On lance en l'air des concepts d'origine étrangère et on dit que c'est ce que nous allons faire. On a beaucoup parlé de la police de proximité sans que ne soit réellement expliqué le contenu de ce concept. De quoi s'agit-il ? Education de proximité ? Répression de proximité ? Durant la décennie 90, on parlait beaucoup de police de proximité, mais de la réforme de la police, jamais de réformes dans les activités régaliennes de l'Etat. Au début, on attendait beaucoup de Zerhouni qu'il initie des réformes en la matière, mais en réalité, il n'y eut rien. Plutôt que des réformes, nous avions eu droit à des slogans - le fameux «Les hommes debout» - et des spots diffusés par l'unique qui invitaient les populations à plus de vigilance. Posture limitée au regard - suspecter les colis abandonnés et signaler. Il y avait bien des innovations, tels que les Patriotes, les GLD, la Garde communale... Mais cela avait été fait antérieurement, au tout début de la décennie 90. Des exemples d'omission. En France par exemple, les maires étaient impliqués dans le champ de la sécurité en vertu d'une loi votée en mai de l'année... 1884. On n'avait pas estimé que cet exemple devait inspirer les pouvoirs publics ; nos pouvoirs publics. Un autre exemple. Le SEMIS (Conseil interministériel de sécurité) travaille de façon informelle, alors qu'il aurait pu être formalisé comme cadre structuré. Encore un exemple. Avec l'urbanisation qui atteint maintenant nos campagnes, l'Etat aurait dû procéder à une redéfinition des critères espaces de gendarmerie et espaces de police. Toute définition d'une politique nouvelle devrait se structurer autour de concepts nouveaux, mais il semble que le temps n'est pas à la réflexion par peur des efforts d'adaptation. S. I.