Irving Picard estime que tous ces établissements ont profité de la pyramide de Ponzi mise en place par Bernard Madoff. L'escroquerie, qui a duré vingt ans et dont le préjudice mondial a été évalué à environ 65 milliards de dollars, garde ses mystères puisqu'aucun procès ne s'est tenu aux Etats-Unis. Bernard Madoff a, en effet, plaidé coupable et accepté en juin 2009 une peine de 150 ans de prison, qu'il purge actuellement. D'après Irving Picard, Legacy Capital a reçu au moins 255,8 millions de dollars (191,3 millions d'euros) de Bernard L. Madoff Investment Securities (BLMIS) entre 2000 et le 11 décembre 2008, date à laquelle la fraude a été révélée. Sur ce total, quelque 89,3 millions représentaient des paiements frauduleux. Or, toujours selon l'administrateur judiciaire, BNP Paribas a repris le contrôle des comptes de Legacy Capital en 2004 tout en étant au courant des soupçons de fraude pesant déjà à l'époque sur Bernard Madoff. D'après la plainte déposée par Irving Picard, Legacy Capital, basé aux îles Vierges britanniques, aurait reçu 175 millions de dollars de transferts frauduleux après la prise de contrôle de l'établissement par BNP Paribas. La banque française n'a jamais mené d'enquête ni procédé à l'examen des comptes tout en empochant des millions de dollars de commissions, poursuit l'administrateur judiciaire. BNP Paribas a dit ne pas avoir de commentaires à faire dans l'immédiat. Les actions engagées par Irving Picard se sont accélérées, récemment, l'administrateur ayant jusqu'au 11 décembre, dernier délai, pour les déposer. Selon la loi américaine, les plaignants ont deux ans pour engager des actions judiciaires à partir du jour où ils ont découvert une fraude. Fin mai dernier, un avocat des victimes avait dit qu'une vingtaine de banques européennes avaient accepté d'indemniser à hauteur de 15,5 milliards de dollars (12,6 milliards d'euros) des investisseurs non américains floués par l'escroquerie montée par Bernard Madoff. Lundi, Irving Picard a dit qu'il réclamait neuf milliards de dollars (6,8 milliards d'euros) à la HSBC, estimant que la banque britannique avait permis la plus grande escroquerie de l'histoire de la finance «en créant, faisant la promotion et soutenant un réseau international d'une douzaine de fonds alimentant la fraude et basés en Europe, aux Caraïbes et en Amérique centrale».