Ibn Rochd a été utilisé à titre privé par un médecin. Ce dernier ne relève plus des effectifs du Centre hospitalier universitaire (CHU) de Annaba, tout comme nous avons été saisis d'une lettre de l'époux de la patiente qui a failli perdre son bras» avait répondu le Pr Saïdia Abderrahmane, directeur général de ce CHU. Le dépôt de plainte qui a suivi est toujours pendant au tribunal correctionnel d'Annaba au grand dam des parents de l'insuffisante rénale qui attend toujours que justice lui soit rendue. Lors de sa visite de travail et d'inspection à Annaba, le Dr Ould Abbès tapera t-il aussi fort la table comme il le faisait au ministère de la Solidarité pour mener à bien sa politique de gestion d'un secteur de la santé financièrement riche mais malades des hommes qui le gèrent? Sa visite à Annaba qui compose un bassin sanitaire de 3 millions d'habitants (Tarf-Annaba-Guelma-Souk-Ahras-Tébessa) et où est prévu la réalisation d'un CHU de 450 lits et d'un Centre régional des urgences, devrait être interprétée comme étant une mise en garde aux responsables de ses structures décentralisées. Elle intervient au moment même où quelques 300 implantés cochléaires du pays sont, pour cause de fin de garantie, confrontés à des problèmes de maintenance de leurs implants. Bien que généraliste de formation, le Dr Ould Abbès s'intéressera certainement au service oto-rhino-laryngologie de l'hôpital Dorban où une jeune équipe de praticiens bat tous les records, en Algérie et ailleurs, des interventions chirurgicales réussies. Rien que pour juillet/août 2010, ces praticiens ont réussi à sauver 34 personnes atteintes de différents cancers dont celui du larynx et de la thyroïde. S'inquiétera t-il de ces greffes rénales qu'après en avoir réussi deux la direction générale du CHU de Annaba s'était engagée à réalisée à partir de 2005. Depuis, une vingtaine de donneurs et récepteurs attendent. Leur incompétence médicale aidant, certains praticiens n'hésitent pas à magouiller pour éviter que ces greffes se réalisent.