Le groupe pétrolier italien ENI a, face aux crises cycliques des prix du brut, proposé la création d'une agence internationale du pétrole afin de stabiliser les prix du brut. Courageuse, car défendant autant les intérêts des pays producteurs jusque-là occultés par les pays industrialisés, que ceux des pays consommateurs, cette proposition a été faite par le directeur général du groupe pétrolier italien ENI, Paolo Scaroni. «Cette agence, qui fonctionnerait comme un fonds de compensation, aura comme objectif de stabiliser les cours du brut et rémunérer les pays producteurs lorsque les cours baissent trop», a-t-il dit. Selon cette proposition, l'agence gérerait un fonds de stabilisation qui assurerait un niveau minimum de revenus pour les pays producteurs lorsque les prix descendent trop. Une telle agence pourrait également réguler et coordonner la gestion des stocks pétroliers et des capacités de production prêtes à l'emploi en cas de hausse subite de la demande, à un niveau mondial. Une agence internationale de régulation et de stabilisation des prix du brut est devenue ainsi pour les pays producteurs et les groupes pétroliers des pays du G8 une nécessité, sinon une éventualité à examiner dans le contexte économique actuel marqué par une forte dépression. Et donc une érosion des cours et des pertes financières sèches énormes. C'est lors de la réunion du Groupe des plus grands pays industrialisés (G8) sur l'énergie à Rome que le patron d'ENI a fait cette proposition qui aurait reçu un accueil plus ou moins favorable. Plus concrètement, les producteurs estiment que le cours du brut, un bon prix, devrait se situer entre 60 et 70 dollars, comme cela avait été souligné par les pays OPEP. Un prix «raisonnable» du baril de pétrole, qui permettrait de ne pas pénaliser les investissements, devrait se situer entre 60 et 70 dollars, a estimé le président du groupe pétrolier italien ENI, Roberto Poli. «Quel que soit le futur de l'énergie que nous avons en tête, il sera strictement dépendant des prix du pétrole», a déclaré M. Poli devant les ministres de l'Energie du G8 réunis jusqu'à lundi à Rome avec leurs homologues de grandes puissances émergentes et de pays producteurs, dont l'Algérie. «La persistance des grandes incertitudes liées au prix du pétrole pourrait perturber le secteur de l'énergie tout entier, bloquant les investissements traditionnels et dans les sources alternatives» dont le nucléaire et les renouvelables, a poursuivi M. Poli. «Il n'y pas de formule magique» pour définir un prix du baril «raisonnable» mais, selon M. Poli, «60-70 dollars le baril pourrait être d'un prix raisonnable». Cette réunion sur l'énergie du G8 intervient à quelques jours de la conférence ministérielle de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (OPEP) à Vienne. D'ores et déjà, il est presque acquis que les discussions des ministres de l'OPEP ne seront pas orientées vers une baisse de la production de l'organisation, mais sur des questions liées à la maîtrise du marché, les prix du brut et le respect des quotas de production, qui seraient évalués à 80% par le ministre saoudien du Pétrole, Ali Nouaimi. Selon M. Chakib Khelil, qui a participé à la réunion de Rome, l'OPEP devrait maintenir inchangés ses quotas de production lors de la rencontre de Vienne. »Nous avons intérêt à ce que l'économie mondiale reprenne et je pense que maintenir le statu quo va aller dans ce sens», a indiqué le ministre algérien de l'Energie et des Mines. «Maintenir le statu quo, vu que les prix augmentent, c'est une solution qui est sage. Pourquoi rompre le cycle de croissance que nous voyons déjà pointer à l'horizon», a estimé M. Khelil. Le quota de production actuel de l'OPEP est de 28,84 millions de barils/jour (MBJ), et a retiré du marché en trois phases 4,2 MBJ au mois de décembre dernier. Selon M. Khelil, les prix du brut devraient boucler l'année 2009 entre 60-65 dollars/baril, et puis jusqu'à 70 dollars/baril en 2010, avec le début escompté de la reprise économique. Mais, pour encourager les investissements (des pays producteurs), il faudrait des prix allant de 70 à 90 dollars/baril. Et les prix actuels «n'encouragent pas le développement de nouvelles réserves», selon le ministre algérien, qui répond en quelque sorte aux inquiétudes des pays industrialisés sur une flambée des prix au moment de la reprise économique induite par une réduction des investissements dans le secteur pétrolier.