En juin 2002, un mois après son arrivée au ministère de l'Intérieur, Nicolas Sarkozy décrète « la guerre à l'insécurité ». Devant 2000 officiers de police, il lance : « L'impunité a progressivement été considérée comme allant de soi et le délinquant comme une victime sociale. » En déplacement à Toulouse en février 2003, Nicolas Sarkozy supprime la police de proximité de Toulouse, un concept proposé en 1997 par Jean-Pierre Chevènement, alors ministre de l'Intérieur. L'expérience démarre sur Paris en 1998 avant d'être étendue à l'ensemble du territoire par son successeur Daniel Vaillant. La police de proximité, ce sont des équipes de gardiens de la paix polyvalents chargés du recueil et du suivi des plaintes, de l'îlotage et de la répression à l'échelle d'un petit territoire. « La police n'est pas là pour organiser des tournois sportifs, mais pour arrêter les délinquants, vous n'êtes pas des travailleurs sociaux », avait lancé Nicolas Sarkozy aux policiers présents à Toulouse. Cette décision du ministre de l'Intérieur est contestée par les policiers eux-mêmes. L'Union nationale des syndicats autonomes (Unsa) des policiers (principal syndicat de police), inquiète de la situation « dramatique » dans les banlieues parisiennes, a demandé que « la police de proximité soit rétablie dans les cités », jeudi 3 novembre, lors d'un point de presse improvisé à Aulnay-sous-Bois. Lucien Cozzoli, secrétaire national de l'Unsa-Police-Paris a déploré que Sarkozy ait « supprimé la police de proximité qui, présente au quotidien dans les quartiers, permettait de désamorcer des conflits. On n'a plus ce rempart, et on tombe dans des dérapages extrêmes. On va ramer pour ramener l'ordre... » Par ailleurs, l'Unsa-Police a demandé à Nicolas Sarkozy de modérer ses propos. « C'est trop facile d'aller exciter les jeunes et après d'aller se coucher », a critiqué Francis Masanet, secrétaire général adjoint du syndicat de policiers. « Nous, nous sommes confrontés vingt-quatre heures sur vingt-quatre à cette situation. On ne peut pas dire aujourd'hui qu'on va nettoyer les cités au Kärcher. Ce n'est pas comme ça qu'on engage le dialogue. » Pour Lucien Cozzoli, secrétaire national de l'Unsa-Police-Paris, « les propos tenus par Sarkozy sur le nettoyage et la racaille n'engagent que lui, certainement pas la police... Ces mots ne sont pas faits pour apaiser le monde. Il faut arrêter de monter en vrille les jeunes des quartiers. Il va falloir calmer le jeu. Car le risque majeur, c'est que les violences se propagent ».