Batailles à 100 km de la capitale somalienne. Réunion aujourd'hui de l'UA, de la LEA et de l'Igad. Le gouvernement transitoire somalien a repris, avec l'appui de l'Ethiopie, son offensive contre les forces islamiques, les contraignant à la retraite et à l'abandon de localités qu'elles avaient conquises ces derniers jours. La guerre en Somalie a totalement changé de physionomie avec l'entrée en action des forces militaires éthiopiennes ve-nues appuyer et soutenir les troupes du gouvernement transitoire somalien, lequel semble avoir repris l'initiative dans un pays miné par quinze années de guerre civile. Aussi, l'entrée d'Addis-Abeba dans la bataille donne-t-elle une autre portée au conflit après que le gouvernement éthiopien eut reconnu lundi, que son aviation avait effectivement bombardé l'aéroport de Mogadiscio. Depuis, la situation s'est accélérée et les forces éthiopiennes et gouvernementales, après la reconquête de quelques localités prises dernièrement par les troupes des tribunaux islamiques, se sont rapprochées hier à une centaine de kilomètres de la capitale aux mains des islamistes depuis le début de l'année. Dans une déclaration à la presse, l'ambassadeur de Somalie à Addis-Abeba, Abdelkarim Farah a affirmé: «Nous ne sommes plus qu'à 100 km de Mogadiscio, vers laquelle nous avançons» indiquant par ailleurs que les combats, entamés il y a une semaine, avaient fait «plus de 1000 morts dans le camp islamiste et 120 dans les rangs loyalistes» M.Farah a d'autre part indiqué que «jusqu'à présent, nous avons avancé sur plus de 600 km» dans le territoire tenu par les tribunaux islamisques, estimant toutefois que la prise de Mogadiscio, «une ville très peuplée», pourrait nécessiter plusieurs jours et le diplomate somalien d'ajouter: «Nous laissons aussi du temps aux tribunaux islamiques pour nouer le dialogue afin de mettre fin à cette situation». Ce qui laisse entendre que le gouvernement transitoire, du moins dans la phase actuelle, alors qu'il reprend l'initiative, n'exclut pas une participation des islamistes au pouvoir dans la nouvelle Somalie. Les combats d'hier ont fait des morts et de nombreux blessés. Selon un bilan donné, hier, par le Ccir (Comité international de la Croix et du Croissant-Rouges) il y a eu quelque huit cents blessés, en tenant compte uniquement des blessés réceptionnés, ce qui laisse entendre que ce nombre peut être plus élevé, précisant que ce bilan n'était que «la face visible» de la violence sur le terrain. Le nombre des blessés a été communiqué par les différentes structures hospitalières avec lesquelles le Cicr est en contact dans l'ensemble du pays, selon la porte-parole du Cicr à Genève. Les nouveaux développement de la situation en Somalie, avec les combats qui s'y déroulent depuis dix jours et surtout l'escalade induite par l'entrée en guerre de l'Ethiopie contre les tribunaux islamiques, a fait réagir, lundi soir, l'Union africaine (UA) qui a condamné «l'escalade dans la crise» en Somalie. L'UA, qui siège à Addis-Abeba, a décidé d'organiser une réunion en commun avec la Ligue arabe et l'Igad (organisme regroupant 7 pays de l'Afrique de l'Est) pour tenter de trouver une solution rapide à la nouvelle donne apparue en Somalie. Dans un communiqué publié dans la soirée de lundi, «le président de la Commission de l'UA, Alpha Oumar Konaré, exprime sa grave préoccupation face à la poursuite des combats en Somalie, entre des forces de l'Union des tribunaux islamiques (UIC) et celles du Gouvernement fédéral de transition somalien, avec l'implication de forces éthiopiennes». M.Konaré «(...) regrette très vivement cette escalade dans la crise en dépit des appels de la communauté internationale aux parties somaliennes à la cessation des hostilités», selon le texte de l'UA. M.Konaré «réitère son appel à la cessation immédiate des combats et des hostilités en vue de la création des conditions propices à la reprise du dialogue entre les deux parties somaliennes sous les auspices de la Ligue des Etats arabes (LEA) et de l'Autorité intergouvernementale de développement (Igad)». Dans cette perspective, l'UA a décidé d'avoir avec ces deux organisations une «réunion de concertation» aujourd'hui à Addis-Abeba sur la situation en Somalie. Selon le Commissaire à la paix et à la sécurité de l'UA, Saïd Djinnit, «la communauté internationale a failli dans son soutien aux institutions de transition somaliennes, qui n'ont malheureusement pas reçu le soutien qui leur aurait permis de se faire respecter sur le terrain» et de poursuivre «ce que nous avons beaucoup redouté semble se dérouler actuellement», en référence à l'intensification des combats en Somalie et à l'officialisation de l'engagement de l'Ethiopie qui a reconnu avoir lancé une contre-offensive en Somalie contre les milices islamistes. «Devant cette situation, nous sommes dans une logique d'essayer de faire quelque chose, d'où cette réunion à haut niveau avec l'Igad et la LEA pour tenter de sortir du cercle vicieux actuel», a conclu M.Djinnit, selon lequel il «faut ramener les parties somaliennes au dialogue sans perdre de vue le soutien au TFG (gouvernement fédéral transitoire), seul gouvernement légitime».