Il a montré du doigt certains médias qui ont tout fait pour mettre cette énorme pression sur lui et sur les joueurs pendant et après le Mondial. Une pression qui aurait pu l'épargner pour qu'il puisse poursuivre son travail. Il a parlé en toute liberté de ce qui a fonctionné et de ce qui a été raté. Sollicité pour donner son avis sur la dernière rencontre de la sélection algérienne contre la République centrafricaine à Bangui, il dira «le temps a joué à la défaveur du nouveau sectionneur. Il n'avait pas le temps indispensable pour préparer psychologiquement les joueurs à cette rencontre dont il était optimiste, tout comme les joueurs d'ailleurs. Ce n'est pas facile de préparer cette équipe deux ou trois jours avant la rencontre phare. C'est quasiment impossible. N'importe quel entraîneur au monde vous dira que c'est un défi difficile à relever», avant de souligner d'une manière timide, «on a bâclé la rencontre…» Tout au long du débat, l'ancien sélectionneur n'a pas évité les questions qui fâchent. Sur l'après Coupe du Monde 2010, il rétorque : «Vous savez très bien que les joueurs étaient exposés à un parcours difficile (CAN-CM) et que la pression était notre campagne. Les joueurs étaient fatigués, épuisés. Ils avaient donné tout ce qu'ils pouvaient pour obtenir des résultats que nous connaissons tous. Dieu merci, lors du Mondial nous n'avons pas été humiliés. Nous n'avons pas encaissé de buts à nous faire quitter la compétition tête basse. Ce fut un excellent examen pour les joueurs. Au lieu d'encourager les joueurs et les féliciter pour les résultats enregistrés après 20 années d'absence, voilà qu'une certaine presse se donne à cœur joie à travers une campagne qui n'avait pas de nom contre ma personne et les joueurs. Cela devenait insupportable. A la veille du match Tanzanie – Algérie, cette triste et regrettable campagne refait surface et prend racine depuis les points de presse. L'éternelle question revenait sur le terrain : «Avez-vous pris la décision de quitter la sélection ? Quand allez-vous partir ? Est-il vrai que vous allez rencontrer le président de la Fédération pour négocier votre départ ? On évoque ensuite l'urgence de recruter un entraîneur étranger…» Des questions presque menaçantes, semblait vouloir dire Saâdane. «Sincèrement, on ne pouvait plus respirer. Ce tintamarre commençait à peser sur le groupe.» A la question de savoir dans quelle condition s'est effectué le retour des joueurs en Algérie après le Mondial, il déclare, «vous ne pouvez ignorer que certains ont beaucoup souffert parce qu'ils n'avaient pas retrouver leur club respectif. Ils ne jouaient pas. Problèmes de titularisation, en plus de la fatigue…» Avant d'ajouter, «un mois après, il fallait se remettre au travail pour affronter la Tanzanie. Oui, tout le monde était mobilisé, armé de courage et d'une volonté de fer pour battre la Tanzanie, ils voulaient démontrer leur titre de mondialiste. Nous avons tous communiqué dans le sens d'une victoire…» Mais, regrette encore Saâdane, à quelques jours du match et lors du regroupement des journalistes revenaient à la charge. «Sincèrement on ne pouvait plus respirer, ce tintamarre commençait à peser lourd sur le groupe et malgré ces articles décevants, ces «Une» qui faisaient éloigner nos supporters, l'Equipe était prête à affronter la Tanzanie avec sérénité. Que s'est-il passé après, lui demanda l'animateur de l'émission. Réponse : «Après le nul, et comme il fallait s'y attendre (je passe sur ce qui me concerne). Le lendemain, c'est encore des titres : Saâdane, prend ta valise…» «Bon c'est ce que j'ai fait. J'ai pris ma veste et j'ai déposé ma démission. Voilà, c'est fait avec une conscience tranquille. Ce qui me désole, c'est que tout le monde se mêle. Ils ne comprennent pas que le football n'est pas une science exacte. Il n'existe plus de petites équipes, toutes aspirent à gagner et remporter les trois points», souligne-t-il. Avant d'ajouter, «la patience est de rigueur, mais chez nous, c'est la victoire ou rien». Intervenant en plein débat, un professionnel algérien fera remarquer que le travail de Saâdane a été une référence. «Il a construit une belle image du football algérien. Il s'est sacrifié pour aboutir à des résultats que nous connaissons tous. Mais comme le Maghreb est atteint de cette maladie : victoire ou rien. On connaît la suite.» Enfin, vous remarquerez, dira Saâdane que «dans les défaites, personne ne prend le temps nécessaire pour chercher à savoir ce qui n'a pas marché, à faire des analyses professionnelles, explorer les failles pour en parler par la suite. C'est dommage. On n'oublie souvent les conditions dans lesquelles se préparent les joueurs. On ne parle pas du climat, de l'environnement, de l'humidité, de la pression, des blessés, des absents. En République centrafricaine, personne ne doit en parler, à l'exception du staff qui était présent.» Pour terminer, il lance ce message : «Il faut en finir avec ce climat de morosité. Il faudrait absolument calmer les choses, préparer l'avenir, ne pas en faire une tartine qui risquerait d'avoir des répercussions fâcheuses sur le moral des joueurs et même du staff. L'Algérie a des chances de se qualifier en Coupe d'Afrique. Je connais très bien les joueurs. Fermons la parenthèse et récupérons nos forces pour demain.» Hichem H. A voir n Sport+ : Italie – Serbie à 20h