Sensée apporter la solution en matière d'absorption de chômage et relancer l'activité, surtout artisanale au niveau des communes, la réalisation des locaux à usage professionnel destinés aux jeunes chômeurs justifiant un métier semble, aujourd'hui, déviée de son objectif car, en plus de la laideur de la réalisation qui fut tant décriée par le premier magistrat de la wilaya lors de ses différentes sorties sur le terrain, le choix des sites et l'appréciation du projet présidentiel est portant sur la construction de 100 locaux par commune, c'est sa distribution qui est venu couronner ce ratage qui est d'ailleurs reconnu en haut lieu. Certains projets, réceptionnés depuis quelques mois, ont été distribués mais la lecture des listes de bénéficiaires confirment les dérapages décriés ça et là par de nombreux jeunes artisans, qui avaient nourri tant d'espoir dans ces locaux pour se retrouver, aujourd'hui, hors circuit. A travers ses 32 communes, la wilaya de Boumerdès a bénéficié d'un quota de 3.200 unités, mais les initiateurs ont logé à la même enseigne, des communes de plus de 75.000 habitants à l'instar de Bordj Menaiel, Boudouaou ou Khemis El-Khechna et des petites communes de moins de 10 000 âmes telles Souk El-had, Afir ou Amel. Résultat, au niveau de ces communes on ne trouve pas preneurs. Un tour à la localité de Amal (daïra de Thénia) vous renseigne sur le gâchis de ce projet, où il faut le souligner a coûté des milliards. Les locaux sont situés dans une zone inondable, difficile d'accès et située à quelques mètres d'un oued, qui a déjà débordé lors des dernières intempéries, l'eau a atteint le mètre à l'intérieur des habitations de cette cité qui attend son relogement depuis des années. La deuxième partie du projet fut transférée en zone montagneuse, loin de tout regard et de contrôle ces locaux sont devenus un refuge pour les jeunes pour ne pas dire autre chose, comme l'affirme un jeune de la localité «cela au moins nous permet de nous réfugier, ils (les autorités) auraient pu penser à autre chose, prendre notre avis cela aurait permis de ne pas gaspiller de l'argent mais...», conclut amèrement notre interlocuteur. Dans la même daïra, à Thénia, une soixantaine de locaux ont été érigés à l'entrée ouest de la ville, pratiquement sur la chaussée, il est impossible de s'arrêter ou de se garer, en plus, ces locaux, qui ont été distribué à la mi-décembre, ont soulevé un tollé général chez les exclus. Non loin de Si Mustapha, daïra des Issers, une vingtaine de locaux a été passablement réussi au centre-ville, les deux autres sites situés «dans un coin perdu», selon l'expression d'un bénéficiaire. L'autre particularité des locaux de cette commune est que la majorité des demandeurs «souhaite» ouvrir un taxiphone. A Naciria, localité limitrophe de la wilaya de Tizi Ouzou, les locaux se trouvent encastrés dans un espace n'encourageant aucune activité, la réaction du wali devant la laideur de l'édifice fut catégorique à l'adresse des concepteurs «vous êtes sinistrés... mentalement». Ainsi, les initiateurs du projet 100 locaux par commune ont fait mauvaise lecture de ce que devait être les prémices de milliers de PME du fait que les bénéficiaires devaient au moins embaucher trois personnes, ce qui n'est guère négligeable car un petit calcul d'épicier nous donnera 9.600 postes d'emploi à créer à travers le territoire de la wilaya. Mais la réalité du terrain reste très amère, petit espoir tout de même, on a récupéré environ quatre cents locaux qui «traînaient» à travers certaines communes pour envisager de lancer un grandiose centre commercial au niveau de la localité de Boudouaou, à l'architecture moderne attrayante, mais surtout accueillante, et sur ce sujet, le premier magistrat de la wilaya s'est impliqué personnellement, il veut une réussite totale et sauver ce qui peut être encore sauvé.