Jeudi matin, un dispositif musclé de 200 éléments, les services communaux, des engins, le parc roulant de la protection civile, ont commencé à raser les racines du bidonville qui ceinture une partie de la ville de Tiaret dont les nouveaux occupants ont été évacués de force. Après que les habitants ont quitte les lieux, les services combinés sont entrés en action dès la première heure de cette journée fatidique sous un soleil de plomb pour démolir les gourbis, les baraques, les bergeries et les basse-cours de fortune que les nouveaux arrivistes avaient installés durant le mois de Ramadhan selon une source proche de la wilaya, ces derniers ont profité de l'absence totale des éléments de la police de l'urbanisme et des services concernés Une journée au bidonville de la honte «La veille dans la nuit de lundi à mardi sept familles du fameux quartier Zaâroura ont été relogées dans des logements neufs», a indiqué le chef de daïra, les bénéficiaires recensés depuis une dizaine d'années ouvraient droit pour un toit. La première opération touchera une vingtaine et la seconde, une quinzaine de familles, soit un total de trente cinq sur instruction de la haute instance. Pour Bahidja qui garde toujours un espoir de bénéficier d'un toit pour ses deux jumelles, elle a préféré retourner chez ses parents, une fois arnaquée par un courtier pour l'achat d'un taudis à 10 millions de cts. Deux autres pères de familles venus de l'autre bout du monde ont bien négocié l'affaire avec vingt millions de cts, eux originaires des environs du chef-lieu, Mechraa Sfa, Meghila et autres patelins perdus. Lors de notre virée après le passage de l'engin, nous rencontrons un représentant d'une association muni de son agrément pour intervenir sur l'affaire d'un proche installé le jour de l'Aïd El-Fitr qui a réussi a réaliser une habitation avec les membres de ladite organisation en guise de touiza Un père pris en otage par son fils Parmi les occupants, un ex-élu de la commune de Sept (Meghila) a préféré quitter son douar et ses biens après avoir bénéficié d'une parcelle faisant dix fois la superficie du nouveau bidonville transformée en vergers (pommiers, oliviers). Une pyramide bien soudée des éléments de la police et une stratégie bien contrôlée afin d'éviter les affrontements et les émeutes, mais en vain. Après la démolition d'une dizaine d'habitations, des jeunes manifestent et provoquent les agents de la commune. Onze personnes arrêtées et une dizaine de policiers blessés ont été enregistrés sur les lieux dans les émeutes qui ont éclaté au bidonville de Oued Tolba, a-t-on appris de témoins. Neuf autres familles, figurant parmi les concernés, ont fermé la route aux engins et refusent d'évacuer les baraques, ce qui a poussé le chargé de mission à appeler les renforts afin d'éviter d'autres incidents. Les habitants en colère munis de pierre, de couteaux et de barres de fer, ont saccagé l'engin de la commune et blessé le chauffeur. Il préfère une Mégane à un toit Au même moment l'un des occupants prend en otage son père âgé de 87 ans sur le toit de son gourbi et tente d'exploser la bonbonne a gaz en cas d'intervention, refusant tout dialogue avec le chargé de mission, accusant les éléments de la police de l'urbanisme (sans jeu de mot) responsables de ce laxisme. Les échauffourées ont duré plus d'une heure avec les forces de l'ordre et les brigades anti-émeutes dépêchées en renfort sur les lieux se sont soldées par l'arrestation de quatre meneurs non concernés et l'évacuation en urgence de deux femmes après l'assaut. Le vieillard a été sauvé d'une mort par asphyxie et le fils, fou de rage, a blessé deux officiers et mis le feu à l'intérieur de son gourbi avant de tenter de s'immoler. Grâce à l'intervention de la protection civile vu la toile d'araignée des fils électriques, les fosses septiques et le terrain accidenté, on a réussi à maîtriser la situation pour faciliter la tâche aux policiers en civil d'arrêter le hors la loi (père en otage – tentative de suicide – menace de mort – coups et blessures volontaires – incendie volontaire). Cette action menée par les éléments de la police, a permis de continuer de raser le reste du bidonville dont les familles ont quitté les lieux sans se retourner. Une fois l'assiette vidée, la situation s'est calmée mais la tension restait toujours vive. Des familles s'en retournent dans leurs patelins. La poche récupérée, le thé servi et le calme revenu D'autres familles se sont installées à quelques mètres à l'intérieur des locaux commerciaux initiés par le président de la République. Ces espaces se dégradent de jour en jour transformés par les mains de la délinquance à la vente de la drogue, des psychotropes, et devenus par la force des choses et le laisser aller total, fief de tous les maux sociaux. Le wali a donné des instructions fermes pour éradiquer ce phénomène et la liste est déjà ficelée depuis deux ans concernant les futurs bénéficiaires. Pour le responsable des éléments d'intervention, c'est une mission réussie malgré un bilan de neuf policiers blessés, l'arrestation de neuf émeutiers auditionnés et libérés quelques heures après, quant au gars de la bonbonne a gaz, il a été emmené au commissariat «Hébergez-nous ou enterrez- nous !» Arrivés sur place, nous avons pu rencontrer les anciens occupants de ce taudis. Le lieu a été transformé en chantier durant les nuits de Ramadhan au vu et au su de tout le monde et avec la complicité de quelques agents de la Sonelgaz et les clients pour le raccordement d'une toile d'araignée dont le plus grave la ronde des éléments de la police de l'urbanisme ne sont pas concernés par cette transformation en un refuge pour les familles venues de l'autre coin du pays. «Pourtant, affirment les concernés, dont la majorité des nouveaux couples, nous vivons dans ce bidonville depuis plus d'une décennie et nous n'avons aucun bien, ni à Tiaret ni ailleurs…». L'un des habitants, manutentionnaire, nous dira : «Quelqu'un qui possède un camion d'une nouvelle gamme et un autre une voiture de marque Mégane auront-ils le courage de s'installer parmi nous ?» «Comment expliquez-vous qu'un ex-élu quitte son paradis et préfère consommer ses derniers jours au milieu d'un taudis et le partage avec les chiens errants, les moustiques et autres rongeurs». L'ennemi de l'élu c'est aussi lui-même De l'autre côté, dans ce vaste lieu et le long de Oued Tolba, des matelas posés sur les tapis en plastique ou à même le sol sont alignés. Une galette traditionnelle réservée aux intervenants et les agents de la commune avec un thé à la menthe pour la santé de tout le monde ont été servis par le représentant du bidonville . Interrogé par nos soins sur le nombre des concernés pour le relogement dans les prochains mois dans le cadre de la résorption de l'habitat précaire, il nous oriente sur le chef de la daïra avec sourire, qui nous confirme quelques instants plus tard que l'opération bulldozer a touché uniquement les non recensés, quant aux restants, ils ont le droit à un toit. Promesse tenue par le chef de l'exécutif lors de son passage sur les lieux à maintes reprises ... «Cette décision a été prise pour éradiquer définitivement les bidonvilles qui ceinturent la périphérie, et dont les bénéficiaires sont déjà connus et la liste ficelée selon les critères», a indiqué le wali lors d'un entretien. Ils seront recasés à la cité des 650 logements «Hannan» a proximité de Zaâroura. Faut-il aussi signaler l'absence totale des élus de l'APW lors de cette opération, seuls les éléments de la police ont réussi à mettre de l'ordre.