Presque vingt ans après, la pénible affaire Belloumi est enfin réglée. Pourquoi tout ce temps pour clôturer une affaire qui avait, en son temps, tourné à une mini-crise diplomatique entre l'Algérie et l'Egypte ? On se rappelle que juste après le match joué et perdu contre les Pharaons égyptiens (0-1), au mois de novembre 1989, pour le compte des éliminatoires de la coupe du monde 1990, Lakhdar Belloumi, le stratège de l'équipe nationale, avait été pratiquement soustrait à la police égyptienne et embarqué dans l'avion d'Air Algérie. Ce qui était une bonne chose, car si c'était un vol d'Egypt Air, nul doute que le ballon d'or africain de 1980 aurait été arrêté et emprisonné. En fait, la sélection nationale, passablement énervée et provoquée après sa défaite, et son élimination de la coupe du monde, est rentrée «dare-dare» à l'hôtel. Un incident regrettable coûtera un oeil à un médecin, qui se trouvait près d'un groupe de joueurs algériens, atteint par un éclat de verre. Immédiatement, il accusera Belloumi d'être l'auteur de l'agression, alors que le stratège algérien n'était pour rien dans cet incident, qui va provoquer des années de tension (sportive) entre les deux pays. Les autorités égyptiennes voulaient, durant ces années là, juger Belloumi, le mettre en prison, avec en sus une amende de 3 millions d'euros. Depuis, les responsables sportifs algériens avaient tenté de sensibiliser leurs homologues égyptiens sur ce dossier, d'autant que la justice égyptienne avait saisi Interpol, qui avait lancé à son tour un mandat d'arrêt international contre la star du football algérien des années 80. C'était, pour Belloumi, une sanction très dure. Depuis, il ne pouvait plus quitter le territoire national pour recevoir des distinctions internationales ou aller à la Mecque. Un drame, un véritable cauchemar que cet homme aura ainsi enduré, sans jamais se plaindre, sauf lorsqu'il saisira le chef de l'Etat sur son cas. Mardi, un communiqué commun des comités olympiques algérien et égyptien annonce, enfin, la bonne nouvelle. C'est, on l'imagine, une délivrance pour Lakhdar. Mais, avant cela, il y a eu des gestes, des signes d'apaisement entre deux pays amis qui se respectent, entre deux présidents qui ont mis tout leur poids dans ce dossier pour qu'il soit clôturé. Pour que les sportifs, les footballeurs des deux pays ne puissent vivre sans cesse avec ce handicap moral sur la conscience. Assurément, les deux chefs d'Etat ne sont pas étrangers à ce geste ultime du Dr. Ahmed Abdelmouneim Ahmed Abdelhadi, qui a tout simplement abandonné sa plainte contre Belloumi. Une réunion de réconciliation s'est tenue mardi dernier au Caire, entre les Présidents des comités olympiques algérien, M.Mustapha Berraf, et égyptien, le général major Mounir Thabet, ainsi que le Dr. Abdelmouneim. Selon quelques indiscrétions, c'est en fait le président Bouteflika en personne qui aurait saisi son homologue égyptien, Hosni Moubarak, pour mettre un terme à cet épisode malheureux des relations sportives entre les deux pays. Un geste qui intervient dans une double conjoncture : d'une part, en pleine campagne électorale pour les présidentielles du 9 avril prochain, et à quelques encablures d'un match capital pour les sélections de football des deux pays, que le hasard du tirage au sort du 3è et dernier tour des éliminatoires combinées pour la CAN et la coupe du monde 2010 a mis dans le même groupe C. Mais, d'ici le mois de juin, dégustons cette annonce heureuse, qui met du baume dans le coeur de tous les «afficionados» du meilleur sportif africain en 1981. Mardi dernier au Caire, le Dr. Abdelmouneim apposait sa signature sur une lettre, en présence des deux présidents des comités olympiques algérien et égyptien, dans laquelle il «informait le procureur général du Caire de son désistement de tous ses droits et des poursuites prononcées contre Lakhdar Belloumi», selon un communiqué des deux comités olympiques. En outre, le Dr. Abdelmouneim a signé un accord de réconciliation et d'annulation de toutes poursuites civiles et pénales avec M.Berraf, président du COA, et représentant de M.Belloumi. L'affaire Belloumi est, ainsi, définitivement réglée. Entre Gentlemen, même si c'est 20 ans après. Des questions demeurent, toutefois. Pourquoi maintenant, même s'il n'est jamais trop tard pour bien faire ? Pourquoi celui qui est à la base de tout cela n'a-t-il jamais tenté d'expliquer ce qui s'est vraiment passé cette nuit là dans un hôtel du Caire, alors que Lakhdar se trouvait dans sa chambre ? Pourquoi la FAF et la FEF n'ont jamais tenté depuis cette dramatique soirée pour Belloumi et le Dr.Abdelmouneim, victimes de la bêtise humaine, de trouver une issue rapide à un faux problème qui a envenimé des relations - footballistiques - jamais au beau-fixe ? Pourquoi, pourquoi... maintenant que les deux équipes se retrouvent, une fois encore, dans le même sac pour se disputer une si difficile 1ère place qualificative au Mondial sud-africain ? Et, des fois, quand la nostalgie du temps qui passe est très forte, on se met à chanter «hier j'avais vingt ans» ?