, À partir du XVe siècle, on atteste la fabrication de fausse monnaie par des sociétés secrètes comme la Coquille. La falsification portait principalement sur la reproduction physique de la monnaie avec la mainmise des faussaires divers, rogneurs ou autres billonneurs sur la contrefaçon. Deux siècles plus tard, Jean Bodin dénoncera également les princes comme des truqueurs. En effet, ceux-ci, sous l'influence des courtisans n'hésitaient pas à jouer avec la valeur de la monnaie. Il est vrai que son support métallique ne portant pas explicitement d'unité de compte facilitait la falsification. Les abus étaient tels que la question monétaire fut bien souvent abordée à partir de celle de l'altération de la véracité monétaire. Dès lors, le rapport de la monnaie à la souveraineté est mis en exergue. Le postulat principal réside dans le pouvoir exclusif du roi veillant à la frappe de la monnaie. Par conséquent, son battage illicite constituait un crime de lèse-majesté. Aussi, la punition qui attendait les faussaires était à la mesure de leur faute : on les rôtissait et on les bouillait. L'idée principale réside au moment du déroulement du crime. Celui-ci est forgé par des individus non-dépositaires du droit du souverain et s'oppose donc à la vraie monnaie frappée sur ordre royal. Ainsi la distinction entre vraie et fausse monnaie d'emblée s'impose. Elle a le mérite de la clarté : seul le pouvoir avec ses attributs législatifs et exécutifs fabrique la vraie monnaie. Ce concept fondé sur l'aspect purement matériel de la monnaie perdure puisque la contrefaçon (ou la falsification) de la monnaie métallique reste un acte criminel. Le faux-monnayeur risque une lourde peine de prison et une forte amende. Néanmoins, cette force probante de l'autorité publique n'exclut nullement la coexistence de la monnaie avec sa contrefaçon. À partir de ce moment, cette dernière peut être considérée comme une monnaie privée puisque sa fabrication relève d'une initiative extra-étatique. Néanmoins, cette monnaie contrefaite possède des fonctions assimilables à celles de la monnaie publique. Par exemple, la circulation de l'une comme de l'autre permet l'accumulation lorsque sa mise sous numéro intervient par le biais de mécanismes comptables. À ce moment, la problématique centrale apparaît : c'est celle de la création monétaire avec ses conséquences politiques, économiques et sociales.