Comme de coutume, les «fêtards» n'ont pas lésiné sur les moyens pour marquer la célébration du Mawlid Enabawi. Et, comme de coutume, les produits pyrotechniques ont fait fureur. Du petit pétard au triple-canon, rien n'a été épargné aux Oranais. Une célébration qui n'a pas fait que des heureux, puisque une cinquantaine de personnes blessées par les pétards ont été admises, durant la nuit du dimanche à lundi, au niveau des différentes structures de santé. Le service des brûlés et de chirurgie plastique (pavillon 2) du Centre hospitalo-universitaire d'Oran a reçu une vingtaine de blessés, tous des enfants âgés de 6 à 14 ans. Les victimes, dont la majorité était atteinte au niveau des mains et du visage, présentaient des brûlures de différents degrés de gravité. Selon une source du pavillon 2, un enfant âgé de 6 ans résidant au quartier Médioni a été amputé de trois doigts, un pétard de gros calibre lui a éclaté dans la main. Durant la même nuit, le service des urgences médico-chirurgicales du CHU d'Oran a reçu 12 enfants blessés dans les mêmes circonstances. Ces derniers, dont l'âge varie entre 5 et 12 ans, ont été atteints au niveau des mains et/ou des pieds. Certains enfants ont été évacués vers le service des urgences de la clinique chirurgicale infantile (CCI) du CHUO. Durant la période précédant la nuit du Mawlid, le service des UMC recevait quotidiennement un à deux blessés. De son côté, le service d'urgence de la clinique ophtalmologique Hamou Boutlélis a reçu cette nuit là 09 personnes atteintes au niveau de l'oeil. Les victimes, dont l'âge varie entre 5 et 60 ans, souffraient de la simple lésion à la plaie de la cornée. « Deux blessés âgés de 30 et 17 ans, originaires respectivement de Aïn Témouchent et d'Oran, ont été hospitalisés vu la gravité de leur cas. Le premier présentait une plaie de la cornée et le deuxième un traumatisme oculaire », selon un médecin rencontré sur place. Notre interlocuteur, qui a affirmé que deux cas ont été reçus dans la matinée d'hier (un adolescent âgé de 18 et un enfant de 12 ans), n'écartait pas l'arrivée de nouveaux cas durant l'après-midi et la nuit d'hier. La même source a affirmé que son service recevait, durant les derniers jours, une moyenne d'un à deux cas par jour. « J'ai refusé de lui acheter des pétards auparavant, mais la nuit du Mawlid j'ai fini par céder. Je lui ai acheté trois petit pétards, le premier n'a pas voulu exploser, il a alors allumé le deuxième et il l'a jeté par terre avant de s'approcher pour vérifier s'il était bien allumé, il a fallu quelques secondes d'inattention de ma part pour qu'il soit blessé », nous dit un homme qui accompagnait son fils à la clinique Hamou Boutlélis. D'autre part, le service des brûlés avait reçu, durant la période précédant El-Mawlid, quelque 85 blessés dont trois enfants âgés de 4 à 7 ans et qui avaient placé des pétards allumés à l'intérieur de la bouche. En outre, et même quand elle ne provoque pas de blessures, la détonation des pétards a son lot de désagréments pour les personnes âgées et les malades chroniques. Personne n'est à l'abri de ces produits. Les enfants se mettent en groupes dans les balcons et sur les terrasses des immeubles et s'amusent en jetant les pétards sur les passants et ne réalisent pas les dangers de leur geste. La veille du Mawlid, qui a coïncidé avec la Journée de la femme, la gent féminine, qui avait investi avant-hier les rues d'Oran, était une cible toute désignée de farceurs inconscients. Des groupes de jeunes et de moins jeunes du centre-ville guettaient les femmes et lançaient sur elles des pétards allumés. Au niveau de la rue Larbi Ben M'hidi, certains n'ont pas trouvé mieux que d'user de cocktails Molotov qui étaient jetés par les balcons et terrasses des immeubles. Bien qu'interdits par la loi, les produits pyrotechniques inondent la ville chaque année à l'approche de cette fête. La direction des Affaires religieuses de la wilaya d'Oran a également condamné l'utilisation de ces produits nuisibles qui n'ont aucun lien avec cette fête religieuse. «Une pratique purement commerciale qui porte atteinte au musulman», a affirmé la même direction. Importés illégalement de Chine et de Thaïlande, ces produits sont exposés en toute impunité à des prix allant de 5 à 1.200 dinars l'unité. Et ce sont des milliards de centimes qui partent en fumée chaque année.