Invités à s'exprimer sur le phénomène de la violence en milieu scolaire, les chefs d'établissements et les adjoints de l'éducation se disent parfois dépassés et impuissants face aux réactions des lycéens et des collégiens. Les élèves, quant à eux, se sentent soulagés d'être enfin écoutés par leurs encadreurs. C'est ce qui ressort du forum ouvert et organisé par une équipe d'animateurs de l'association de la médiation oranaise MEDIOR dans deux établissements scolaires à Oran, le lycée Ibn Mahrez El Wahrani et du CEM Dergham Hanifi. Intervenant dans le cadre de la semaine de sensibilisation sur la communication non violente à l'école, ces animateurs ont fait une synthèse des résultats des discussions qui se sont tenues entre les deux parties et exposé le diagnostic sur la violence fait, cette fois-ci, non pas par des experts dans le domaine mais par les participants à ce forum, acteurs principaux du système éducatif. Les élèves qui ont participé à cette rencontre étaient en confrontation directe avec les chefs d'établissement et les adjoints de l'éducation. Malgré la présence de ces derniers, explique Mme Ghomari Khadidja, membre de l'association, les élèves, lycéens et collégiens, ont pu dire leur mot en toute confiance et ce dès les premières minutes du débat. Ils n'ont ressenti aucune gène en parlant des comportements qualifiés de violents de la part de leurs enseignants et ceux commis par leurs camarades. « Insultes, intimidations, vexations entre élèves mais aussi entre élèves et enseignants ou surveillants, bagarres, blessures et détérioration du matériel scolaire par les élèves », la prévalence des manifestations violentes à l'école inquiète et les élèves prennent de plus en plus conscience de l'ampleur de ce phénomène. S'exprimant lors des débats, «les élèves nous ont dit en clair, explique Mme Ghomari, [qu'ils étaient] concernés par la violence et [qu'ils étaient] gênés par ce qui se passe à l'école». Les causes de cette violence telles que définies par les lycéens et collégiens sont multiples. L'équipe des animateurs en a relevé plusieurs dont le nombre de plus en plus important d'élèves en échec scolaire qui perturbent les cours, les programmes chargés, les vexations et les humiliations de la part des professeurs et des surveillants, le favoritisme de certains enseignants en fonction du niveau social de l'élève, ce qui crée un sentiment d'injustice chez l'élève, le manque de communication à tous les niveaux. Cependant, à aucun moment, les élèves n'ont fait allusion à des causes familiales pour expliquer le phénomène de la violence à l'école contrairement aux membres de l'administration qui citent cette cause en premier et expliquent que « les familles ne remplissent plus le rôle éducatif et ne transmettent plus les valeurs morales et les principes de bonne conduite à leurs enfants ». Les éducateurs relèvent aussi la difficulté d'avoir de l'autorité sur les élèves en échec scolaire et qu'ils sont obligés de maintenir dans les établissements scolaires suivant les directives du ministère de l'Education. Selon Mme Ghomari, les adjoints de l'éducation se sont plaints de cette situation et de l'absence d'une prise en charge spéciale de ces élèves qui ont perdu le goût des études. Comme solution, les participants ont proposé d'alléger les programmes scolaires et d'orienter les élèves en rupture scolaire vers des centres de formation professionnelle pour permettre aux autres élèves de poursuivre leur scolarité sereinement. La responsable de l'association MEDIOR a insisté, pour sa part, sur la formation à la gestion des conflits et à la communication du personnel éducatif qui est intégré directement dans la vie professionnelle sans aucune formation dans ce sens.