Une nouvelle réglementation sur les risques de liquidité bancaire est en cours de préparation et devra être soumise au Conseil de la monnaie et du crédit avant la fin de l'année, a annoncé dimanche dernier à Alger le gouverneur de la Banque d'Algérie (BA), Mohamed Laksaci. Cette réglementation «sera en phase avec les nouvelles normes fixées par le comité de Bâle en matière des règles de supervision», a précisé M. Laksaci à l'ouverture d'une réunion à huis clos avec les P-DG des banques. La liquidité bancaire en Algérie a atteint 1 100 milliards de DA à fin juin 2010, soit le même niveau enregistré à la fin 2009. Ce niveau reflète «un système bancaire en excès de liquidité», selon M. Laksaci. «La crise financière internationale est apparue d'abord en 2007 sous forme d'une crise de liquidité. Chez nous, c'est l'inverse», a-t-il dit en expliquant que «l'excès de liquidité n'est pas un phénomène isolé mais exprime surtout un excès d'épargne par rapport à l'investissement». M. Laksaci a également avancé que le «comité de stabilité financière», mis en place au sein de la BA depuis deux ans, «va, à court terme, revoir les 11 indicateurs de solidité financière pour leur ajouter quatre nouveaux indicateurs». Ce comité «se penchera davantage sur une approche macro-financière qui tient compte au moins de deux nouvelles variables que sont l'excès de liquidité structurelle et la nécessité d'améliorer et d'augmenter l'allocation des crédits à l'économie», a-t-il encore précisé. Depuis 2002, année du début de la constitution de la surliquidité bancaire, la BA a tenté d'absorber l'excès de cette liquidité tout en laissant aux banques l'initiative de placer leur argent en dépôts rémunérés, a-t-il rappelé. Ces dépôts ont atteint 829 milliards de DA à fin juin, selon lui. Afin de déceler de potentielles vulnérabilités ou des seuils de sécurité critique au sein des organismes bancaires et institutions assimilées, la Banque d'Algérie vient d'être dotée, à la faveur de la nouvelle ordonnance relative à la monnaie et au crédit adoptée en octobre, de nouveaux mécanismes, a souligné Laksaci. «La banque d'Algérie devrait à l'avenir détecter d'une manière précoce toute vulnérabilité au sein des banques», a-t-il annoncé. L'ordonnance 10-04 amendant et complétant l'ordonnance relative à la monnaie et au crédit de 2003 «renforce l'ancrage légal de la stabilité financière du pays en élargissant les prérogatives de la BA afin qu'elle puisse lancer tout type d'investigation au niveau des banques», a-t-il indiqué. Cette réforme des instruments de gestion prudentielle des banques «est le point le plus important» de cette ordonnance, a-t-il dit. Le renforcement de la surveillance des systèmes de paiement, la mise en place, durant le premier semestre 2011, d'un système de notation des banques ainsi que la mise en oeuvre de la nouvelle centrale des risques permettront parallèlement de mieux gérer les risques bancaires, selon Laksaci. Les prérogatives du Conseil de la monnaie et du crédit seront par ailleurs «élargies à de nouveaux produits d'épargne et de crédits», a-t-il ajouté.