Le dossier des deux cadres de la BADR de Mila, un directeur d'agence et un chef de service, accusés dans une affaire de détournement de deniers publics, est revenu, hier, devant le tribunal criminel de Constantine après cassation d'un premier jugement par la Cour suprême qui avait condamné, en 2005, les deux accusés à 10 et 4 ans de prison ferme. Le représentant du ministère public qui avait estimé à 33 milliards de centimes le détournement commis par les deux accusés, avait requis 10 ans de prison ferme pour chacun d'eux. L'affaire, déclenchée à la suite d'une lettre ouverte assez fournie en renseignements faisant état de détournement de sommes importantes à l'agence BADR du chef-lieu de wilaya (Mila), remonte selon les expertises déposées auprès du tribunal, au début des années 2000. Et il a été constaté, à partir de cette date jusqu'à l'année 2003 des écarts énormes dans les caisses de la banque, la disparition de billets détériorés entreposés dans des sacs dans un bureau et qui devaient être retirés de la circulation, le financement dans des conditions contraires à la réglementation de 23 dossiers d'investissement, l'octroi d'un chèque de plus de quatre milliards de centimes en faveur de l'équipe locale de football, et la disparition d'une somme évaluée à 200.000 euros. Dans leurs plaidoiries les avocats de la défense ont insisté sur le fait que les prêts octroyés ont été récupérés par la banque avec des intérêts, y compris les 4 milliards octroyés au club de football local. Quant à la somme en devises, le directeur soutiendra qu'elle a été remise à la femme d'un autre cadre qui niera cette accusation lorsqu'il sera appelé à la barre en tant que témoin. La défense des accusés tentera aussi de jeter le doute sur les deux expertises établies dans le cadre de l'enquête, «qui n'ont pas passé en revue tous les comptes et n'arrivent même pas à donner un chiffre exact des sommes détournées». A l'issue de ces plaidoiries, le tribunal criminel retiendra l'accusation qui pèse sur les deux accusés, en condamnant à 7 ans de prison ferme le directeur d'agence et à 2 ans de prison ferme son chef de service.