Celui qui s'est avéré être un agent du Mossad israélien, jouissant de la triple nationalité française, israélienne et palestinienne, avait été poursuivi pour fraude fiscale, falsification de factures et opposition au contrôle du fisc. Faits pour lesquels il avait été condamné par contumace le 3 novembre dernier par la cour criminelle de Annaba à 20 ans de prison, le paiement de l'intégralité du montant de 1,55 milliard de dinars, représentant les droits et taxes, et une amende de 10 millions de DA. Pour ces mêmes griefs, il avait été innocenté par deux fois par la même cour de justice lors de procès en 1re et 2e instance, où il avait été défendu par dix avocats. Par le seul fait d'avoir fui et un 3e jugement pour la même affaire de fisc, ce qui n'était que doute chez ses avocats s'est transformé en certitude quant à être impliqué dans un réseau de renseignement au service d'un pays étranger. Des sources crédibles proches du dossier ont confirmé non seulement son appartenance au Mossad mais également son étroite relation avec les services spéciaux marocains. Ce Franco-Israélo-Palestinien, qualifié par le précédent consul général de France à Annaba «d'investisseur français en Algérie intègre, victime de dépassement et de harcèlement des institutions algériennes», a vécu durant plusieurs semaines dans la clandestinité. De Annaba, il a rejoint via Alger, Oran et Tlemcen le Maroc en empruntant des chemins détournés. Les mêmes sources ont affirmé que les autorités compétentes algériennes détiennent des preuves formelles de l'implication des services spéciaux marocains. Ces derniers auraient été sollicités par le Mossad pour l'organisation de la fuite de leur agent. Preuves accablantes, même si des interrogations se posent toujours sur les moyens utilisés pour le déplacement de Messalha censé être venu à Annaba, accompagné de deux Turcs, disparus depuis, pour investir dans la récupération des déchets ferreux. Il a fallu la vigilance, la compétence, la détermination et la pugnacité des responsables des impôts ainsi que le tact et le doigté des enquêteurs du CTRI de Annaba pour que son activité dans la collecte des renseignements dans tous les domaines de la vie de notre pays soit mise à jour. Convaincu, comme il le dira récemment sur la chaîne de télévision Al Jazeera, que la corruption est générale en Algérie, il n'avait pas jugé utile de se mettre à jour avec le fisc à Annaba. Ayant ses entrées, y compris là où l'accès du citoyen algérien est impossible, arrosant quotidiennement son environnement humain direct et indirect de dinars et d'euros, reçu à toute heure et de tout temps par les services du consulat général de France à Annaba, le PDG d'ATF était devenu un personnage clef dans la vie des Annabis. Et lorsque Hacène Fellah, son concurrent dans la récupération des déchets ferreux, alerta les autorités algériennes sur les activités de renseignement auquel s'adonnait «le Palestinien», c'est Fellah lui-même qui sera interpellé, arrêté et condamné à 10 ans de prison ferme pour fraude fiscale. Incorruptible, les agents et cadres des impôts l'ont démontré dans l'affaire du P-DG d'ATF. Bon nombre, y compris ceux en poste à la Direction générale des impôts, furent invités à se taire. Ils avaient le choix entre percevoir une rondelette somme d'argent que le Palestinien leur proposait ou être professionnellement et socialement brisés. Rien n'y fit. La procédure de poursuite judiciaire à son encontre pour récupérer 1,55 milliard de dinars représentant les droits et taxes fiscaux, était engagée. Contre toute attente, et malgré les preuves documentées prouvant la fraude fiscale, la chambre d'accusation près la cour de justice de Annaba ordonna sa libération après 9 mois de détention. Ce sont ces preuves qui permettront aux éléments du CTRI de poursuivre leurs investigations. Elles aboutirent à la confirmation du motif réel de la présence du Palestinien en Algérie. Ce que consolidera le disque dur que Messalha Saïd Youcef, dans sa précipitation pour fuir, n'a pas eu le temps de détruire. Tout autant que d'autres ordinateurs saisis qui contenaient des noms de personnes figurant sur la liste des effectifs d'ATF mais n'ayant jamais travaillé. Nos sources ont affirmé que celles-ci percevaient un salaire mensuel, car accomplissant, à la demande du P-DG, des missions les plus inattendues et les plus délicates. Comme celles de recruter et de gérer des informateurs, de se déplacer à travers toutes les régions du pays sous couvert de la prospection des déchets ferreux, d'effectuer le change de la monnaie nationale vers l'euro ou de procéder à des transferts illégaux de fonds vers l'étranger. Autre fait important, l'arrivée du Franco-Israélo-Palestinien au début des années 2000 coïncidait avec la fuite en France de Brahim Zekri. Harki comme son frère durant la période coloniale, ce dernier, ayant la double nationalité algérienne et française, était arrivé à infiltrer plusieurs institutions de la République. Président de la chambre de commerce et d'industrie Seybouse de Annaba, anciennement vice-président de l'Assemblée populaire de wilaya, Zekri Brahim, privé de ses droits civiques parce qu'inscrit sur la liste des traitres à la lutte armée pour l'indépendance, s'est avéré être, par la suite, un agent des services français des renseignements. Ce harki formellement identifié comme tel avait accès dans les services les plus étanches au public de nos institutions et prendra également la fuite à la veille de son interpellation pour... fraude fiscale. Cette coïncidence dans le départ de l'un et l'arrivée de l'autre n'a pas échappé aux enquêteurs du CTRI. Ces derniers ont découvert également que le Palestinien avait fait un grand nombre de victimes dans le milieu des affaires. Y compris chez les usuriers bien connus sur la place annabie. 48 heures avant de prendre la fuite vers la frontière marocaine qu'il devait franchir accompagné d'officiers des services spéciaux marocains, le patron d'ATF a allégé deux de ces usuriers respectivement de 140 et 60 millions de DA. Comme il a réussi à vendre sa villa à Gassiot, pourtant sous scellés dans la perspective de sa saisie, à un particulier pour 45 millions de DA. Ces opérations d'escroquerie et d'arnaque avaient été réalisées quelques jours après la décision de la Cour suprême de rejeter le verdict de non-lieu prononcé par la cour criminelle de Annaba. Certain qu'il ne quitterait pas le territoire algérien sans avoir à rendre des comptes sur ses activités de renseignement, Messalha Saïd Youcef avait pris ses dispositions pour partir les poches pleines de devises. C'est le résultat du change sur le marché parallèle de Annaba (une autre atteinte aux intérêts supérieurs du pays), des centaines de millions de dinars rapidement amassés.