Le président de la République vient d'ordonner au gouvernement de solliciter les premiers responsables de l'ONU, de la Ligue arabe, de l'Organisation de la Conférence islamique ainsi que de l'Union africaine pour l'envoi de leurs observateurs à l'occasion de l'élection présidentielle. C'est ce qu'a annoncé, hier, M. Ouyahia lors de son allocution à l'occasion de l'installation de la Commission nationale chargée de la préparation et de l'organisation de l'élection présidentielle de 2009. Rappelant que la directive présidentielle portant mise sur pied de cette commission procède de la volonté du chef de l'Etat de veiller à ce que soient réunies les conditions requises pour la bonne organisation, la transparence et la régularité de ces élections. Le Premier ministre a déclaré que «c'est cette même volonté qui a également conduit le Président Abdelaziz Bouteflika à ordonner au gouvernement de solliciter la présence de ces observateurs étrangers», ajoutant que le ministre des Affaires étrangères «a déjà engagé cette démarche». M. Ouyahia a souligné qu'il «revient au gouvernement de veiller à la mobilisation des moyens de l'Etat pour la bonne préparation du scrutin du printemps prochain et son déroulement dans les meilleures conditions». «Cette mission, a-t-il poursuivi, fera appel aux ressources et aux compétences de l'ensemble des institutions et appareils de l'Etat, dont chacun aura à assumer son rôle de manière efficace et impartiale», indiquant que la commission nationale «aura, quant à elle, le devoir de coordonner toute cette action». M. Ouyahia a affirmé, en outre, que chaque étape majeure qui sera atteinte dans la préparation de la prochaine élection présidentielle fera l'objet d'un point de situation destiné aux médias et à l'opinion nationale. La commission est présidée par le Premier ministre et est composée de plusieurs départements ministériels. Lors de sa dernière allocution devant l'APN, à l'occasion de la présentation du Plan d'action du gouvernement, le Premier ministre, avait indiqué près de 600.000 agents seront mobilisés pour la gestion des différentes opérations liées à l'organisation de ces élections. Contrairement aux précédents scrutins présidentiels, celui d'avril prochain intervient dans un contexte particulier marqué essentiellement par la révision partielle de la constitution, qui ouvre la voie au président de la République (initiateur de cette démarche) de se représenter pour un troisième mandat. M. Bouteflika, qui a jusqu'à présent, laissé le soin à ses soutiens traditionnels (partis de l'alliance et autres associations et organisations de masse), de s'exprimer et d'adopter des positions en faveur de sa candidature, ne s'est toujours pas exprimé sur la question. A quatre mois du scrutin, et sans surprise, le FLN, le RND et le MSP, ainsi que certains «micro-partis», ont déjà apporté leur soutien à la candidature du président de la République. D'autres partis à l'image du FNA, AHD 54 ou El-Infitah, ont plébiscité la candidature de leurs présidents, alors que le RCD, qui représente l'opposition au sein de l'assemblée, lie sa participation à la présence massive d'observateurs étrangers. En attendant, une éventuelle réaction du RCD, suite à la décision du président de la République de faire appel à des observateurs étrangers, le parti de Said Sadi, qui a déjà rejeté le projet de révision, qu'il a qualifié de «coup de force constitutionnel», a conditionné sa participation à la prochaine élection présidentielle à «la présence massive d'observateurs internationaux» au scrutin. «Il n'est pas question pour nous de nous présenter tant que la surveillance internationale massive et qualifiée n'est pas là pour garantir fidèlement un scrutin libre et régulier», avait précisé dernièrement Saïd Sadi, qui a participé aux présidentielles de 1995 et 2004. S'exprimant sur ce point la secrétaire générale du parti de Travailleurs (PT), Mme Louisa Hanoune, a considéré pour sa part «contraire à la souveraineté nationale», la présence d'observateurs étrangers, à la prochaine élection présidentielle. «La demande formulée par certaines parties en faveur de la présence d'observateurs étrangers à la prochaine élection présidentielle, constituerait, si elle venait à être satisfaite, une atteinte à la souveraineté nationale», avait déclaré Mme Hanoune, avant d'appeler à «assurer les conditions pour un scrutin qui mobilise, dans la paix, l'électorat populaire». Sur la question de la présence d'observateurs étrangers, le ministre d'Etat, ministre de l'Intérieur et des Collectivités locales, M. Noureddine Yazid Zerhouni, avait indiqué, il y a une vingtaine de jours, qu'il ne serait pas contre si une majorité de partis en faisait la demande. «Si les responsables de partis tiennent à la présence d'observateurs étrangers, pourquoi pas. Je ne dirai pas non s'il y a une demande crédible et un nombre important de gens qui les réclament», a déclaré M. Zerhouni à la presse à l'issue du vote du Plan d'action du gouvernement à l'Assemblée populaire nationale (APN). Il a cependant qualifié «d'insultant» pour l'Algérie que des responsables politiques algériens fassent appel à des étrangers, affirmant que l'Algérie «travaille dans la transparence et respecte les règles démocratiques». M. Zerhouni a assuré que le dispositif électoral mis en place assure le maximum de garanties de la transparence des élections et ne permet aucune tentative de fraude. Revenant sur la question en marge de la visite de travail du président de la République à Oran, M. Zerhouni a estimé que le dispositif électoral mis en place ne permet plus de fraude et assure le maximum de garanties de transparence à ces élections. «C'est un système de contrôle de garantie de la transparence des élections qui existe dans très peu de pays européens ou d'ailleurs, et ceci a été constaté par des observateurs que nous avons reçus à plusieurs reprises de la plupart des institutions européennes ou américaines», a-t-il souligné.