Le communiqué fina,l laborieusement élaboré par les ministres des Finances du Groupe des vingt principaux pays développés et en développement (G20), contient des promesses sur les changes et un accord sur la réforme de la gouvernance du Fonds monétaire international, mais il ne fixe pas d'objectifs de réduction des déséquilibres commerciaux qui menacent la croissance mondiale. Selon certains, ce compromis ne fait que masquer les points de vue opposés des deux principaux belligérants : les Etats-Unis et la Chine. Washington voulait que les pays ayant des excédents commerciaux importants, principalement la Chine, laissent leur devise s'apprécier. Le communiqué appelle à des taux de change qui soient davantage fixés par les marchés, à éviter les dévaluations compétitives et à mener des politiques visant à réduire les déséquilibres des comptes courants. Les pays en développement critiquaient les pays riches pour vouloir faire fonctionner la planche à billets et déclencher ce faisant un afflux de capitaux sur leurs marchés émergents, au risque de faire flamber leurs devises et d'handicaper leurs exportations. Le communiqué final promet que les pays dont la monnaie fait office de réserve de change - les Etats-Unis en langage codé - seront vigilants face aux fluctuations désordonnées sur les marchés des changes. «Progrès» «L'issue de la réunion du G20 montre à l'évidence un progrès dans le débat sur le rééquilibrage mondial. Mais ce n'est pas non plus un accord du style «accords du Plaza' qui signalerait un large accord sur le rôle que doivent jouer les devises dans le rééquilibrage mondial", commente Thomas Stolper, spécialiste des devises chez Goldman Sachs à Londres, en faisant allusion aux accords du Plaza de 1985 conclus par cinq pays pour faire baisser le dollar. Tout en soulignant les côtés positifs de l'accord du G20 - Washington s'est engagé à ne pas dévaluer le dollar si les économies émergentes laissent leur devises s'apprécier - Chris Turner, responsable des changes chez ING Commercial Banking à Londres, ne voit pas pour autant une nouvelle ère en matière de coopération. En marge de la réunion, des critiques ont fusé. Le ministre allemand de l'Economie, Rainer Brüderle, ne s'est pas privé de dire que l'assouplissement quantitatif que s'apprête à mettre en oeuvre la Réserve fédérale des Etats-Unis, c'est-à-dire l'utilisation de la planche à billet pour racheter des actifs et soutenir l'économie américaine, équivalait à une manipulation du taux de change du dollar. «Le communiqué final montre tous les signes d'un compromis peu convaincant entre des intérêts concurrents», commente Gareth Berry spécialiste des changes chez UBS à Singapour. Toutefois, il y a la preuve de progrès dans des secteurs importants. Et compte tenu du fait que le prochain sommet du G20 est dans moins de trois semaines, l'accord (de samedi) pourrait permettre le passage vers une coopération économique renforcée au niveau international. La proposition du secrétaire américain au Trésor, Timothy Geithner, de limiter les excédents ou les déficits des comptes courants à 4 % du produit intérieur brut (PIB) a été aussi accueillie froidement. L'Inde, la Russie, le Japon et l'Allemagne, ainsi que la Chine, spécifiquement visée, ont tous refusé cette proposition. «Un seul chiffre appliqué à tous les pays pourrait ne pas convenir», a déclaré George Osborne, le chancelier de l'Echiquier britannique (ministre des Finances).