Se basant sur trois observations générales du phénomène, à savoir qu'il faut une approche pluridisciplinaire pour bien appréhender la question, faire des analyses comparatives en se basant sur des recherches menées par les Africains eux-mêmes et encourager la recherche sur le sujet. Les participants au symposium sont unanimes à reconnaître qu'il y a un changement de perspective dans l'appréhension de la migration africaine qui est «intra continentale» et non orientée vers les pays occidentaux. De l'avis des participants, les débats lors de ce symposium jugés enrichissants ont ouvert surtout une piste de recherche sur le phénomène des migrations avec la perspective de développer les échanges à travers un réseau à mettre en place en prévision du prochain rendez-vous dans trois ans. La réflexion doit se poursuivre, ont recommandé les participants en particulier sur les nombreux thèmes de recherches déblayés à savoir, les définitions de la migration (migrants, diaspora, transnationaux), celles dites de retour, les migrations des mineurs, féminines, climatiques, des réfugiés politiques, leurs apports en matière financière pour le pays de départ et celui d'accueil, la mobilité des compétences ou fuite de cerveaux etc. Concernant la mobilité des compétences (ou fuite des cerveaux), il sera question de développer l'exploration d'une vision africaine à savoir celle de la migration sud/sud et non plus nord/sud et le transfert de celle-ci aussi bien sur le plan macro que microéconomique et ce sur la base d'enquêtes à mener localement. L'autre point important de ce symposium, qui a permis la présentation de 35 communications sur les 57 prévues en plus des travaux d'ateliers de 9 doctorants, est celui de la mobilité des compétences, autrement dit la fuite des cerveaux du continent africain qui a connu ces vingt dernières années une saignée avec le nouveau concept de la migration choisie imposée par des pays occidentaux qui renvoient les pauvres et accueillent l'élite. Cette question, largement débattue, selon M. Farfara, a mis en exergue que même si les rares chiffres dont on dispose sur cet exode peuvent varier, ils montrent tous que le continent va perdre les personnes (son élite) dont dépend son développement social, scientifique et économique. Citant un rapport de la CEA, pour la période entre 1960 et 1989, il a noté que 127 000 spécialistes africains hautement qualifiés ont quitté le continent. D'après l'Organisation internationale pour la migration (OIM), les départs se chiffrent à 20 000 par année depuis 1990 et, aujourd'hui, plus de 300 000 spécialistes africains résident à l'étranger. L'exemple le plus explicite est celui de l'Ethiopie qui a perdu 75% de sa main-d'œuvre spécialisée. Cet exode qui provoque «la lente asphyxie» du continent a fait dire aux Nations unies que l'émigration de spécialistes africains vers l'Occident est un des principaux obstacles au développement de l'Afrique, a-t-on relevé. Une problématique à laquelle les chercheurs présents à Tipasa ont commencé à y réfléchir pour d'abord la quantifier et pourquoi pas proposer des solutions aux décideurs politiques, a-t-on signalé. Un chercheur nigérien de l'université de Niamey, M. Mounikia Harouna, a dit, de son coté, avoir «beaucoup appris» durant son séjour à Tipasa en particulier sur les flux vers le nord qui sont «insignifiants». Désormais, a-t-il souligné, il y a des arguments pour battre en brèche «l'agitation des pays développés quant à leur envahissement par les immigrés du continent africain». De plus, le chercheur nigérien qui a plutôt une approche de géographe quant à la question de la migration, retiendra de sa participation à ce séminaire que l'approche multidisciplinaire est plus que nécessaire pour faire un travail de scientifique sur le phénomène migratoire en Afrique. Les participants se sont donnés rendez dans trois ans pour un autre symposium tout en veillant à mettre en place un pôle d'observation de la migration et d'un site Web regroupant l'ensemble des travaux scientifiques relatifs à la problématique appréhendée par les africains eux-mêmes.