Nul n'est à l'abri de ce trafic qui profite à des réseaux tant internes qu'externes. Les bergers, les petits éleveurs, les transhumants, les fermes familiales et les professionnels des étables font l'objet d'attaques, d'agressions et de vol de bétail. A qui profite ce «bisness» quand on sait que l'Algérie subit de plein fouet les retombées d'un tel trafic ? Comment opèrent les voleurs affiliés aux réseaux nationaux et internationaux, notamment ceux basés au Maroc ? mais aussi où opèrent-ils et où va leur moisson ? Eléments de réponse : plus de 2 000 têtes d'ovins subtilisées et pas moins de 712 affaires traitées en moins de 10 mois tel est le bilan issu d'une triste réalité à laquelle font face au quotidien nos éleveurs dont leur seule ressource fait l'objet de convoitise de voleurs, de réseaux de banditisme et de criminels, de receleurs mais aussi de responsables d'abattoirs clandestins qui profitent dès qu'une opportunité se présente pour s'enrichir. Et si le vol de bovins ne constitue qu'un pourcentage minime de ce trafic elle vient en tête du hit-parade avec plus de 90 % des cas signalés, tant sur nos bandes frontalières terrestres que sur la voie routière où les services de sécurité ont enregistré des transports illégaux de viande de mouton. C'est un coup dur pour nos éleveurs, certes, mais aussi pour le marché de la viande qui connaît une flambée de prix à chaque occasion comme le mois sacré du ramadhan ou encore des fêtes religieuses et l'Aïd El Kebir. Tous les cheptels dérobés à proximité des bandes frontalières terrestres sont acheminés vers deux pays voisins où les voleurs empochent des miettes, voire une bouchée de pain contre une viande d'excellente qualité. Les riverains dont les liens de parenté sont déjà établis et connus dans ces deux pays voisins participent activement à l'acheminement des ovins et des bovins subtilisés par la force à leurs propriétaires. Première victime du fléau, les éleveurs comme d'ailleurs les simples bergers qui ne vivent que de ce métier ancestral, fruit du produit du terroir n'ont d'autre choix que de prendre leur mal en patience et ce, sachant que les plaintes déposées au niveau des brigades territoriales de la Gendarmerie nationale et sûreté de wilaya ont facilité le travail de retrouver les auteurs et d e récupérer le bétail que ce soit sur les axes routiers ou dans les hangars et autres bicoques où sont dissimulés les cheptels. Nos éleveurs n'ont pas en face que des méandres de dame Nature pour tenir bon, en plus de l'épreuve de la sécheresse, de la cherté du foin et de l'aliment de bétail, ils font face au jour le jour à l'insécurité. Armés de patience, apaisés par montagnes, ils résistent aux grandes chaleurs, au froid, au vent au manque mais aussi aux maladies qui guettent leurs cheptel, aux soins onéreux de leurs bêtes et, enfin, aux bandes de criminels, eux armés de bâtons, de barres de fer, d'armes blanches et, souvent, d'armes à feu. Il ressort à cet effet que les éleveurs sont passés à tabac avant qu'ils ne soient ligotés, malmenés, agressés, délestés et humiliés dans leur amour-propre avant qu'ils ne soient délestés de leur cheptel. Ces individus sans scrupule iront jusqu'à revendre le bétail à des prix sacrifiés à l'image de ces receleurs qui ont vendu quatre taureaux pour 220 000 dinars ! Il en ressort que l'inquiétude de nos éleveurs ne fait que grandir dès que les réseaux établis derrière nos frontières multiplient les complicités tant en Algérie qu'au Maroc. En effet, des troupeaux entiers abandonnés par les contrebandiers à la vue ds dispositifs des GGF et des points de contrôle et de surveillance des gendarmes ont été récupérés et restitués à leurs propriétaires qui avaient déposé des plaintes. Mais l'arrière-pensée est ailleurs ! Des deux côtés des frontières, les voleurs et les receleurs constitués en associations de malfaiteurs blanchissent l'argent des ventes pour échapper aux signes extérieurs de richesse. ? Véritables «agneaux» par ailleurs arrivistes dans le blanchiment d'argent, ils tissent des petites toiles pour passer inaperçus et gagner davantage la confiance de leurs contacts sur le territoire algérien, notamment pour développer d'autres activités illégales. Les retombées sont déjà là puisqu'on annonce d'ores et déjà que le prix du mouton connaîtra une hausse assez sensible pour ne pas dire aberrante à quelques jours de la fête de l'Aïd El Kebir. Déjà maintenu entre 800 et 900 dinars le kilo, le prix de l'agneau, le vrai agneau sera chèrement payé par les Algériens.