«Les ports et les aéroports sont à surveiller de très près. Des caméras infrarouges doivent être installées afin de détecter tout syndrome de fièvre chez les voyageurs. Au moindre cas suspect, des tests sérologiques suivis de la recherche du virus grippal A/H1N1 doivent être effectués. La contamination par le sanglier, un mammifère proche du porc, est possible. Le Tamiflu est un traitement efficace », explique au Quotidien d'Oran un vétérinaire algérien exerçant en Allemagne. À ce jour, aucun cas de grippe porcine, désormais appelée grippe A (H1N1), n'a été avéré sur le territoire algérien, a rassuré le ministère de la Santé. « Face à la propagation de cette épidémie dans le monde, il faut être très attentif à l'évolution de la situation, sans pour autant céder à la panique. La maladie est due à un nouveau virus grippal, H1N1, d'origine porcine. La transmission interhumaine n'a, pour l'instant, pas été confirmée officiellement mais elle reste possible. Le phénomène est épidémique mais parler de pandémie est prématuré », explique le même vétérinaire. Une cellule de crise est activée au niveau du ministère de la Santé. Les autorités sanitaires ont décidé hier de relever le niveau d'alerte à la phase 5 sur une échelle de 6. A en croire certains acteurs du monde de la Santé, l'Algérie semble être armée pour faire face à l'apparition éventuelle de la grippe A/H1N1 sur son territoire. Le niveau de vigilance s'est accru. Concrètement, les autorités sanitaires conseillent le lavage soigneux et régulier des mains et aération des pièces de la maison, pas de contact avec les personnes malades, consulter un médecin en cas de fièvre ou de symptômes grippaux (courbatures, douleurs musculaires). Les comprimés de Tamiflu et de Relenza sont destinés à être pris une fois le virus contracté. Principe de précaution oblige, le ministère de la Santé a décidé de «mettre en oeuvre les mesures sanitaires prévues au titre de la phase 5 qui correspond, selon la terminologie de l'OMS, à une transmission interhumaine du virus dans un grand groupe de cas, à une propagation élargie d'un virus qui s'adapterait de mieux en mieux à l'homme et à un risque pandémique important», a précisé un responsable du ministère de la Santé, cité jeudi par l'agence APS. Ces mesures visent à «limiter les risques d'importation du nouveau virus en Algérie» et de «détecter le plus précocement possible l'arrivée sur le territoire des premiers cas d'infection humaine pour mettre en place les premières mesures et stopper ou ralentir la transmission locale», a ajouté le ministère. Sur la base de recommandations d'un groupe d'experts installé dès le début de la crise, le ministère de la Santé a mis en alerte tous les services de contrôle sanitaire aux frontières (ports, aéroports et frontières terrestres) pour identifier tout cas suspect. Des prospectus d'information sur la grippe porcine sont distribués aux passagers arrivant en Algérie ou quittant le territoire national, a expliqué une source du ministère de la Santé. Un plan anti-pandémie grippale Les autorités sanitaires disposent d'un stock suffisant en traitement antiviral, de l'ordre de six millions cinq cent mille boîtes et disposent de seize millions de masques et neuf cent cinquante-cinq mille lunettes de protection. Le ministère de la Santé a révélé qu'il a décidé d'acquérir des quantités supplémentaires de médicaments antiviraux et de masques. Le ministère de la Santé a prévu la prise en charge médicale de chaque cas au niveau de la structure de santé de référence de proximité, sur la base de «la pratique systématique des prélèvements virologiques nécessaires et le suivi par l'équipe médicale d'intervention préalablement ident- ifiée et dotée de tous les moyens de protection nécessaires». Cette prise en charge s'effectue également sur la base du «recours à un transport sécurisé par ambulance