L'Algérie rétrograde à la 104e sur le baromètre du développement humain. Les enquêtes sur le terrain montrent clairement l'effritement du niveau scolaire, ayant plus de chance d'être chômeurs au fur et à mesure que l'on gravite dans la hiérarchie scolaire, des sureffectifs dans les classes et amphithéâtres, des déperditions croissantes dans le primaire, le secondaire et le supérieur, une gestion défectueuse des établissements scolaires avec des bâtiments délabrés et un environnement sans âme et la mensualité d'un professeur et maître de conférences, en fin de carrière, est environ d'un tiers de celles de ses collègues marocains et tunisiens, avec les nouvelles augmentations de 2008 (moins d'un tiers par rapport au salaire d'un simple député ou sénateur) et 80 % de ce montant en retraite, sans compter les conditions de travail bien plus meilleures et surtout la considération. Nous ne parlerons pas des enseignants du primaire et du secondaire. Concernant le secteur de la santé, l'Algérie n'est pas mieux lotie et l'on assiste, malgré des investissements colossaux, à la dégradation du milieu sanitaire. Cela s'explique, comme je le démontrerai plus loin, par la disparition de la couche moyenne productive, pilier de tout développement. Des enquêtes sur le terrain montrent en comparaison au Maroc et à la Tunisie que ces deux pays favorisent les couches moyennes productives et non les couches rentières comme en Algérie, que le niveau de vie des fonctionnaires en termes de parité du pouvoir d'achat est plus élevé au Maroc et beaucoup plus en Tunisie. Il serait intéressant d'ouvrir un débat national sur la fixation des salaires à tous les niveaux dans la mesure où, dans les pays dits démocratiques, les responsables au plus haut niveau de l'Etat affichent leurs rémunérations sans complexe, permettant de réaliser une symbiose entre les gouvernants et les gouvernés. Dans ce cadre, le savoir étant le pilier du développement durable avec la bonne gouvernance, la revue américaine Foreign Policy de juillet 2010, qui vient de consacrer une enquête minutieuse sur les pays les plus vulnérables du monde, a classé l'Algérie parmi les plus vulnérables au monde avec une note de 8,6 sur 10 pour la disparition et la dispersion de l'élite, s'agissant d'une des notes les plus mauvaises du monde. Selon cette revue internationale, les conditions de vie déplorables des cadres et des cerveaux algériens, les très bas salaires et l'environnement politique défavorable hypothèquent l'avenir de l'Algérie, qui risque de se retrouver sans son intelligentsia pour construire son avenir. Elle rejoint donc l'analyse du rapport de l'Université de Shanghai 2009 (The Academic Ranking of World Universities), le rapport 2010 paru en août 2010 ne faisant pas apparaître l'Algérie dans le top 500, qui donne pour 2009 le classement des 6.000 meilleurs universités (classées) en compétition au niveau mondial donne pour l'Algérie : a) universités classées : l'université de Sidi Bel Abbès à la 4.116e place, l'université de Tlemcen à la 143e place et celle de Batna à la 5.548e place ; b) hors classement (élimination de la sélection) : l'université de Constantine à la 6.766e place, l'université des sciences et de la technologie Houari-Boumediene à la 7.008e place, l'université Abdelhamid- Ben-Badis de Mostaganem à la 7.205e place, celle d'Alger à la 7.849e place, l'Ecole nationale de l'informatique à la 8.960e place et l'université Mohamed-Boudiaf d'Oran à la 9.004e place. N'est-il pas donc démagogique de créer une université par wilaya et utopique de vouloir faire revenir les émigrés lorsque qu'on dévalorise ceux qui sont restés sur place ? Où sont donc les différents centres de recherche, les centaines de laboratoires des universités d'Annaba, de Constantine et d'Oran, l'Ecole nationale d'administration, l'Ecole nationale polytechnique et l'Institut algérien du pétrole qui ont pourtant formé une génération de brillants cadres et ingénieurs qui n'avaient rien à envier aux grandes écoles occidentales ? (A suivre) Dr Abderrahmane Mebtoul,