La conquête du marché européen du gaz naturel par la compagnie nationale des hydrocarbures a bel et bien commencé. La société Sonatrach Gas Comercializadora (SGC), une filiale du groupe Sonatrach, est désormais autorisée à commercialiser directement du gaz naturel sur le marché portugais. «Le ministère de l'Energie portugais a délivré à SGC la licence pour la commercialisation du gaz naturel sur le marché portugais», a confié à l'APS une source proche de cette filiale. L'autorisation d'accès au marché portugais a été paraphée le 17 mars dernier. L'Algérie fournit au Portugal quelque 85% de ses besoins en gaz naturel à hauteur de 2,5 milliards de m3 par an conformément à l'accord gazier signé en 1993 pour une période de 20 ans avec l'entreprise portugaise Transgas. Ces quantités sont fournies à travers le gazoduc Maghreb-Europe mis en service en 1995 et reliant l'Algérie à l'Espagne pour desservir plusieurs autres pays de l'Europe occidentale. L'entreprise Sonatrach détient 2,035% du capital du groupe énergétique portugais «Energias de Portugal EDP». En 2007, Sonatrach et Energias ont signé un accord de partenariat stratégique couvrant les domaines du gaz naturel et de l'électricité dans la péninsule Ibérique, élargi en 2008 à d'autres régions notamment en Amérique latine. Cette nouvelle autorisation pour commercialiser le gaz naturel au Portugal, le couronnement d'une bataille juridico-politique de longue haleine, va consolider la position de l'Algérie en tant que partenaire stratégique du Vieux Continent. L'accès au marché européen du gaz naturel était difficile pour la Sonatrach en raison de nombreuses entraves mises par les gouvernements européens et destinées à maintenir le contrôle sur ce marché porteur. L'autorisation du gouvernement portugais est en réalité un premier acquis pour la compagnie nationale des hydrocarbures qui se bat ces trois dernières années pour accéder au marché européen. La Sonatrach avait réussi à amener le gouvernement espagnol à revoir sa décision de limiter le volume de gaz naturel qu'elle avait le droit de commercialiser directement en Espagne dans le cadre du gazoduc Medgaz en cours de réalisation. Cependant après cette levée d'interdiction, de nombreuses rigidités entravent encore l'accès de la Sonatrach au marché de distribution européen. D'ailleurs le ministre de l'Energie et des Mines, Chakib Khelil, a énergiquement dénoncé fin février dernier des «politiques gouvernementales» européennes qui entravent le développement à l'international de la Sonatrach. Le ministre avait estimé que la lourde fiscalité appliquée par l'Europe au gaz naturel figurait en bonne place parmi les «contraintes» imposées aux sociétés exportatrices vers le Vieux Continent. «Si on reconnaît que le gaz est plus propre que le charbon, on devrait donner un certain avantage au gaz. Les pays européens pénalisent le gaz par rapport au charbon», a-t-il affirmé. Le ministre a surtout dénoncé les difficultés d'accès au marché européen des entreprises exportatrices de gaz, comme la Sonatrach ou le russe Gazprom. «Les barrières rencontrées par des entreprises de pays exportateurs de gaz pour investir sur les marchés européens pour alimenter directement l'utilisateur final notamment industriel, au moindre coût, constituent de notre point de vue un frein à l'expansion de l'industrie gazière», a-t-il insisté. «Ces pays européens imposent des choses qui ne sont pas prévues par les lois», a ajouté Chakib Khelil.