Celle parrainée actuellement par le ministère de l'Agriculture et du Développement rural en collaboration avec le groupe Amor Benamor, transformateur des produits agricoles (blé dur- tomate industrielle- fruits) sera peut- être la bonne. L'Algérie pourrait, après avoir atteint son autosuffisance, se transformer en exportateur de blé dur. L'hypothèse peut surprendre dans le climat actuel de pessimisme général et de suspicion permanente. Mais derrière les statistiques de la production du blé dur en hausse (61,2 millions qtx en 2009 et 45,6 millions qtx en 2010) et l'engouement des agriculteurs à adhérer à cette politique de développement de la production de cette spécialité, les premiers signes positifs sont bien là. C'est en tous les cas ce qui se dégage des propos de Rachid Benaïssa le premier responsable du MADR. Réputé réagir toujours avec retard aux impulsions des agriculteurs et autres animateurs des filières agricoles, cette institution du gouvernement voit l'horizon s'éclaircir même s'il est quelque peu assombri par la perte de quelques 1 000 tonnes de thon rouge et que les laitiers continuent de menacer de faire faux bond. A Annaba où il a inauguré hier mercredi les Journées techniques sur la promotion de la qualité des blés durs dans les hautes plaines de l'Est du pays, M Rachid Benaïssa n'a pas pu contenir son euphorie. Les deux records de production de blé dur enregistrés en 2009/2010, sont pour beaucoup dans l'esprit de ce ministre bâtisseur du plus efficace système de subvention. Il l'a exprimé à travers les éloges adressés à Laïd Benamor, P-DG du groupe du même nom qu'il a qualifié de partenaire dans une opération de développement des blés durs. Pour le ministre, bien suivie, cette opération pourrait permettre d'atteindre l'autosuffisance et exporter vers différents pays du monde. Selon M Rachid Benaïssa, le groupe Amor Benamor donne le ton. Et il le prouve en organisant ces deux journées techniques d'Annaba (15 et 16/12/2010). Etat actuel et perspectives, amélioration de la qualité technologique des blés durs et sélection participative, viabilité et vigueur des semences, impact des maladies et stockage des blés ainsi que d'autres aspects relatifs à la culture, la production, la transformation et la commercialisation de ces céréales, ont été les thèmes traités durant cette manifestation économique. Devant un parterre composé d'agriculteurs céréaliers, transformateurs, chercheurs universitaires, experts et animateurs directs du monde rural algérien des régions de l'Est du pays, le ministre s'est attardé sur de nombreuses questions. La plus importante est la nécessité pour les uns et les autres de dépasser les deux niveaux de production atteints en 2009 et 2010. Comme il a défini le cadre général d'intervention de l'Etat pour développer davantage cette production. «Les crises alimentaires seront dans les prochaines années une réalité de tout instant. Elles seront plus virulentes et gare à tout pays qui n'aurait pas pris ses dispositions pour assurer ses arrières. Nous devons créer une synergie, regrouper nos idées et peaufiner nos démarches pour que ces crises ne nous atteignent pas» a-t-il souligné. Stimulé par le puissant rebond de l'activité culture des blés durs y compris l'augmentation des surfaces destinées à cette spéculation agricole, M Rachid Benaïssa a plaidé pour une démarche englobant l'ensemble des filières via la multiplication des contacts d'information. «Pourquoi les laitiers n'agiraient-ils pas de la même manière que pour les blés ?» a-t-il lancé tout en estimant que des groupes d'intérêts aguerris au travail de coulisses font tout pour faire capoter toute opération allant dans le sens de la politique de l'Etat. Il a accusé les mêmes types de groupes d'intérêts qui activent dans le milieu de la pêche du thon. «Ils sont pour beaucoup dans ce qui nous arrive dans cette activité» dira-t-il. Les centaines de participants à ces journées techniques sur la promotion de la qualité des blés tendres avaient l'impression que la patron du MADR goûtait avec délice son séjour à Annaba au contact des responsables du groupe Amor Benamor. En s'assurant de 50% des besoins nationaux en concentré de tomate, d'une large part du marché de la semoule et des pâtes alimentaires, ce dernier s'est imposé en partenaire incontournable dans le développement agricole. Et lorsque ses gestionnaires affirment cumuler une maîtrise avérée des aspects technico-économiques de la filière agroalimentaire avec une longue expérience en matière de partenariat, il faut les croire. D'autant que selon leur P-DG, ils ambitionnent d'augmenter non seulement la production mais surtout d'améliorer la qualité des produits issus de la transformation du blé dur. Avant de se rendre dans la wilaya de Guelma deuxième étape de son programme de travail, le ministre a appelé les agriculteurs à poursuivre leurs efforts pour assurer la sécurité alimentaire de notre pays, synonyme, précisera t-il de souveraineté nationale. A Guelma, il devait présider la cérémonie d'ouverture d'un Centre régional interprofessionnel des céréales. Il s'agit du sixième du genre.