Un rejet répété des inspecteurs de l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) sera problématique pour l'efficacité de la mise en œuvre des clauses de sauvegarde du Traité de non prolifération nucléaire (TNP), a déclaré le directeur général de l'AIEA, M. Yukiya Amano, lors de la conférence de presse animée à l'issue de la séance de lundi matin de la réunion, à Vienne, de son conseil des gouverneurs. L'interdiction à deux inspecteurs de l'AIEA, en juin dernier par Téhéran, de visiter ses sites nucléaires dans le cadre de l'article 6 du TNP, leur reprochant d'avoir présenté de fausses informations sur son programme nucléaire, a été mal accueillie par M. Amano. Dans son rapport présenté sur le dossier iranien au siège de l'AIEA à Vienne, lundi, M. Yukiya Amano a indiqué que cette interdiction «entrave le processus d' inspection» faisant fi de l'article 6 du TNP et de la disponibilité en vigueur des responsable iraniens à accueillir d'autres inspecteurs de l'AIEA. La tension suscitée par cette question dès le premier jour des travaux de la réunion du conseil des gouverneurs de cette agence met un voile sur le refus israélien d'ouvrir les portes de son arsenal nucléaire aux inspecteurs de l'AIEA. A ce propos le représentant américain a dans son intervention exprimé ses «vives inquiétudes» devant «l'absence de la coopération iranienne avec l'agence» et sa satisfaction devant «l'excellente coopération israélienne». Ali Soltanieh, le représentant iranien, tout en rejetant les critiques du premier responsable de l'AIEA, «totalement illogiques» selon lui, a relevé que l'agence dispose de près de 150 inspecteurs pouvant remplacer ceux contestés par son pays. Il a rappelé que Téhéran «avait parfaitement le droit de prendre une telle décision aux termes de son accord avec l'AIEA». Il est à noter que le président iranien a déclaré lors de son discours tenu à New York lors de la conférence de l'examen du TNP que «l'AIEA a exercé davantage de pressions sur les membres qui ne détiennent pas d'armes, sous prétexte de la non-prolifération» au moment où «le régime sioniste bénéficie, en outre, du soutien absolu des Etats-Unis, pour développer ses armes nucléaires». Il n'est pas exclu que tout au long de la réunion du conseil de l'AIEA, qui va durer une semaine, le dossier iranien soit au centre des discussions, étant l'objet d'impératifs et d'enjeux stratégiques de la part des Occidentaux au Proche et du Moyen-Orient, où le rôle de leur allié israélien est prépondérant. Ce qui a été d'ailleurs au centre des propos tenus par le représentants de Washington à l'AIEA exhortant «les pays arabes à ne pas isoler Israël en lui demandant de signer le traité de non-prolifération nucléaire». Faisant fi de la demande arabe et d'autres pays d'exempter toute la région d'armes nucléaires, Washington par la voix de son représentant à Vienne vient de réaffirmer son soutien inconditionnel à Israël dans son refus d'ouvrir ses installations nucléaires aux inspecteurs de l'AIEA. Le souhait exprimé par le président américain de voir cette région sans armes nucléaires n'est que discours, quand on constate que Washington vient de répondre à l'approbation l'an dernier par la réunion de l'AIEA d'une résolution non contraignante demandant à Israël d'adhérer au Traité de non-prolifération. Résolution adoptée pour rappel suite aux efforts fournis de pays arabes et étrangers soucieux de voir la région à l'abri de la menace nucléaire, Israël étant le seul pays dans cette région à posséder l'arme atomique. D'ailleurs, à l'occasion de la publication de ses mémoires, l'ex-Premier Ministre britannique et chef du Quartette soutient qu'«il n'est pas acceptable que l'Iran dispose de capacités nucléaires militaires». Tony Blair met ainsi à nouveau la priorité sur la menace supposée de l'Iran comme ce fut le cas pour l'Irak.