Poursuivant la concrétisation de son programme d'action selon ses moyens, nous dit-on, la section de Sidi Bel-Abbès du 8 Mai 45, et dans le volet réservé aux patriotes républicains qui, à l'instar d'autres forces du pays, ont refusé d'abdiquer face à l'aventurisme, l'anarchie et la démence de la barbarie de la décennie sanglante, vient d'observer un devoir d'évocation à un natif de Sidi Bel-Abbès qui a vu un des édifices de la formation professionnelle, sis dans la cité Bremer (Sidi Yacine), porter son nom pour la pérennité. Il s'agit de feu Senhadri Abdelhafid, dont une bonne partie de la vie est signalée à Oran, qui a vu également Alloua, Hasni, Fardeheb, Bekhti, Zaïter (ces deux derniers journalistes). Il n'y a pas qu'Oran, Alger, Constantine, l'Algérie profonde en sait beaucoup et il serait fastidieux de tout compartimenter. A Sidi Bel-Abbès, comme dans tout le pays, les années sus-citées sont indélébiles. D'ailleurs, toujours en ce mois de mars 1993, l'enfant de Monplaisir, intellectuel de renom et ex-ministre, le sociologue Liabès Djillali, est assassiné un certain mardi 16 mars 1993 dans la cité Ben Omar à Kouba (Alger), alors qu'il sortait de son domicile, un simple appartement, a-t-on vu à la télévision par la suite. Les mots ne suffisent pas pour décrire l'ambiance de cette période qui a engendré de nombreuses répercussions, indique notre source : la multiplication des veuves et des veufs, des orphelins et autres dégâts matériels. Et dans cette lutte contre l'innommable, des patriotes, des enfants du peuple y laissèrent leur vie. Seize ans déjà, s'exclamera-t-on certainement en évoquant le 16e anniversaire de l'assassinat d'un cadre de la nation, Senhadri Abdelhafid, dont le dernier poste occupé a été celui de directeur de cabinet du ministère du Travail, et ce après avoir exercé à la SONATIBA, à la formation professionnelle, l'Education nationale. Néanmoins, c'est en décembre 1991 que les téléspectateurs font connaissance avec lui, quelques jours après le premier tour des élections législatives du 26 décembre 1991. C'est au journal télévisé de 20 h, tant attendu et suivi dans la conjoncture de l'époque, que le journaliste présente aux téléspectateurs un jeune homme âgé à l'époque de 36 ans, très sérieux d'apparence, calme et bien serein malgré la gravité de la communication qu'il avait à faire. C'est Hafid Senhadri, le porte-parole du CNSA (Comité national de sauvegarde de l'Algérie), qui naissait cette soirée-là pour le peuple algérien. Il formulera au nom de ses membres, ceux du CNSA, la ferme résolution de défendre la République et de demander l'arrêt du processus électoral, tout en appelant la société civile à soutenir dans les faits la courageuse démarche du CNSA. Les hommes qui furent les initiateurs de ce mouvement savaient qu'ils allaient être ciblés. Ils paieront dans leur grande majorité de leur vie leur amour de l'Algérie. Le martyr Hafid Senhadri fut de ceux-là. Natif de la ville de Sidi Bel-Abbès le 26 décembre 1955, un mois de décembre bien prémonitoire, aîné d'une famille de cinq enfants dont le père, simple et modeste fonctionnaire, dut travailler dur pour en faire des universitaires. La famille habite Saint Pierre, où feu Senhadri fit sa scolarité première, indique-t-on, décrochant son bac au Lycée Lotfi. Il rejoindra Alger pour des études de sciences politiques de 1973 à 1977, militant dans le mouvement estudiantin et s'investissant dans plusieurs activités bénévoles tout en étant étudiant, notamment au sein de la radio de la chaîne III. Derrière la création de l'ANCAP (Association nationale des cadres de l'administration publique), Abdelhafid Senhadri ne cessera d'être actif, s'exprimant dans la presse... L'arrivée de Boudiaf provoque un développement de l'activité citoyenne. Hafid Senhadri est alors appelé à faire partie du Conseil consultatif, il sera également membre du Conseil parlementaire maghrébin. Ciblé par les hordes intégristes, il a été froidement abattu à Alger le 14 mars 1993. Le sacrifice de Senhadri et d'autres républicains et patriotes n'a pas été certainement vain.