Le tribunal pénal près la cour d'Alger a ouvert hier le dossier de l'affaire de détournement de plus de 70 milliards de centimes de l'agence Badr de Birkhadem. Parmi les 19 accusés, il y a de hauts cadres de la Badr, à savoir l'ex-président-directeur général, son adjoint ainsi que le directeur du financement agricole, le directeur du financement des grandes entreprises, ainsi que les ex-directeurs de l'agence de Birkhadem. Le principal accusé dans cette affaire est le propriétaire d'une entreprise spécialisée dans la production et la transformation du lait, en l'occurrence A. Abdennacer qui est en fuite. Les faits remontent à l'année 2001 quand le propriétaire d'une entreprise de production du lait a bénéficié d'un crédit global de plus de 70 milliards de centimes en vue d'importer des équipements. Mais l'enquête diligentée par les services de sécurité, suite à une lettre anonyme, a révélé que le mis en cause a créé une société fictive dont le siège était en Espagne pour servir d'intermédiaire et en fait de couverture pour le transfert d'argent. L'ex P-DG de la Badr (B. Y.) a nié hier devant le tribunal avoir signé l'avis favorable au crédit. Il s'est beaucoup défendu en insistant sur son absence tout le long de la procédure. “Monsieur le juge, j'étais en réunion avec le ministre des finances ce jour-là. certes, j'ai donné mon accord, mais je n'ai pas signé ; vous pouvez vérifier les PV !” Avant d'ajouter : “la deuxième fois, j'étais à l'étranger pendant 15 jours et lors de la troisième réunion j'ai demandé une garantie, ce qu'on appelle une promesse garantie et cela a été fait.” Le président du tribunal Belkharchi lui fait remarquer que le terrain en question était loué par le mis en cause et qu'il n'a jamais été sa propre propriété. De son côté, l'ex P-DG affirme ignorer la procédure. Ce qui provoqua le juge : “mais vous étiez d'accord pour le don de crédit ! Vous me dites que vous ignorez tout, alors que vous êtes le premier responsable !” l'ex P-DG se contenta de répondre “qu'il y a 7 000 employés et 3 millions de comptes bancaires et qu'il y a une décentralisation dans la gestion”. Le juge Belkharchi relèvera, ensuite, que le propriétaire a changé la première adresse de son entreprise de Dar El-Beïda à Rouiba, ce qui est strictement interdit par la loi. “Cette société a été créée en association avec deux autres personnes qui se sont retirées par la suite et elle est finalement gérée uniquement par le mis en cause, vous trouvez ça normal ?” s'interrogea à plusieurs reprises Belkharchi, se basant sur le rapport de l'IGF qui relève une “négligence” dans le traitement de ce crédit. L'ex-directeur de l'agence de Birkhadem a affirmé tout le long de l'audience qu'“il exécutait les instructions de la direction de la Badr”. Il expliqua au tribunal qu'il gérait le crédit qui était autorisé par sa direction. “je faisais le suivi seulement, tout se faisait au niveau de la direction”, ce qui poussa le président du tribunal à faire un commentaire : “mais ce monsieur doit être très épaulé ! En tout cas, il savait ce qu'il faisait et a pu détourner l'argent en Espagne !” Le mis en cause est poursuivi pour faux et usage de faux et détournement de deniers publics. Le verdict sera connu la semaine prochaine. Il y a lieu de souligner que cette affaire a été déjà traitée au niveau du tribunal d'El-Harrach et que les accusés avaient été condamnés à différentes peines et qu'elle est revenue à la cour d'Alger après le pourvoi en cassation introduit par certains accusés.