Dès avant l'ouverture du huitième sommet de l'Asem, le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, avait averti que l'UE demanderait à la Chine d'accélérer l'appréciation du yuan face à l'euro après la récente hausse de la monnaie unique, qui pénalise les exportateurs européens. Mais à Bruxelles, le Premier ministre chinois, Wen Jiabao, s'est limité à indiquer que son pays était favorable à une «relative stabilité» des changes. Si cette déclaration a douché les espoirs d'une grande partie des Européens d'une évolution prochaine de la politique monétaire de Pékin et reflète le refus chinois de s'engager sur la voie d'un dialogue monétaire international, l'entourage de Nicolas Sarkozy a préféré y voir une attitude positive. «C'est rare de voir un Premier ministre de la Chine dire devant 42 autres dirigeants qu'il faut aborder la question des taux de change (...) Il semble que sur ce sujet majeur, il est prêt à une discussion», a indiqué l'Elysée, tout en ajoutant que Wen Jiabao n'avait à aucun moment laissé entendre vouloir une appréciation du yuan, comme cela est réclamé en Europe. «Les Chinois souhaitent que l'on réfléchisse aussi à la façon d'éviter les variations erratiques des taux de change. Ça, c'est très, très important», a-t-on ajouté, avant de préciser qu'un euro à 1,27 dollar «convenait» très bien. L'euro se traitait à près de 1,37 dollar lundi en soirée. Stabilité des changes Alors que la tournée sur le Vieux Continent du Premier ministre chinois est l'occasion pour les Européens de marteler leur message d'une nécessaire appréciation du yuan face à la monnaie unique, Wen Jiabao ne s'est cependant pas écarté du discours officiel de Pékin sur ce sujet. «Nous devons travailler ensemble afin de promouvoir la croissance économique mondiale. Nous devons intensifier la coordination des politiques macro-économiques, gérer avec prudence le moment et le rythme du retrait de nos mesures de soutien à l'économie, et maintenir relativement stables les taux de change des grandes monnaies de réserve», a-t-il dit devant une quarantaine de dirigeants des deux continents. Après une réunion bilatérale avec le chef de l'Etat français lundi après-midi,il devait continuer à s'entretenir de ce dossier mardi matin cette fois avec le président de l'Eurogroupe, Jean-Claude Juncker, le commissaire aux Affaires économiques et monétaires, Olli Rehn, et le président de la Banque centrale européenne, Jean-Claude Trichet. Comme les Américains, les Européens cherchent à maintenir la pression sur Pékin afin que la Chine soutienne le niveau de sa monnaie mais leurs efforts ont peu ou pas été couronnés de succès jusqu'ici. Système monétaire international A cinq semaines du début de la présidence française du G20, Nicolas Sarkozy privilégie une approche plus coopérative et s'est engagé depuis près d'un an dans une stratégie des petits pas pour amener les puissances mondiales et les grands émergents à s'accorder sur la nécessité d'une coordination des politiques de change sans braquer Pékin. Le président français prône la mise en place d'instruments susceptibles de prévenir ou de corriger la volatilité excessive des monnaies, l'aggravation des déséquilibres et l'accumulation de réserves de change par des pays émergents, échaudés dans le passé par des retraits brutaux et massifs de capitaux. Il a par ailleurs fait du lancement de la réforme du Système monétaire international (SMI) l'une des priorités de son action à la tête du G20. Lundi, dans son intervention, il n'a pas manqué de rappeler que les déséquilibres monétaires faisaient peser un risque sur toutes les économies mondiales. «La question d'un nouvel ordre monétaire est clairement posée», a-t-il dit selon le texte de son intervention, indiquant que le G7, auquel n'appartient pas la Chine, n'était plus légitime pour traiter les questions monétaires internationales.