équipée», au niveau de la structure de santé de référence en cas d'hospitalisation, et de «la mise en oeuvre précoce du traitement antiviral et des soins nécessaires selon les protocoles arrêtés». Ces mesures consistent en le renforcement des mesures de surveillance avec déclenchement, si nécessaire, d'enquêtes épidémiologiques par les services concernés du ministère, «afin d'identifier la chaîne de transmission et de prendre les mesures de contrôle les plus adaptées : mesures de prophylaxie et d'isolement». Par ailleurs, l'ambassadeur d'Algérie au Mexique, M. Merzak Belhimer, a rassuré jeudi les familles des ressortissants algériens résidant au Mexique, qu'aucun membre de la communauté n'a été atteint du virus de la grippe porcine. La communauté algérienne dans toute l'Amérique centrale ne compte que 170 personnes. Les transports, surtout aériens, favorisent grandement la propagation. Le Mexique est loin mais l'Espagne est très proche : treize cas ont été confirmés en pays ibérique. Tous les services de contrôle sanitaire aux frontières - ports, aéroports et voies terrestres - sont en alerte pour identifier tout cas suspect. La contamination se fait par voie respiratoire. Les premiers symptômes apparaissent sept jours après la contamination. Les symptômes sont semblables à ceux de la grippe classique : fièvre élevée, toux, éternuements, gêne respiratoire, baisse de l'appétit, courbatures. Depuis l'apparition de la grippe aviaire dans plusieurs pays en 2004, l'Algérie s'est dotée d'un plan anti-pandémie grippale « applicable à toute souche grippale, quelle qu'en soit l'origine », souligne au Quotidien d'Oran un responsable au ministère de la Santé. Par exemple, si des cas avérés de transmission interhumaine sont détectés en Algérie, le plan préconise, entre autres, l'instauration d'un contrôle de la circulation et la fermeture locale des crèches et des écoles, afin de confiner le virus dans les zones atteintes. La grippe de type A/H1N1 se propage partout dans le monde. Le nombre total des pays où le virus a été décelé est de douze. L'Organisation mondiale de la Santé (OMS) a confirmé hier 331 cas de grippe porcine dans le monde, comprenant notamment 109 cas aux Etats-Unis dont un mort, ainsi que 156 cas au Mexique dont 9 mortels. Le continent africain est à son tour touché avec deux cas suspects en Afrique du Sud, chez des personnes de retour du Mexique. Les Etats-Unis (109 cas confirmés) ont enregistré un premier décès sur leur sol : un enfant mexicain atteint qui était venu se faire soigner au Texas. Dans cet Etat comme en Californie, l'état d'urgence a été décrété. Quelque 300 écoles ont fermé jeudi dans plusieurs Etats sur les quelque 100.000 que compte le pays. Toujours en Amérique du Nord, 34 cas avérés ont été découverts au Canada. Le Costa-Rica, avec deux malades, est le premier pays d'Amérique centrale à être touché. Le Chili a placé 24 personnes sous surveillance, la Colombie 59 dont 10 « de manière très étroite ». Au Brésil, 20 personnes sont en observation. En Océanie, la Nouvelle-Zélande a recensé 3 cas confirmés et 13 « probables », pour un total de 136 cas suspects. Les autorités australiennes, qui enquêtent sur 114 cas, recherchent 22 de leurs ressortissants ayant emprunté le même vol que les Néo-zélandais contaminés. En Europe, l'Allemagne compte quatre cas avérés. La Grande-Bretagne compte huit cas confirmés et 76 cas suspects. Un premier cas humain a été confirmé en Suisse, 26 cas sont suspects au total dans huit cantons de ce pays. L'Autriche et les Pays-Bas ont également confirmé un cas. Des patients sont en observation au Danemark, en Suède, en Grèce, en République tchèque, en Italie, en Irlande, en France, en Suisse, en Belgique, en Pologne. Au Proche-Orient, Israël a confirmé deux malades. En Asie, on compte un cas probable et 5 cas suspects en Corée du Sud, et 4 à Hong-Kong.