Qualifiant la situation en Somalie de «préoccupante», l'Union africaine attire l'attention aussi sur la «dégradation de la situation politique» induite par les tensions au sein du gouvernement fédéral de transition et de l'incapacité des institutions à tenir leurs engagements contenus dans le processus de Djibouti. C'est ce qu'a soutenu dans une allocution, jeudi, Ramtane Lamamra, commissaire du Conseil de paix et de sécurité de l'UA, devant les membres du Conseil de sécurité de l'ONU. La nécessité de persévérer dans les efforts consentis jusque-là par la communauté internationale, ONU et UA, étant admise, M. Lamamra a estimé que les déclarions de M. Ban Ki-moon sur la Somalie «traduisent le renouvellement de l'engagement et sans faille» en faveur d'une solution durable aux souffrances du peuple somalien. Si le responsable africain a mis en exergue dans son discours la nécessité de l'adoption de mesures urgentes face à la situation qui prévaut en Somalie, les voies à emprunter pour le long terme ont été évoquées. Le peuple somalien fait face depuis quelques années à des problèmes de survie. Etant à l'extrémité orientale de la Corne de l'Afrique, la Somalie dispose de 3 025 km de côte entre le golfe d'Aden et l'Océan indien avec des frontières terrestres avec Djibouti, l'Ethiopie et le Kenya. Une position géostratégique la plaçant au centre des manœuvres géopolitiques des pays puissants sur fond de convoitises. L'Union africaine, par le biais du Conseil de paix et de sécurité, juge nécessaire d'entreprendre des étapes et œuvrer par l'application de mesures et de décisions sur trois niveaux : la scène somalienne, le plan continental et la communauté internationale. M. Lamamra soulignera à ce propos la responsabilité des dirigeants pour restaurer la paix et la stabilité dans le pays en mettant de côté leurs petits intérêts et les tensions internes inutiles au vu de la situation critique du pays, tout en invitant les dirigeants somaliens à former rapidement leur nouveau gouvernement et la mise en place d'une feuille de route pour la période de transition qui arrive à terme l'été prochain. A cela s'ajoute la prise de mesures en direction du processus constitutionnel et maintenir le dialogue avec les Somaliens aspirant à une paix durable selon le processus de Djibouti. Sur le plan continental, le commissaire pour la paix et la sécurité réaffirme l'accompagnement inéluctable de l'UA dans les efforts des Somaliens ainsi que du soutien de la communauté internationale dans son ensemble. L'Union africaine et l'Autorité intergouvernementale pour le développement (IGAD) continueront d'apporter leur soutien aux Somaliens, a-t-il assuré. Dans les mois à venir, l'Union africaine assistera au processus de paix et renforcera l'Amisom afin de porter ses effectifs militaires à 20 000 hommes et sa composante de police à 1 680 hommes. L'équipement de la force et sa composante civile, a-t-il ajouté, seront également renforcés, ajoutant que l'Union africaine veillera à mobiliser la communauté internationale pour qu'elle joue pleinement son rôle. Quant au rôle de la communauté internationale, particulièrement l'ONU, M. Lamamra a souligné que celle-ci «doit déployer davantage d'efforts pour faire face aux défis que représente la situation actuelle en Somalie» tout en rappelant les mesures que le Conseil de paix et de sécurité de l'UA avait demandées au Conseil de sécurité des Nations unies de prendre rapidement. Ceci en plus des remboursements pour l'équipement des contingents, ainsi que «le paiement des soldes des soldats au même taux que les Casques bleus», afin de garantir à la mission un financement adéquat, prévisible et durable. Ce soutien devrait être accordé à l'Amisom à la fois en Somalie et en dehors du pays, a précisé M. Lamamra. A ces mesures vient s'ajouter celle qui impose un blocus naval et une zone d'exclusion aérienne au-dessus de la Somalie et de veiller à une pleine application des sanctions prises contre ceux qui entravent le processus de paix et de réconciliation. Aussi, il s'agit, dans les mesures soumises au Conseil de sécurité, de traiter de «manière efficace de la question de la piraterie au large des côtes somaliennes et des autres activités maritimes illégales», après avoir souligné que la situation à Mogadiscio et dans le reste du pays «restait inacceptable» et qu'elle était marquée par des violences de toutes sortes, y compris des attaques contre la population que le gouvernement fédéral de transition et l'Amisom ont attribuées aux milices des Shebab et du Hizb al-islam, «avec le soutien actif d'éléments étrangers».