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Boutarfa : le méga-projet Desertec est à la traîne Il devrait fournir plus de 50% des besoins en électricité de l'Afrique du Nord, de l'Europe et du Moyen-Orient avant 2050.
«Le méga-projet Desertec, qui consiste à produire de l'électricité solaire en Afrique du Nord destinée aux pays de la région et de l'Europe, fait face à de sérieux obstacles». C'est ce qu'a laissé entendre le P-DG de Sonelgaz, Nourredine Boutarfa, à l'occasion de son intervention à la session du Congrès mondial de l'énergie, consacrée au développement des grands projets énergétiques en Afrique. «Ce projet qui est au début de sa phase de séduction rallie des supporters mais connaît également des détracteurs», a indiqué M. Boutarfa. Quoique ce projet s'est frayé un chemin, il pourrait être concurrencée par le Plan solaire méditerranéen, initié par la France dans le cadre de l'Union pour la Méditerranée (UPM), a ponctué le P-DG de Sonelgaz. Le projet Desertec se développe parallèlement au Plan solaire méditerranéen qui prévoit la construction de centrales solaires d'une capacité totale de 20 GW à l'horizon 2020, dit-il. Devant un parterre de responsables et d'experts qui animaient cette table ronde, M. Bouterfa a souligné que l'idée du projet est algérienne et qu'elle a été reprise ensuite par la fondation Desertec sous l'auspice du Club de Rome et de l'association Trans-med pour la coopération sur les énergies. Donnant un aperçu succinct sur l'historique de ce projet, M. Boutarfa a affirmé que Desertec avait été évoqué par l'Algérie en 1993 à Tunis lors de la conférence sur le développement et le fonctionnement des grands réseaux interconnectés, organisée par l'ancienne Uniped. Et d'ajouter : «L'Algérie avait alors présenté un projet futuriste de production dans le Sahara algérien de 100 GW en énergie solaire, qu'elle a encore évoqué une autre fois lors de la réunion interministérielle sur les interconnexions Maghreb-Europe tenue à Alger en septembre 1995 et qui a regroupé les ministres chargés de l'énergie d'Algérie, d'Espagne, du Maroc, de Tunisie, de Libye, et d'Egypte.» «L'Afrique, dont les idées sont souvent reprises par d'autres, ne doit pas rater le train de la transition en maîtrisant la technologie nécessaire à l'utilisation de ses potentialités énergétiques notamment celles des énergies renouvelables», a-t-il soutenu, précisant que ce projet, dont le coût pourrait s'élever à 500 milliards de dollars, vise à répondre en grande partie aux besoins des pays d'Afrique du Nord et du Moyen-Orient et à fournir dans un premier temps 15% de l'électricité nécessaire à l'Europe. «Un tel projet devrait pouvoir fournir avant 2050 plus de 50% des besoins en électricité de l'Afrique du Nord, de l'Europe et Moyen-Orient», note-t-il. La société DII Gmbh, créée en 2009 à l'effet d'initier toute action permettant d'accélérer la mise en œuvre du projet, mène actuellement des études de faisabilité. M. Boutarfa a, par ailleurs, noté que l'Afrique, dont la demande en énergie reste croissante et insatisfaite, a besoin de faire aboutir des grands projets comme Desertec, Inga ou le Trans-african gas pipeline (TSGP) reliant le Nigeria à l'Europe via l'Algérie. Mais la réussite de Desertec et du TSGP dépendra de l'intérêt des bénéficiaires à promouvoir le concept de complémentarité afin d'utiliser avec un plus grande rationalité économique les ressources naturelles, industrielles et humaines africaines existantes, a-t-il tenu toutefois à souligner. Alors que l'Afrique peine à atteindre les 30% d'accès à l'énergie électrique, les autres régions en développement atteignent des seuils de 70% à 90%, a relevé M. Bouterfa, tout en indiquant que la consommation énergétique en Afrique est la plus basse au monde, représentant moins d'un tiers de la moyenne mondiale.